Convention citoyenne pour le climat : et par un prompt tirage au sort, ils se virent 150 en arrivant au port

Pour aborder le sujet via une forme lexicale à la mode, on pourrait se demander : « de quoi cette Convention de 150 citoyens lambda est-elle le nom »?

En fait, la question est sans objet puisque cette assemblée a déjà été présentée comme un enfant naturel du « Grand Débat », une forme de prolongation thématique en format réduit, sa quintessence même ?

Sous moi, donc, cette troupe s’avance (1)

La Convention est aussi l’une des phalanges prévue dans le dispositif protéiforme voulu par le Gouvernement pour définir, suivre, réorienter, contrôler,…, la trajectoire climatique nationale.

A cet égard, une synergie est-elle possible entre un Haut Conseil pour le Climat, composé des cerveaux les plus pointus du domaine et qui s’est déjà exprimé fort et clair et cette Convention Citoyenne composée de cerveaux non préprogrammés, dont on attend des miracles de pragmatisme, capables de transformer des objectifs ambitieux et contraignants en mesures consensuelles de même efficacité ?

Le sujet du climat est difficile et complexe, il engage maintes disciplines, de l’économie à la sociologie, de la climatologie à la géopolitique, de la technologie à l’écologie, elles-mêmes composites …, comment dès lors imaginer que ces citoyens vont pouvoir, par leur bon sens inné, certes la chose du monde la mieux partagée, trouver leur chemin dans ces arcanes souvent antagoniques. Un véritable jeu de piste, sans les cailloux du Petit Poucet, à moins qu’une bonne fée n’y pourvoie.

Ne pouvait discerner où le sort inclinait (1)

Foin de pessimisme !!… Il suffirait juste de bien les informer, de leur présenter les grandes problématiques et de leur indiquer les leviers activables, pour qu’ils concoctent ensuite une série de recommandations à soumettre, sans filtres, aux instances politiques de validation, jusques et y compris le référendum.

Bigre, une telle masse critique dotée de ce pouvoir de proposition, c’est de la dynamite ! Aussi vaut-il mieux orienter les recherches vers des sentiers déjà battus, c’est tout l’enjeu d’une information préalable, sans la qualifier de conditionnement, même si le vocable est tentant.

Ainsi, toute proposition qui émanera de gens comme vous et moi, de bonne foi, certainement compétents dans leur domaine, mais nullement omniscients, est-elle déjà présentée comme le fruit de l’intelligence collective, forme d’immanence dont tout groupe aléatoirement constitué serait doté.

Elle devient alors une vraie caution avec un fort gage d’acceptabilité pour les mesures qui seront avancées, quelle crédibilité en effet pour tout argument qu’on opposerait à cette vox populi ?

J’allais de tous côtés encourager les nôtres (1)

Pour notre Gouvernement qui a imaginé le schéma à dessein, quel sésame en effet que celui conféré par la légitimité de ces propositions, à condition que la Convention choisisse les bonnes !

Gageons qu’il y veillera en accompagnant les travaux, visiteurs et conférenciers seront autant de moyens d’y parvenir. En aval cependant, pouvoir attribuer à ces idées le label « bio » sera difficile à cause des « intrants » qui auront été utilisés en abondance.

On peut pourtant souhaiter que les participants, de leur propre chef, désirent entendre différents points de vues et d’autres que ceux qui sont en permanence mis en avant par les media, comme les analyses de Greenpeace, leur référent monochrome habituel. C’est un vœu pieux sans doute, même si la possibilité doit-être ouverte.

Outre les Académies, des Sociétés Savantes et de nombreux organismes spécialisés ou généralistes sont pourtant capables de présenter des points de vue techniques et économiques dégagés de préoccupations politiques ou militantes. Une façon d’enrichir l’information et de mieux baliser le champ des possibles.

Leur courage renait…. (1)

Du souhait au rêve, celui que certains membres de cette Convention soient rétifs au conformisme idéologique, par exemple sur les énergies renouvelables éoliennes et solaires, qui pourtant leur seront présentées à coup sûr comme une panacée (bonnes pour le climat, l’emploi et les consciences,..).

Ils pourraient alors trouver curieux que l’effort porte principalement sur la décarbonation dispendieuse d’un système électrique qui l’est déjà, au détriment d’autres postes (habitat, transport,…) qui ont un besoin criant d’amélioration ou de réorientation.

