Nucléaire: les problèmes de corrosion, un « événement sérieux » pour l’ASN

Les problèmes de corrosion sur des systèmes de sécurité de réacteurs nucléaires d’EDF représentent un « événement sérieux », a jugé mercredi le président de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN), qui n’exclut pas des arrêts supplémentaires.

« Il s’agit d’un événement sérieux car il concerne un circuit qui est directement connecté au circuit primaire principal », a estimé Bernard Doroszczuk, à l’occasion de ses voeux à la presse.

« C’est un événement sérieux car il possède un caractère potentiellement générique », c’est-à-dire qui peut concerner des familles entières de réacteurs, a-t-il ajouté.

Actuellement, sur les 56 réacteurs du parc nucléaire français, cinq sont à l’arrêt à cause de problèmes de corrosion identifiés ou soupçonnés sur un circuit de sécurité.

Le problème, à l’origine identifié sur les réacteurs les plus puissants et récents du parc français, s’est étendu à un réacteur (Penly 1) d’une famille moins puissante. Sur ce dernier, « a priori » « le phénomène est beaucoup moins présent et intense », a relevé M. Doroszczuk.

EDF a engagé jusqu’à la fin du mois un réexamen documentaire des contrôles effectués dans le passé sur l’ensemble du parc nucléaire français.

Selon les résultats de cette revue, il faudra peut-être réaliser des contrôles physiques sur des réacteurs si des soupçons de corrosion apparaissent, puis des réparations en fonction des résultats de l’inspection.

Si le problème apparaissait sur un réacteur en fonctionnement, cela pourrait donc nécessiter sa mise à l’arrêt.

« La mission de l’ASN, c’est en cas de risque grave et imminent pour la sûreté, c’est bien évidemment au vu des résultats d’analyse, de décider la mise à l’arrêt de réacteurs. Mais pour l’instant nous n’en sommes pas là », a souligné M. Doroszczuk.

« Dès lors que le niveau de sûreté est mis en cause, ça pourrait avoir des conséquences en matière de disponibilité de nouvelles tranches nucléaires et également un problème de tension. Mais si la sûreté l’exige nous le ferons », a-t-il conclu.

La mise à l’arrêt de cinq réacteurs en plein hiver a encore un peu plus compliqué la situation pour l’approvisionnement électrique de la France, qui était déjà tendu en raison notamment du décalage du calendrier de maintenance d’EDF avec la pandémie de Covid-19.
jmi/uh/tes

commentaires

COMMENTAIRES

  • « La mission de l’ASN, c’est en cas de risque grave et imminent pour la sûreté, c’est bien évidemment au vu des RESULTATS d’analyse, de décider la mise à l’arrêt de réacteurs. Mais pour l’instant nous n’en sommes pas là », a souligné M. Doroszczuk.
    Donc
    Quels sont ces résultats ? Epaisseur, étendue de la corrosion sous contrainte, sur quel type d’acier et de soudure ?

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  • Et nous ne sommes qu’au début d’une transition énergétique qui tend vers le « tout électrique » ! Chauffage, déplacements, etc… Si les centrales nucléaires ont des problèmes, comme ce ne sont pas les moulins à vent qui pourront prendre la relève, si on ne veut plus de gaz, on a du souci à se faire !

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    • DUMAS c’est bien toutes les ENR qui nous sortent de la en appliquant les principes negawatt

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        • Je pense que tout n’est pas à jeter dans « les principes Negawat », loin de là, à commencer par la suppression du chauffage électrique classique qui est un gouffre énergétique impossible à combler ni par le nucléaire ni par les ENR, et qui va mettre la France dans le noir au prochain grand coup de froid, suite à la diminution des moyens pilotables en France, en Allemagne et en bientôt en Belgique.

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          • Mieux vaut alors le gaz comme le prévoyait la RT 2012? Je pense que les émissions sont supérieures par ce principe de chauffe.
            Mais il est vrai que dans Negawatt, tout n’est pas à jeter. Il est par contre difficile d’imposer l’austérité énergétique à la population.

          • Cochelin au moins appliquer au plus vite les principes negawatt … avant de penser chauffage …

          • Soit la population accepte de comprendre la nécessité de la sobriété, soit elle refuse, et celle-ci arrivera de manière plus brutale et violente.
            Concernant le chauffage: brûler du charbon pour faire fonctionner des radiateurs électriques classiques est le pire du pire…
            On peut imaginer: pompe à chaleur obligatoire (coefficient de conversion: x3 pour un échangeur air-air, x5 pour un échangeur air/sol, avec en production d’électricité: éolien + nucléaire + biogaz en cycle combiné à 55% de rendement, ce « biogaz » étant produit par méthanisation et par électrolyse à base d’ENR et de nucléaire (par exemple lors des nuits, des pointes solaires de milieu de journée, et les week-end et périodes de vacances).
            A côté de cela, certaines maisons pourraient utiliser pour le chauffage le bioéthanol, les granulés de bois + le solaire thermique.
            Avec toujours le rôle de l’isolation, à rendre obligatoire également.

