Rachat d’Uramin : Anne Lauvergeon placée sous le statut de témoin assisté

L’ancienne patronne d’Areva, Anne Lauvergeon, a été placée sous le statut de témoin assisté dans l’un des volets de l’enquête sur le rachat controversé de la société minière canadienne Uramin en 2007, a appris l’AFP mercredi 26 juillet de sources concordantes.

Areva avait déboursé 1,8 milliard d’euros pour acquérir Uramin, mais l’exploitation de ses trois gisements africains s’était révélée beaucoup plus difficile que prévu et l’opération s’était transformée en gouffre financier. Fin 2011, six mois après le départ d’Anne Lauvergeon, le groupe avait inscrit dans ses comptes une provision de 1,5 milliard d’euros sur la valeur de la société minière.
L’affaire est au coeur de deux informations judiciaires.
Dans le volet comptable, « Atomic Anne », à la tête d’Areva de 2001 à 2011, a été mise en examen, en mai 2016, ainsi que deux ex-responsables, soupçonnés d’avoir présenté des comptes inexacts pour masquer l’effondrement de la valeur d’Uramin.

L’autre enquête porte sur des soupçons d’escroquerie et de corruption lors de l’acquisition de la compagnie minière. Entendue le 29 mars dans ce volet, l’ex-conseillère de François Mitterrand a été placée sous le statut de témoin assisté, les juges d’instruction considérant qu’il n’existait pas à ce stade d' »indices graves ou concordants » justifiant sa mise en examen.
« Uramin était la seule junior accessible financièrement » à l’époque, a relevé Anne Lauvergeon, d’après une source proche du dossier, ajoutant que son groupe devait élargir ses sources d’approvisionnement « pour satisfaire les besoins de ses clients », et que la société canadienne « permettait de diversifier les risques politiques » d’Areva en Afrique.
Elle a aussi justifié l’intérêt de l’opération par rapport aux engagements pris avec la Chine, Pékin ayant posé à l’époque comme condition à l’achat de réacteurs EPR l’entrée au capital de mines gérées par des entreprises françaises.

Interrogée sur d’éventuelles commissions versées au clan de l’ex-président sud-africain Thabo Mbeki, Anne Lauvergeon a assuré que l’opération n’était « en aucune façon » liée à de tels versements.
La Cour des comptes, à l’origine d’un signalement en 2014 qui avait déclenché l’enquête, avait mis en avant le coût de l’acquisition – » à un prix environ cinq fois supérieur » à celui demandé un an plus tôt, lors d’une précédente négociation- et fustigé des « investissements hâtifs » par rapport à la connaissance des gisements.

Des géologues avaient ensuite relevé devant les enquêteurs que l’opération suscitait de nombreuses réserves à l’époque, notamment en raison des difficultés à exploiter les sites. « Ils ne sont pas des spécialistes de la commercialisation ni des acquisitions (…) On s’est entouré de tous les conseils », a assuré l’ex-patronne.
Les magistrats s’interrogent aussi sur le rôle central joué par un financier belge, Daniel Wouters, recruté en 2006 par Areva, dans le rachat d’Uramin. L’enquête a révélé que ce dernier entretenait dès 2008 des liens à travers l’une de ses sociétés, Swala, avec les actionnaires de la société canadienne.
Les liens entre Daniel Wouters et Olivier Fric, le mari d’Anne Lauvergeon, sont au coeur des investigations.
Ce dernier est mis en examen dans cette affaire, soupçonné d’avoir spéculé sur le titre Uramin au moment de son rachat, en profitant d’informations privilégiées, et d’en avoir tiré près de 300.000 euros de bénéfice.
Interrogée sur ce point, Anne Lauvergeon a indiqué n’avoir « jamais ramené de travail à la maison », ajoutant qu’elle avait certes sollicité son mari pour le recrutement de M. Wouters mais que les deux hommes ne s’étaient jamais rencontrés avant l’embauche de ce dernier.

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