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La smart city et le smart building au coeur des enjeux de société

Le Monde de l’énergie est partenaire média des Universités d’été  Smart buildings for Smart cities.

A quelques jours de l’événement, nous avons posé quelques questions à Emmanuel François, président de Smart Buildings Alliance (SBA) for Smart Cities et organisateur de ces Universités d’été qui réuniront les 5 et 6 septembre, à Lyon, 1 200 acteurs de la filière professionnelle pour réfléchir, apprendre, interagir et échanger autour du bâtiment intelligent dans la ville durable.

Pourquoi avoir créé ces universités d’été ? 

Je me suis rendu compte qu’il était important d’avoir un événement qui fédère tous les acteurs de la « Smart buildings alliance » sous la forme d’Universités et non pas d’un salon classique.

L’objectif de ce rendez-vous est de permettre les échanges de points de vue et les rencontres. Ces Universités sont faites pour apprendre, s’informer et repartir avec une vision globale sur la direction que prennent le bâtiment et la ville intelligente. Ce sera donc un lieu de partage.

Qui sont justement ces acteurs ?

Ce sont les adhérents de l’association SBA. Ce qui est unique au monde, c’est que nous avons réussi au sein d’une même association à réunir tous les acteurs de manière transversale de la chaîne de valeurs d’un bâtiment ou d’une ville.

On part du composant électronique en finissant sur le traitement de la donnée, le tout bien sûr en intégrant les industriels, les prescripteurs, les installateurs, les exploitants, les énergéticiens, les acteurs des technologies de l’information et des télécoms, la maîtrise d’ouvrage et bien sûr les collectivités.

Le spectre est large. Mais on n’arrivera pas à construire une ville intelligente sans mettre ensemble tous les acteurs.

Une sorte de brainstorming pour faire évoluer le milieu…

Oui et aussi de think tank où l’on mélange des retours d’expériences, des présentations de nouvelles technologies, de nouveaux modèles économiques, les enjeux sécuritaires et juridiques.

Attention : les Universités ne sont pas qu’un rendez-vous technologique. Il rend toute sa place à l’humain pour qu’il s’intègre et s’approprie la smart city de demain.

La smart city, est-ce selon vous un concept marketing ou déjà une réalité ?

La question, ambiguë, mérite d’être posée. Et c’est pour cela que j’ai lancé ces Universités d’été.

La smart city prend presque du plomb dans l’aile aujourd’hui car il y a beaucoup de buzz autour d’elle.

Il y a encore beaucoup d’exploitations politiques autour de ces sujets. Parfois, quand on creuse, c’est réduit à quelques applications et cela parle rarement d’une vision globale qui part d’un besoin de société et d’un besoin de l’usager.

Votre question est intéressante dans la mesure où le concept marketing est une réalité. J’ai assisté récemment à une conférence où le vice-président d’une collectivité parlait d’un exemple de smart city en évoquant la pantoufle connectée.

C’est intéressant, mais si on limite la ville intelligente à la pantoufle connectée, nous sommes très loin des besoins des usagers et citoyens…

Il faut prendre en compte les vrais enjeux de société auxquels on se doit de répondre. Et forcément, cela passe par le bâtiment et la ville.

Mais on ne peut pas penser smart buildings et smart city sans avoir fait le constat des enjeux, sans avoir commencé à apporter une réponse sociale et sociétale. Et c’est une fois que nous avons une vision globale que nous pouvons enfin repenser et bâtir une stratégie pour le bâtiment et la ville.

Quel est le principal enjeu dans tout ça ?

Je vois un énorme enjeu que je dévoilerai à l’occasion de ces Universités d’été. Ou plutôt un risque : celui que les grands acteurs du numérique s’emparent définitivement, en tout cas majoritairement, du smart building et de la smart city, et qu’il ne reste, en définitive, que quelques miettes pour les acteurs actuels qui deviendront des sous traitants.

Avec, à la clé, un citoyen dont la liberté individuelle risque d’être bien entachée.

C’est un enjeu majeur. Ces acteurs sont en train de modéliser, font des expériences à l’échelle d’un quartier ou d’une ville (comme par exemple Google à Toronto) dans une économie du service. Ils pourront ainsi apporter un nombre de services incroyables à des coûts imbattables.

Pourquoi ? Parce qu’il y aura des services majeurs et des services mineurs. Et ce seront ces services mineurs qui feront que la collectivité les prendra car ils apportent du confort et des économies.

Le problème demeure la dangerosité de ce système. On peut très bien imaginer une société comme Google proposer un service de mobilité gratuit en ville. En contrepartie, les utilisateurs, ensuite tracés dans leurs habitudes, offrent ainsi des données réutilisées pour des propositions de services payants.

Or, dans notre écosystème, aucun acteur n’est prêt pour cela. Les Universités sont là pour réfléchir ensemble sur comment maîtriser la donnée. La donnée doit rester cantonnée au triptyque entreprise privée, entreprise publique et consommateur.

En quoi le numérique est une priorité et une urgence pour le développement des smart cities face aux enjeux sociétaux et environnementaux ?

Le numérique est un cadeau s’il est utilisé à bon escient. Il faut repenser nos modèles et notre mode de vie ensemble. C’est un travail de longue haleine mais il faut le faire. Si nous ne le faisons pas, ce seront d’autres acteurs qui iront modéliser le système.

Quel est l’intérêt de la blockchain dans tout ça ?

J’ai l’intuition que la blockchain sera le ciment de la smart city et du smart building. Elle permet une traçabilité de toute relation entre les acteurs.

C’est une valorisation dynamique. On ne fera pas de smart city sans pouvoir valoriser des externalisations positives et les échanger contre d’autres.

Si le numérique va permettre de dégager de l’efficience, on se heurte au modèle économique.

Qui finance quoi et comment récupère-t-il sa mise ? C’est là l’enjeu de la blockchain qui peut créer des écosystèmes vertueux pour les acteurs multiples qui financent par exemple la mobilité, le traitement des déchets ou encore la production d’énergie.

On peut imaginer que, dans un quartier, des citoyens co-investissent dans un système de production et de stockage d’énergie au même titre qu’une entreprise privée ou une collectivité.

La mobilité est aussi un enjeu essentiel…

Les smart cities vont en effet passer indéniablement par la révolution de la mobilité et la façon de circuler… J’ai la conviction que la mobilité sera le trait d’union entre le smart grid et la smart city. Les véhicules électriques vont porter le stockage de l’énergie et, de ce fait, seront acteurs et vecteurs de smart grids.

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