          • Il y a aussi le stockage annuel de la chaleur récupérée par le solaire thermique en été, dans le sol, valable pour un écoquartier, et selon les types de sol. Le granite s’y prête bien. En tous cas, si on cherche un peu, il y a des solutions plus intelligentes que de subventionner les radiateurs électriques classiques pour devoir ensuite brûler du charbon, et même se mettre en blackout en cas de grand froid.

          • Qu’attendez-vous pour afficher ce que sont, pour vous, ces principes au lieu de déblatérer inutilement sur des sujets oiseux ?

          • Cochelin parce qu’en plus vous ne connaissez même pas les principes Negawatt ? c’est bien public ça aussi

          • Ce qui est public, c’est l’opposition dogmatique au nucléaire de NEGAWATT et ses préconisations irréalistes en matière de sobriété énergétique.

          • Cochelin donc vous ne connaissez meme pas les principes negawatt qui se mettent déjà en place partout dans le monde … ?

          • Hors chauffage électrique, la demande est d’environ 50 GW en journée: cf mois de juin et septembre par exemple.
            Avec chauffage électrique, la demande monte à 80 GW dans des conditions hivernales normales, et à 100 GW dans les conditions hivernales les plus froides. +30 à +50 GW à cause du chauffage électrique. C’est simplement débile et ingérable.
            La France payera bientôt sa débilité dans ce domaine.

  • M. DUBUS, L’IRSN et l’ASN ont mis en ligne le schéma de la conduite et une photo. En principe le circuit primaire est fait d’acier austénitique 304 ou 316/ 316L. Une même malfaçon sur les soudures de plusieurs réacteurs, au même emplacement me semble improbable. Cette portion de tuyauterie entre les vannes d’injection et le piquage sur le circuit primaire constituant un bras mort on peut imaginer des conditions chimiques et de températures imprévues à l’intérieur? La corrosion sous contrainte s’exerce bien préférentiellement dans les zones de transition de soudure. Comme les experts de l’EDF et du CEA en savent beaucoup plus que moi la dessus (!) on va attendre leurs conclusions. Cela fait partie des missions de l’ASN de les rendre publiques. Pour l’instant l’IRSN a parlé d’un signal aux ultrasons d’une microfissuration de l’ordre du millimètre je crois.

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  • @ JP Moulard pour info (quelques éléments que vs connaissez peut-être !) ci après un début de CR à ce sujet
    Origine Sfen, RGN l’information de référence sur l’énergie nucléaire Mis à jour le 18 janvier 2022
    « Étendue du phénomène
    Des contrôles ont été initiés sur les mêmes matériels du réacteur n°2 de la centrale nucléaire de Civaux et ont fait apparaître des défauts similaires. Les mêmes examens ont été menés sur la centrale de Chooz. Un défaut a été détecté sur une portion de tuyauterie du réacteur n°2 et les contrôles sont toujours en cours sur le réacteur numéro 1. Les quatre réacteurs des centrales de Chooz (Ardennes) et de Civaux sont de même technologie et constituent le palier N4 du parc nucléaire français.
    De plus, à l’occasion de la troisième visite décennale en cours du réacteur n°1 de la centrale de Penly, le même défaut a été identifié sur une portion de tuyauterie de l’une des quatre lignes que compte le système d’injection de sécurité. Des examens en laboratoire ont confirmé le même mécanisme de fissuration dû à de la corrosion sous contrainte, toutefois dans une moindre profondeur que sur Civaux 1.
    Réparations en cours d’instruction
    Des solutions de réparation, voire de remplacement, des portions de tuyauteries affectées par le phénomène d’endommagement sont en cours d’instruction. Les tuyauteries à remplacer sont constituées d’un acier inoxydable courant mais nécessitent toutefois un certain nombre de contrôles et de qualifications pour répondre aux exigences inhérentes aux équipements nucléaires soumis à la pression. Les solutions de réparation seront mises en œuvre au cas par cas, en fonction des conclusions des contrôles, afin de garantir la sûreté des installations. Un programme de contrôles sur l’ensemble du parc nucléaire est en cours d’élaboration.
    Les conséquences pour EDF sont un allongement des durées d’arrêt des réacteurs concernés. Les dates prévisionnelles de reconnexion au réseau électrique sont prévues au 30 mai 2022 pour Penly 1, 27 juillet 2022 pour Chooz B1, 31 août 2022 pour Civaux 1, 31 décembre 2022 pour Chooz B2 et de Civaux 2. Par ailleurs, l’arrêt de ces cinq réacteurs implique une révision par EDF de l’estimation de production nucléaire 2022. Elle passe de 300 à 330 TWh pour l’année 2022, contre 330 à 360 TWh prévu initialement. »■

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  • @JP Moulard. Votre avis sur ce qui suit ?. Cordialement
    Reste à savoir si les analyses métallographiques des corrosions sur la conduite de CIvaux1 sont d’ordre surfacique ou perforante. Dans le premier cas (corrosion en surface) il serait possible de passer l’hiver en faisant tourner ces centrales.
    Pendant ce temps, on peut néanmoins préparer les pièces de rechanges avec des coudes de plus grand rayon et des supports de maintien des tuyauteries évitant les concentrations de contraintes mécaniques lors des dilatations. Pour la soudure, il y a des experts qui connaissent les procédures à mettre en place, la question est de les faire respecter par une surveillance constante pendant toute la durée du chantier.

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