Poursuivant la même utopie, on aimerait accroire que l’approche « pigouvienne » pollueur-payeur soit reconsidérée dans sa généralité et que par exemple, on regarde d’abord ceux qui roulent au diesel (qu’ils fument ou non des clopes..) comme des utilisateurs contraints et non comme de vilains arriérés à qui on fait directement payer nos libéralités renouvelables.

Plus précisément, ces rétifs pourraient s’interroger sur le « fléchage » de recettes spécifiques (taxes sur les carburants, taxes sur l’électricité) vers des dépenses décidées, via ses instances politiques, par la collectivité toute entière.

Et se tenant cachée aide à mon stratagème (1)

Mais plus fondamentalement, le caractère artificiel d’une telle démarche est impossible à gommer et renvoie, en miroir, à l’impuissance supposée d’un appareil d’Etat surpuissant et surdimensionné, doté de tant de comités plus experts les uns que les autres et capables, au moins en théorie, de répondre aux demandes des décideurs, à tout le moins d’éclairer leurs choix.

En fait, il ne s’agit pas d’une panne d’idées, les stratèges et fiscalistes de notre administration n’en manquent certainement pas, mais d’un moyen pour se décharger de la paternité de mesures, auxquelles ils pensent très fort et qui pourraient bien, malgré leur origine populaire, ne l’être guère.

Davantage encore, ce devrait être la terre d’élection et de joutes d’un Parlement, engageant un vrai débat structuré pour réviser de fond en comble cette LTECV (2) de 2015, adoptée en catimini une nuit d’été par une assemblée godillot clairsemée et qui engage pourtant tout notre futur énergétique.

Certes, le Parlement sera probablement saisi d’un certain nombre de propositions émanant des conventionnels, mais avait-on besoin de cet artifice et de ce détour chronophage ?

Enfin, quant à innover en matière de mise en œuvre de la démocratie, ce sujet du réchauffement du climat, même si par essence il nous concerne tous, paraît un terrain bien trop complexe et bien trop miné pour s’y risquer et la méthode choisie, qui s’en remet à 150 profanes rapidement briefés, apparaîtra toujours comme contrefaite.

 

  • Avec l’appui de Pierre Corneille, le Cid, acte IV, scène 3 (1)
  • Loi sur le Transition Energétique et la Croissance Verte (2)
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COMMENTAIRES

  • Voici quelques faits qui démontre le coté obscure de la transition énergétique.

    1 – Electrifier la totalité des véhicules routiers en France nécessiterait une production d’électricité équivalente à celle de 18 EPR

    Jean-Marc Jancovici « il faudrait donc un peu plus de 200 TWh électriques pour électrifier la totalité des véhicules routiers actuels à performances identiques (mêmes masses, mêmes puissances, mêmes distances parcourues). C’est en gros la moitié de la consommation électrique française (qui est de 450 TWh environ). Si on entend produire cette électricité avec du nucléaire, il faut (…) rajouter environ 18 EPR. »

    Sachant que la France représente moins de 2% de la consommation mondiale de pétrole, c’est dire combien l’électrification des véhicules dans le monde entier est loin d’être si simple.

    2 – Le bilan des énergies renouvelables est très loin d’être vert.

    La Fondation pour la recherche sur la biodiversité a publié les conclusions d’un colloque intitulé: Biodiversité et transition énergétique: enquêtes sur des liaisons dangereuses.

    Ainsi, on apprend que les éoliennes tuent chaque année des centaines de milliers d’oiseaux, que l’énergie hydraulique est responsable de la disparition d’écosystèmes et que les bioénergies (biogaz et la biomasse) ont des effets négatifs sur la biodiversité.

    3 – L’utilisation intermittante des centrales au gaz augmente leurs émissions de CO2.

    Les centrales à cycles combinés au gaz naturel sont faites pour être utilisées à pleine puissance et à puissance constante.

    Démarrer une centrale, modifier la puissance augmente les émissions de CO2 par kwh.

    Une étude de l’université de Loughborough, en Grande Bretagne, sur une centrale à cycles combinés de 800 MW, donne les chiffres suivants.

    Puissance constante, autour de 780 MW, 350 grammes de CO2 par kWh
    Démarrage rapide, 590 grammes de CO2 par kWh
    Démarrage lent, 470 grammes de CO2 par kWh
    Changement de puissance, 380-390 grammes de CO2 par kWh

    Répondre
  • Article remarquable sur le fond. Mme Wargon a déclaré que cette convention avait été programmé pour faire accepter les augmentations de la taxe carbone à l’origine des Gilets Jaunes; Dont acte.

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