La ville de Pau lance une ligne de bus à hydrogène

L’hydrogène est aujourd’hui considéré comme une ressource énergétique capable de verdir le mix énergétique français. Notamment dans le secteur du transport où la démocratisation des véhicules zéro émission apparaît comme une priorité pour réduire nos émissions polluantes.

Pau a franchi le pas de la mobilité hydrogène. La préfecture des Pyrénées-Atlantiques a en effet inauguré officiellement sa ligne de bus à hydrogène nommé Fébus. Eclairage.

Pau passe au bus à hydrogène

Pau a inauguré le 14 janvier son nouveau service de bus baptisé Fébus, une flotte à haut niveau de service (BHNS) composée de 8 véhicules (6 en circulation, 2 de secours) qui ne rejettent pas de gaz à effet de serre en roulant.

Les courbes du Fébus ont été dessinées par le designer Julien Gaubert en collaboration avec le constructeur d’autobus belge Van Houten. Sa carrosserie grise et ses roues dissimulées lui donne d’ailleurs des allures de tramway futuriste, glissant en silence sur les pavés des rues de Pau. Long de quasiment 19 mètres pour un poids de 19 tonnes, il affiche une capacité d’accueil de 125 passagers dont 35 places assises.

Mais sa particularité la plus intéressante n’est pas son design : il s’agit bien évidemment de son mode de propulsion. Le Fébus est en effet équipé d’une pile à combustible qui lui permet d’utiliser de l’hydrogène comme carburant. Son fonctionnement n’émet donc aucun gaz à effet de serre ni de particules fines : uniquement de la vapeur d’eau et de l’oxygène.

Une autonomie de 240 kilomètres

Grâce à sa pile à combustible qui alimente un moteur électrique de 200 kW, le Fébus affiche une autonomie quotidienne de 240 kilomètres. Cette capacité qui lui permet de parcourir toute la journée, et sans arrêt à la station de recharge, un trajet de 6 kilomètres allant de l’hôpital jusqu’à la gare de Pau (14 stations).

Soucieux de favoriser ce mode de transport respectueux de l’environnement, la Mairie a décidé d’octroyer aux Fébus une voie dédiée : ces bus à hydrogène empruntent sur 85% de leur trajet un site propre sur lequel ils sont les seuls sur la chaussée et ont la priorité aux ronds-points.

Le lancement de la flotte Fébus a été coordonné par l’opérateur de transport public Keolis et la Société de Transport de l’Agglomération Paloise (STAP). Ces deux partenaires assureront l’exploitation et le suivi technique de la flotte.

Le déploiement de cette dernière a par ailleurs nécessité un investissement de 74,5 millions d’euros. Selon les informations fournies par la mairie de Pau, 50 millions d’euros ont été utilisés pour réaliser les travaux nécessaires à l’accueil du projet, 10 millions ont été nécessaire à l’achat des bus et 4,5 millions ont été consacrés au déploiement de la station de production d’hydrogène.

Vers la production d’un hydrogène « vert« 

Les Fébus sont rechargés chaque nuit dans une station à hydrogène construite au dépôt de la STAP spécifiquement pour ce projet. L’objectif de la municipalité est de favoriser la production d’hydrogène vert : à terme, les Fébus bénéficieront d’un hydrogène produit par électrolyse de l’eau grâce à l’électricité issue de panneaux solaires installés in-situ.

« Si vous mettez de l’eau avec un courant électrique, l’électrolyse sépare H2, l’hydrogène, de O, l’oxygène. Une fois que cette opération est réalisée, vous pouvez par un process complexe emmagasiner cet hydrogène et le placer dans une pile pour produire de l’énergie. Finalement, c’est ce que nous avons fait ici. Nos ingénieurs se sont souvenus de leurs cours de 5ème », a expliqué François Bayrou, le maire de Pau, à son audience.

Pour l’heure, l’électricité utilisée est issue du réseau électrique et permet à l’électrolyseur de générer quelques 270 kilogrammes d’hydrogène par jour. Cette production nécessite 2.000 litres d’eau par jour : la moitié est directement reversée dans le réseau d’eau de Pau ; l’autre moitié est restituée à la nature sous forme de vapeur d’eau lorsque les Fébus roulent.

L’initiative de Pau bientôt déclinée aux quatre coins de France ?

En France, ce ne sont pas moins de 17 bus à hydrogène qui ont été mis en service en 2019. Ce déploiement, pour l’instant timide mais qui devrait s’intensifier au cours des prochaines années, est soutenu par le dispositif gouvernemental Plan 1.000 bus France.

Ce dernier vise à favoriser la démocratisation des véhicules zéro émission pour les collectivités territoriales afin de répondre aux impératifs environnementaux et lutter plus efficacement contre la pollution.

La flotte semble ainsi indiquer à d’autres villes la marche à suivre pour réduire l’empreinte carbone de leurs transports en commun. Des villes comme Paris, Lyon, Nantes et Strasbourg sont d’ores-et-déjà engagées dans des projets de mobilité hydrogène.

Plus récemment, Toulouse Métropole a adopté une délibération en partenariat avec la régie de transport Tisséo afin de lancer un appel à manifestation d’intérêt pour la conception et l’installation d’une station de production et de distribution d’hydrogène vert pour une flotte de véhicules.

Ce site devrait être utilisé pour alimenter une flotte de 6 à 8 bus à hydrogène dont fera l’acquisition Tisséo dans les prochaines années.

« L’hydrogène constitue une solution de stockage de l’énergie qui offre de nouvelles opportunités pour le développement de l’électromobilité, l’hydrogène embarqué apporte autonomie et disponibilité pour des véhicules à usage professionnels et lourds. L’hydrogène permet des impacts positifs sur la qualité de l’air et de l’environnement, il n’y a ni émission de particules fines ni aucune émission de gaz à effet de serre », a résumé Jean-Michel Lattes, 1er adjoint au Maire de Toulouse, lors d’une présentation officielle au conseil syndical de Tisséo.

commentaires

COMMENTAIRES

  • Intéressante initiative. C’est super pour la ville car ça diminue effectivement la pollution dans la ville concernée. Mais au global, tout dépend comment on fabrique l’hydrogène et à quel coût. Pour l’instant il semble fabriqué à partir du réseau, donc à partir d’une électricité bas carbone grâce au nucléaire et à l’hydraulique qui assurent une alimentation régulière.
    L’espoir et le discours de beaucoup de gens est que cet hydrogène soit fabriqué à partir de panneaux solaires ou d’éoliennes. Très bien en théorie, mais
    – soit on a des éoliennes ou panneaux PV dédiés, alors l’installation de production d’hydrogène ne pourra fonctionner que de façon plus ou moins intermittente (coeff de charge solaire environ 15%, coeff de charge éolien inférieur à 30 ou 35%). Le cout de production de l’H2 devient alors prohibitif.
    – soit on s’alimente par un réseau avec beaucoup d’éoliennes et de PV et beaucoup moins de nucléaire (ainsi que visé par la PPE), et alors plus de la moité du temps l’électricité devra être produite par des centrales à gaz ( si on exclut le charbon) et on n’aura rien gagné en émissions de CO2.
    Il faut donc rester réaliste et constater que c’est le nucléaire qui rend la voie hydrogène possiblement crédible en tant que « carburant propre »..

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