Flambée du gaz et de l’électricité: les industriels proposent des pistes de réforme du marché européen

Plafond européen au prix du gaz, tarifs « d’adaptation à la crise » et contrats à long terme: les industriels français gros consommateurs de gaz et d’électricité ont proposé mercredi cinq mesures pour réformer le marché européen de l’énergie, une « urgence vitale » selon eux, pour sortir de la crise.

Devant la flambée historique des factures de gaz et de l’électricité, « produire ne sera bientôt plus une option », estime dans un communiqué l’Uniden.

Cette association regroupe les industriels français de l’aluminium, de l’acier, des minerais, ciment, matériaux de construction, verre, papier, pétrochimie, chimie, automobile, électronique, transports et agro-alimentaire, soit plus de 70% de la consommation d’énergie de l’industrie en France.

Selon ces industriels, la complexe réforme sur laquelle les pays de l’Union européenne doivent commencer à plancher le 9 septembre lors d’une réunion d’urgence des ministres de l’Énergie doit s’articuler autour de cinq priorités.

D’abord, sortir de la règle européenne qui veut que le plafond du prix « spot » (au comptant, ndlr) de l’électricité soit automatiquement relevé dans l’ensemble des États membres dès lors que ce prix s’en approche « ne serait-ce qu’une seule heure et dans un seul pays ». « Cette spirale infernale ne pose aucune limite à la spéculation », affirment les industriels.

Ils souhaitent aussi l’instauration d’un « plafond européen au prix du gaz, alimenté par une taxe, faible mais générale sur toutes les transactions énergétiques, acquittée par les fournisseurs et tous les intermédiaires de marché, servant, via une caisse de compensation européenne, à compenser l’écart par rapport aux prix internationaux ».

Ils demandent la possibilité juridique aux États membres qui le souhaitent de réguler le marché de gros par l’instauration de « tarifs d’adaptation à la crise (Tarac) », pour protéger les consommateurs contre des prix de marché « décorrélés des coûts de production », générant « des profits indus » d’un côté et de l’autre « une destruction de la demande par l’inflation ».

Les industriels souhaitent également que les contrats d’approvisionnement à long terme soient facilités.

Enfin, ils prônent la conception d’un nouveau marché « hybride » pour la fourniture en gros de l’électricité en Europe, tenant compte à la fois de la moyenne des investissements et des coûts de production décarbonée (nucléaire, hydraulique, renouvelables) et d’un marché « spot » construit, comme actuellement, sur les coûts de la dernière centrale appelée pour assurer l’équilibre du système électrique dans les 27 pays et empêcher un blackout.

Se félicitant que les Européens aient démontré dans la crise ukrainienne « leur capacité à adopter en urgence des dispositifs de crise », le président de l’Uniden, Nicolas de Warren estime que la réforme du marché européen de l’électricité peut être « la pierre angulaire de la performance industrielle » de l’Europe, comme l’avait été en 1951 la mise en commun du charbon et de l’acier (CECA), constituant les fondements de l’Union européenne.

commentaires

COMMENTAIRES

  • 1/Personne ne saura dans cet article qui s’est historiquement opposé politiquement à l’ouverture à la concurrence de l’énergie sur les bancs de l’assemblée nationale en France et du parlement européen…
    2/ Les capitaux privés et autres actionnaires soutenaient avec les maastrichiens à l’époque l’économie de marché capitaliste de l’énergie et de l’électricité.
    Tant que tout va bien pour eux privatisation des profits et sinon, socialisation, mutualisation, mise en commun(isme) des pertes…

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  • C’est 1997 que cela a démarré et les patrons comme vs dites n’étaient pas pour, du moins ce que je connaissais ds l’agroalimentaire, ils parlaient d’un machin qui ne servait à rien !
    Maintenant s’il n’ y a plus d’industrie cela ira peut être mieux (on en est pas loin encore un effort) !

