nucléaire suisse

La transition énergétique suisse est-elle réaliste ?

Les Suisses étaient invités, lors d’un scrutin organisé le 21 mai, à se prononcer sur la révision de la loi helvète sur l’énergie. Approuvée par 58,2% de la population, cette modification permettra de mettre en œuvre une transition énergétique baptisée « stratégie énergétique 2050 ». Cette dernière s’articule autour de 3 grands axes : la sortie progressive du nucléaire, le développement des énergies renouvelables et la promotion des économies d’énergie et de l’efficacité énergétique.

Une sortie progressive du nucléaire

La sortie du nucléaire est bien évidemment l’axe le plus sensible du tournant énergétique qu’essaye d’aborder la Suisse. C’est en 2011, au lendemain de l’accident de Fukushima, que le gouvernement suisse décide de sortir du nucléaire à l’instar d’autres pays européens comme l’Allemagne et l’Italie. Une décision politique que ne valideront pas tout de suite les citoyens helvètes : il a en effet fallu attendre jusqu’à ce vote de mai 2017 pour que la proposition du Parlement soit entérinée par le vote du peuple.

Le Département fédéral en charge de l’énergie promet donc que cette sortie sera « progressive » et se fera « par étapes, de façon à donner à la Suisse le temps nécessaire pour transformer son système énergétique ». Le gouvernement prend ainsi en compte le souhait de ses citoyens qui avaient voté contre la fermeture accélérée du parc nucléaire en novembre 2016.

La révision de la loi sur l’énergie ne prévoit pas la fermeture des 5 centrales nucléaires encore en activité en Suisse. Ces centrales de production électronucléaires disposent en effet d’une autorisation d’exploitation illimitée dans le temps : elles pourront continuer à être exploitées tant qu’elles rempliront les conditions de sûreté fixées par l’Inspection fédérale de la sécurité nucléaire (IFSN). La loi ne prévoit, en revanche, de n’accorder aucune nouvelle autorisation de construction de centrale nucléaire, même si la recherche sur l’atome « continuera d’être encouragée ».

Comment combler le vide laissé par le nucléaire ?

En 2016, le parc nucléaire suisse a permis de générer plus de 20 TWh d’électricité : le pays a donc décidé de se passer, sur le long terme, de plus d’un tiers de sa puissance de production électrique. Un sacré défi qui n’est pas sans comporter des travers, comme l’ont montré l’exemple italien (qui aujourd’hui importe 75% de son énergie et dépend du charbon) ou plus récemment le Japon (qui a compensé la fermeture de ces centrales nucléaires avec du gaz et du charbon).

« [Se priver du nucléaire] comporte des risques. Celui de devoir augmenter ses importations d’énergie et de se tourner vers des énergies fossiles, plus émettrices de gaz à effet de serre », estime à ce titre Jan-Horst Keppler, professeur d’économie à Paris-Dauphine.

Pour éviter ces travers, la stratégie énergétique 2050 prévoit de déployer à hauteur de 11,4 GW la puissance du parc renouvelable d’ici 2035. Les technologies privilégiées seront les énergies solaires, éoliennes, géothermiques et la biomasse. Le vote du 25 mai  a officialisé un objectif de production d’électricité verte de 4,4 TWh par an en 2020 et au moins de 11,4 TWh en 2035.

Autre ressource renouvelable sur laquelle la Suisse compte s’appuyer : l’hydroélectricité. Comme en France, l’énergie hydroélectrique est la première source d’énergie renouvelable : plus de 600 centrales couvrent les deux tiers de la production électrique helvète. Toutefois, face à l’effondrement des prix européens, cette électricité renouvelable n’est plus compétitive. L’objectif du gouvernement est toutefois de maintenir le rôle de cette ressource respectueuse de l’environnement (porter à 37,4 TWh sa production d’ici l’horizon 2035) grâce à une prime accordée aux exploitants.

Plus de sobriété énergétique pour réduire les volumes consommés

Enfin, dernière pierre angulaire de la nouvelle stratégie énergétique de la Confédération suisse : réduire la consommation d’énergie. D’ici l’horizon 2020, le gouvernement ambitionne de réduire sa consommation annuelle moyenne d’énergie de 16% par habitant, par rapport à l’année de référence 2000. D’ici 2035, cette même consommation devra avoir été réduite de 43%.

L’amélioration des performances du secteur du bâtiment est un autre enjeu de taille en termes de réduction des consommations énergétiques. Ce secteur économique helvète est en effet particulièrement énergivore : il représente près de 40% de la consommation énergétique totale du pays. Le gouvernement a donc décidé de renforcer le programme « Bâtiment », qui vise à favoriser le remplacement des systèmes de chauffage à combustibles fossiles et à aider les propriétaires à améliorer l’isolation thermique de leur logement.

« Nous n’avons ni le climat, ni la place pour développer massivement le solaire ou l’éolien. Mais nous pourrions très bien être à la pointe sur l’isolation thermique des bâtiments, voire dans la construction de maisons à énergie positive », imagine Christian Van Singer, un conseiller national suisse.

Le coût de cette transition énergétique fait bien évidemment débat entre ses opposants et ses partisans. L’Union Démocratique du Centre, parti opposé à ce vaste programme énergétique, estime que la transformation du système énergétique suisse coûtera 200 milliards de francs suisses (soit 183 milliards d’euros) au contribuable suisse. Une famille de 4 personnes devra notamment assumer 3.200 francs suisses (2.900 euros) de frais supplémentaires chaque année. De son côté, le gouvernement estime que les ménages devront débourser seulement 40 francs en plus par an pour soutenir les énergies alternatives.

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