Plusieurs grandes entreprises du secteur énergétique ont récemment appelé à la mise en place de mécanismes de fixation des prix du carbone au niveau mondial. En France la commission des Affaires économiques du Sénat a adopté le mercredi 17 juin dernier un amendement visant à fixer un objectif de prix pour les rejets de CO2 dans l’atmosphère, aujourd’hui considéré comme peu dissuasif en raison du prix très faible de la tonne de CO2 sur le marché européen du carbone. Ce mécanisme ne sera pas efficace tant que le prix du carbone ne sera pas plus élevé. Toutefois, même dans les conditions voulues par le Sénat (100 euros la tonne de CO2 en 2030 contre tout juste 7 à ce jour), un tel système ne pourra pas tenir compte de l’ensemble des émissions causées par l’activité d’une entreprise productrice d’énergie.

La fixation d’une valeur-cible représentative des coûts réels du carbone pour chaque source d’énergie est souhaité par de très nombreux acteurs, y compris économiques, pour disposer d’une vision de long terme qui permette d’orienter au mieux les comportements et les investissements. Une valeur cible évaluée selon le Sénat à 56 euros la tonne carbone en 2020 et 100 euros en 2030, et qui permettra au gouvernement d’adapter en conséquence la composante carbone de la fiscalité énergétique ainsi que la « contribution climat énergie ».

Mais si la production d’électricité à partir de combustibles fossiles tels que le pétrole, le charbon ou le gaz est aujourd’hui responsable de près de 25% des émissions de gaz à effet de serre au niveau mondial, la fixation d’un prix du carbone se base uniquement sur la prise en compte des émissions directes facilement mesurables. Toutefois, il ne devrait pas s’appliquer aux émissions dites « indirectes » qui sont elles beaucoup plus difficiles à mesurer.

Ces émissions indirectes applicables tout au long du cycle de vie des moyens de production, lors des phases de construction ou de déconstruction, d’extraction ou de fabrication des matières premières, lors du transport des marchandises, du déplacement des salariés ou des opérations de maintenance, représentent pourtant 70% des émissions d’une entreprise et peuvent même parfois peser assez lourdement dans le bilan carbone de certaines énergies renouvelables.

Les moyens de production solaire par exemple auront ici un bilan carbone beaucoup plus important en tenant compte des émissions indirectes, et cela est dû en bonne partie au processus de fabrication des panneaux photovoltaïques. Les énergies éolienne, hydraulique ou nucléaire présentent elles aussi des bilans carbone positifs qui peuvent s’expliquer entre autres par la production de l’acier et du béton nécessaire à la construction des installations, le transport du matériel ou du combustible…. Ces émissions indirectes sont ensuite rapportées aux facteurs production et durée de vie des installations, plus faibles pour l’éolien et le solaire que pour les filières hydraulique et nucléaire.

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