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    • Monsieur.
      Je ne dis jamais patron, parce que ça ne veut rien dire. Autoentrepreneur, artisan, pme, etc… est-ce comparable avec un pdg d’un grand groupe ?
      Lequel reste salarié et soumis aux stratégies d’actionnaires et autres fonds de pensions….
      Le principe de la libéralisation de l’économie est acté en 1992 avec le Traité de Maastricht : la concurrence libre et non faussée, la libre circulation des capitaux, des marchandises, des biens et des services, le rôle de la BCE…
      Même si la théorie de D. Ricardo sur les avantages comparatifs justifiant la désindustrialisation et les délocalisations sur fond de dumping social, environnemental, fiscal, s’applique à partir des années 70 avec accélération années 80, 90….
      C’est pour cela que le « capitalisme décarboné » n’existe pas. Puisque comme disait Marx : »Le capitalisme se développe en épuisant les deux sources de toute richesse, la terre et les hommes. »

      Cordialement

      Répondre
  • je ne sais pas ce qu’est le capitalisme décarboné et Marx n’est pas ma tasse de thé.

    Répondre
  • Jean-Marc Jancovici
    2 sem.

    Il a occupé des fonctions de dirigeant dans le conseil en stratégie, la finance, la bourse, et préside le « Belgian Finance Center », qui a pour objet de promouvoir la place financière belge.

    « Il », c’est Bruno Colmant, dont on peut donc dire, sans que cela ne comporte le moindre jugement de valeur, qu’il a baigné pendant l’essentiel de sa vie professionnelle dans la mondialisation et le « capitalisme néolibéral ».

    En effet, les clients des « grands cabinets de conseil en stratégie » sont essentiellement des multinationales, en général ravies de l’existence du capitalisme libéral mondialisé, puisque qu’elles tiennent le haut du pavé dans ce système.

    De même, sans « capitalisme néolibéral », les institutions financières feraient de moins bonnes affaires, car il n’y aurait pas de marchés financiers aussi développés !

    Il est donc pour le moins inattendu que ce soit ce genre de profil qui signe une tribune dans « La Libre Belgique », où elle condamne on ne peut plus clairement la logique de ce système, allant même jusqu’à comparer notre situation (face aux périls environnementaux) à celle de 1937, où les signaux d’alarme se multipliaient sans que personne n’agisse à la mesure de la menace qui devait mettre l’Europe à feu et à sang peu après.

    Invoquant – positivement – Meadows (c’est rare pour un acteur des marchés financiers, je peux en témoigner !), René Dumont et Pie XI, et soulignant – très négativement cette fois – les risques « d’hystérie mondiale » et de perte de contrôle qui nous menacent à un horizon pas si lointain si nous ne savons pas relever le défi environnemental, l’auteur appelle à oublier d’urgence Adam Smith et la religion des marchés. Pour en rajouter une couche sur ce sujet, on peut lire ou relire le pamphlet croustillant de Stephane Foucart « Des Marchés et des Dieux » : https://bit.ly/3Cg3OHl

    Bien évidemment, d’aucun(e)s pourront dire que c’est facile de dissuader les autres de s’attabler une fois que l’on a bien profité du repas. Il n’en reste pas moins que c’est souvent de l’intérieur que les charges les plus efficaces sont menées : si cette tribune parvient jusqu’aux yeux de quelques dirigeants européens, comme elle vient de « l’un des leurs », elle sera peut-être beaucoup plus utile pour les ébranler que si elle venait d’Attac ou de la CGT.

    Car l’essentiel est bien de changer le logiciel européen d’urgence. Notre projet, historiquement fondé sur le libre échange et « les marchés », va droit dans le mur à l’heure de la contraction physique des ressources. Que cette conclusion soit portée par un nombre croissant de personnes « de l’intérieur » augmente la probabilité d’une nécessaire modification des règles. Espérons à temps.

    Le capitalisme néolibéral n’est plus compatible avec le défi climatique

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