décentralisation énergie

« La décentralisation est la clé de la transition énergétique »

Corinne Lepage s’inquiète des débats présidentiels à venir sur les questions énergétiques. Pour l’ancienne ministre, l’État a un rôle majeur à jouer dans la transition énergétique et cela passe par la décentralisation. Interview.

Qu’attendez-vous de la campagne présidentielle sur les questions de politique énergétique ?

J’attends des prises de position claires et surtout réalistes. Pour l’instant, certains ont des visions relativement claires mais totalement déconnectées de la réalité. Lors de la primaire de la droite, les propositions étaient dans le déni le plus total des difficultés du secteur nucléaire. Je pense que le débat des primaires de la gauche n’apportera malheureusement rien non plus sur cette question. Et j’ai bien peur qu’il n’y ait pas de vrai débat sur les choix énergétiques, alors que ces derniers sont les choix les plus structurants à réaliser.

 Quels sont les axes à privilégier pour accélérer la transition énergétique ?

Je considère que la décentralisation énergétique est la clé. A la fois pour donner du pouvoir mais également pour dynamiser l’économie des territoires. De la région aux intercommunalités en passant par les départements et les communes, il faut que les collectivités territoriales puissent avoir les moyens de devenir productrices de leur propre énergie. Quand vous consommez de l’électricité très près du lieu de sa production, vos pertes sont beaucoup moins importantes. C’est à mes yeux le bon sens qui doit à présent guider les pouvoirs publics dans le processus d’accélération de la transition énergétique.

L’État doit donc être, selon vous, le facilitateur de la transition énergétique ?

Tous les acteurs sont prêts, la société est prête, les collectivités et les entreprises le sont aussi. C’est en effet désormais à l’État de faciliter les choses, d’alléger les règles. En 2015, dans un rapport collectif que j’avais remis à la ministre de l’Environnement, nous avions estimé que l’État avait les moyens de s’inscrire dans cette troisième révolution industrielle en marche. Il peut et surtout doit encourager les acteurs économiques à innover, à proposer de nouvelles solutions. Il doit aussi élargir l’accès des marchés publics aux start-up ayant des externalités positives. Sans oublier que la Banque publique d’investissement peut également venir en appui de projets innovants. La France fourmille d’excellentes idées et de ressources ! Je pense par exemple à cette petite entreprise parisienne qui a développé des arbres éoliens pour pourvoir en électricité des petits quartiers urbains. Un projet, parmi tant d’autres, salvateur !

La France peut-elle rattraper son retard sur ses objectifs d’énergies renouvelables ?

Non. Nous ne serons pas capables d’atteindre l’objectif de 23% fixé pour 2020 par l’Union européenne. Je pense qu’il faut commencer par intégrer les externalités dans le prix de l’énergie que nous ne payons pas à son juste prix en France et en Europe. Quand vous savez que le charbon est moins cher que le gaz alors même qu’il est plus émetteur de C02… C’est pour cela que nous avons besoin d’établir une vérité sur les prix. La mise en place d’une taxe carbone peut représenter un véritable levier.

Qu’apporterait justement une taxe carbone ?

Une taxe carbone apporterait rétablirait la vérité économique des prix de l’énergie. On ne peut pas à la fois dire que la question climatique est une question majeure et ne pas l’institutionnaliser en termes économiques et financiers. La France y arrivera tôt ou tard, elle suivra les pays européens qui s’y sont mis.

 L’élection de Donald Trump a visiblement donné un mauvais signal dans la lutte contre le réchauffement climatique. N’avez-vous pas peur que ce sujet devienne secondaire pendant la campagne présidentielle française ?

Ce qui est intéressant c’est de voir la réponse que la société américaine est en train de mettre en place en réaction aux déclarations de Donald Trump. A commencer par les Etats eux-mêmes qui commencent à se réapproprier les questions énergétiques. D’autre part, vous avez une fronde des entreprises de la nouvelle économie. Sur la question du réchauffement climatique, l’élection de Trump est finalement peut-être un mal pour un bien. En France, à l’occasion de la campagne présidentielle, le sujet sera peut-être secondaire dans les paroles mais ne pourra l’être dans la réalité, parce ce que l’énergie est le sens de l’économie. Le prochain président a une lourde responsabilité quant à sa politique de transition énergétique.

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