La livraison de carburant à domicile, un marché qui a (encore) de beaux jours devant lui
On peut se faire livrer des fleurs, des courses, des repas à domicile, alors, pourquoi pas, du carburant ? C’est l’idée que deux jeunes entrepreneurs parisiens ont sorti de leur chapeau en créant la start-up POMP, un service inédit de livraison de carburant à la demande. Interview de Stéphane Robyn, cofondateur de POMP.
Comment vous est venue cette idée ?
Cette idée est venue de mon partenaire Hugo Domic qui, un jour, en allant rendre une voiture de location, ne trouvait pas de station essence en région parisienne. Il a tourné pendant des heures avant de pouvoir faire le plein. Il s’est dit qu’il serait bien pratique de se faire livrer du carburant sans avoir à déplacer son véhicule. Il a regardé du côté des Etats-Unis où ce type de services existait déjà. Avec lui, nous étudiions depuis longtemps plusieurs projets et nous nous sommes donc lancés dans cette aventure entrepreneuriale il y a un an et demi, et l’activité a été lancée il y a un peu plus de 7 mois.
Concrètement, si je veux faire le plein sans déplacer mon véhicule, comment ça marche ?
En se connectant sur l’application ou le site internet, vous vous géolocalisez et demandez le type de carburant que vous souhaitez. Nous livrons ensuite le carburant directement là où le véhicule se trouve, à l’heure demandée, en général sur un parking ou dans des voies privées, c’est plus facile que sur la voirie ! Nous livrons du diesel, du Sans plomb 95 et 98. A noter que, pour l’heure, nous faisons beaucoup plus le plein de véhicules d’entreprises que chez des particuliers. Mais n’importe qui peut se faire livrer.
Dans quelles régions livrez-vous le carburant ?
Pour l’heure, nous livrons avec nos trois POMPmobile essentiellement à Paris et en région parisienne. Nous venons également de lancer des services de livraison en Allemagne. Nous avons aussi pour objectif de nous implanter dans plusieurs grandes villes françaises de province. Il y a clairement un beau marché en devenir.
Pour transporter ce type de matériaux, vous avez dû obtenir des certifications…
Exactement, nous avons travaillé d’arrache pied pendant un an pour obtenir toutes ces certifications ADR (NDLR : Accord for dangerous goods by road). Les réglementations sont très strictes, et fort heureusement. Pour transporter des marchandises dangereuses, les conducteurs doivent détenir un certificat de formation ADR. Ce certificat est délivré suite à une formation de base ou de spécialisation pour certaines marchandises (transport en citerne, matières explosives et radioactives…). Bien sûr, nos chauffeurs sont tous certifiés.
Comment arrivez-vous à proposer des prix identiques à ceux des stations ?
Dans la mesure où nous achetons en volume, nous avons passé des accords avec des pétroliers pour avoir des offres qui nous permettent de nous aligner sur les stations. Nous faisons naturellement une marge sur le litre vendu.
Comment expliquez-vous que les grands pétroliers n’ont pas pensé à votre solution avant vous ?
D’après les discussions que nous avons pu avoir avec des pétroliers, nous avons fait le constat que ce n’est pas leur coeur de métier. La question ne se pose pas vraiment pour eux dans la mesure où ils sont bien implantés et qu’ils ne vendent pas que du carburant dans leurs stations. Notre objectif, c’est d’offrir une alternative à la fermeture des stations-essence. Leur nombre a été divisé par quatre depuis les années 80, alors qu’il y a deux fois plus de voitures sur les routes.
Le développement des véhicules électriques ne va pas dans votre sens…
Certes, mais leur développement ne va pas aussi vite que la transition énergétique. Nous avons encore de la marge !
