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Les technologies disruptives sont bien à notre porte : les Blockchains

Les blockchains sont des systèmes d’information et de communication particulièrement adaptés pour gérer des transactions et échanges de type « peer to peer ».

Ils n’utilisent pas de technologies vraiment nouvelles mais assemblent de manière très innovante des technologies existantes au service de la gestion de registres (bases) de données permettant stockage, traitement, échanges avec un niveau de sécurité, de fiabilité et de confidentialité inégalées.

Pourquoi est-ce disruptif  ?

Le caractère disruptif des blockchains réside pour moi dans la combinaison de trois avantages déterminants :

  • La capacité de gérer des transactions nombreuses, de manière transparente et automatique. Cette capacité peut se révéler déterminante et efficace pour gérer des transactions entre des consommateurs et des bornes de recharge ou des micro-producteurs électriques, tous de plus en plus nombreux.
  • La capacité à gérer des transactions sures, archivées, certifiées, non manipulables, fondamentales pour éviter des fraudes encore trop répandues autour de l’électricité, économiquement « supportables » par des entreprises d’état, intolérables pour des petits investisseurs privés.
  • La capacité à gérer des transactions peer to peer.

Dès lors, le terme disruptif peut s’entendre de deux manières opposées. Il peut signifier une rupture importante, grâce aux blockchains, dans la performance des systèmes énergétiques : performance des systèmes de facturation, lutte contre la fraude, productivité comptable etc etc…

Mais il peut aussi vouloir dire ruptures dans les chaînes d’acteurs, désintermédiation, échanges directs entre micro-producteurs et consommateurs comme le démontre le fameux projet pilote de Brooklyn.

Suivant l’utilisation des technologies blockchains et les intentions de ceux qui les déploient, opportunités et menaces vont, bien évidemment, être très différentes.

Quelles sont les applications cibles pour lesquelles les blockchains pourraient s’imposer rapidement ?

L’application la plus simple à laquelle on pense est le support des transactions entre micro-producteur à partir de panneaux solaires photovoltaïques et consommateurs dans une optique de facilitation de la transaction et du comptage ou dans le but d’établir une relation commerciale directe sans intermédiaire.

Cet usage des blockchains peut trouver toute sa raison d’être dans les communautés d’auto-consommation.

En dehors du périmètre des communautés, progressivement cadré par les législations européennes, je ne pense pas que la désintermédiation poussée du marché de l’électricité dans les pays européens soit un facteur de stabilité des marchés.

Par contre, dans les pays émergents, où l’enjeu est de poursuivre l’électrification du pays, garantir les revenus et la simplicité des transactions à un producteur local, micro-investisseur est important voire déterminant pour accélérer le désenclavement énergétique de régions rurales. Ces transactions blockchain peuvent alors être associées à des systèmes de prépaiement.

La simplification des transactions pour un petit producteur d’électricité sera très certainement un facteur d’intégration des énergies renouvelables.

Un énergéticien classique aura aussi intérêt à déployer ces technologies pour accroitre l’efficacité de ces processus internes, et, pour lui aussi, tout particulièrement s’il déploie, pour le compte de ses clients ou pour lui, des panneaux photovoltaïques.

Les technologies blockchain sont aussi adaptées aux transactions entre borne de recharge et conducteur de véhicule électrique. Elles permettront des transactions aisément paramétrables pour s’adapter aux modèles d’affaires choisis.

Les technologies blockchain ont aussi des intérêts moins évidents.

Les sites de production en énergies renouvelables ont souvent plusieurs propriétaires d’affilée ou sont financées par plusieurs organismes se succédant. Les acquisitions sont nombreuses dans le domaine : grâce aux fonctionnalités de sécurité et d’archivage, les processus d’acquisition et notamment de due diligence seront grandement simplifiés.

Les technologies blockchain pourraient donner de l’attractivité pour de potentiels acquéreurs de fermes solaires.

Qui peut bénéficier des blockchains ?

Les micro-producteurs en vendant leur production plus facilement, en étant moins exposés à la fraude, en établissant des liens directs avec les consommateurs.

Les pays émergents pourront se reposer sur les blockchains pour créer des micro-marchés locaux et accélérer le développement de l’électrification des zones rurales avec des énergies renouvelables.

Les ESCOs pourront apporter plus facilement la preuve d’économies réalisées.

Qui est menacé par les blockchains ?

Potentiellement tous les intermédiaires de commercialisation, de comptage, d’audit et de facturation. Mais ces menaces, surtout celles concernant les intermédiaires de fourniture, seront plus ou moins importantes selon la réglementation.

Quelques facteurs clés de succès

Certains consommateurs auront probablement à vaincre des réticences face aux technologies blockchain, invisibles, en apparence non maîtrisables.

Le temps sera un allié précieux pour que s’établisse une confiance entre les acteurs et les technologies car on pourrait observer une confusion entre les blockchains et d’autres applications numériques comme les compteurs intelligents en matière de confidentialité et de sécurité des données.

Une fois encore, les régulateurs devront accompagner le développement de ces technologies sans être trop défensifs au risque de faire perdre de la compétitivité aux marchés de l’énergie, sans être trop libéraux au risque de déstabiliser le marché.

Car je ne crois pas à la valeur d’un marché excessivement fragmenté. Mais peut-être me contredirez-vous dans vos commentaires ?

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