Qui seraient les liquidateurs en cas d’accident en France?

Avec 58 réacteurs répartis sur 19 sites, la France est obligée de se préparer à toute éventualité, y compris celle de l’accident nucléaire. Comme le Japon, la France a formé des équipes d’intervention qui seraient amenée à intervenir en toute urgence en cas de risque de catastrophe. Qui seraient les « liquidateurs » français en cas d’accident nucléaire?

 

Si une centrale française devait subir un accident, l’exploitant serait le premier à réagir via un plan d’urgence interne. Suivraient les secours mobilisés à l’échelle départementale ou, en cas de besoin, par la zone de défense (groupement de régions) et par l’État.  Dès les premiers stades d’une opération, telle que le Plan particulier d’intervention (PPI), établi par les préfectures pour chaque site dangereux, le gouvernement prendrait probablement la direction des opérations, via la cellule interministérielle de crise du ministère de l’Intérieur.

De nombreux intervenants seraient exposés. Des équipes de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN), des employés de l’exploitant, des pompiers spécialisés et des spécialistes privés, notamment ceux du GIE Intra, un groupement inter-entreprises créé par des acteurs français du nucléaire. Toutes ces équipes, formées « à froid » (en prévision des risques), sont « médicalement suivies » et « conscientes des risques », selon l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN). Chacun est autorisé à recevoir des doses de radiation supérieures à celles des autres travailleurs : jusqu’à 100 millisieverts (mSv) pour une intervention. Si la vie de personnes est en jeu, cette limite peut être repoussée à 300 mSv, voire plus en cas de situation exceptionnelle, comme un accident nucléaire. À Fukushima, le taux était de 400 mSv mardi.

Les travailleurs du nucléaire, en temps normal, sont autorisés à recevoir 20 mSv. Des symptômes graves apparaissent à partir de 1 000 mSv. Si une intervention risquée peut sauver de nombreuses vies, alors l’exposition doit avoir lieu. L’exposition radiologique peut être « optimisée » en la répartissant entre les intervenants, c’est-à-dire en renouvelant régulièrement les équipes sur le terrain. Si une sécurisation de la zone est nécessaire, avec le blocage des routes notamment, les membres non spécialisés des forces de l’ordre sont sensibilisés et ne peuvent recevoir plus de 10 mSv.

Les moyens français d’intervention en zone contaminée sont très divers. Les militaires sont les mieux équipés, avec notamment le 2e régiment de dragons de Fontevraud. Cette unité est amenée à intervenir en cas d’attentat, mais serait mobilisable pour un accident dans une centrale. Elle dispose de véhicules blindés spécialement équipés pour pénétrer en zone radioactive et effectuer des relevés et des analyses, ainsi que de véhicules de décontamination et des tenues de combat NRBC. Les pompiers de Paris et les marins-pompiers de Marseille, militaires eux aussi, disposent de moyens pour des interventions ciblées.

Les zones de défense (groupements de régions) disposent toutes de kits permettant à quelques centaines de gendarmes formés d’intervenir en milieu contaminé, notamment pour le maintien de l’ordre parmi les personnes atteintes par exemple. Concernant les secours, certains services départementaux d’incendie et de secours (SDIS) disposent de cellules mobiles d’intervention radiologique (CMIR) et de lots d’urgence. Environ 70 chaînes de décontamination sont réparties à travers l’Hexagone, afin de traiter les personnes contaminées.

 

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