Sûreté nucléaire: les salariés de l’IRSN manifestent contre le projet de réforme

Plusieurs centaines d’ingénieurs et de chercheurs de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) ont manifesté lundi à Paris contre le projet du gouvernement de fusionner l’organisme avec l’Autorité de Sureté Nucléaire (ASN), qui met en danger la sûreté elle-même selon eux.

« Cette fusion est un retour 25 ans en arrière » a souligné Philippe Bourachot, délégué syndical central CGT parlant au nom de l’intersyndicale, tout près du ministère de la Transition énergétique qui pilote le projet de réforme.

« Nous craignons d’être sous l’autorité directe de l’ASN, et donc de perdre l’indépendance de nos analyses techniques, d’avoir potentiellement une pression pour rendre des avis techniques qui seraient plus adaptés à ce que voudrait l’Autorité », « voire l’exploitant », c’est-à-dire EDF, Orano ou le CEA, a-t-il ajouté.

« Nous avons mis 40 ans pour construire un système de sûreté indépendant en France et reconnu internationalement, et le gouvernement voudrait le détruire en quatre semaines », a ajouté François Jeffroy, délégué syndical central de la CFDT, l’un des trois représentants syndicaux à avoir rencontré la ministre Agnès Pannier-Runacher vendredi pour lui exposer les inquiétudes du personnel.

« S’il y a un problème de sûreté important dans une installation, ce n’est pas pour le plaisir que les réacteurs sont arrêtés », s’exclame Véronique Loyer, chargée de mission à l’IRSN.

« Par exemple sur les corrosions sous contrainte, c’est EDF qui a demandé à arrêter les réacteurs. Mais pour les redémarrer, il faut qu’il prouve que la sûreté est assurée. Et il y a eu un avis (de l’IRSN, NDLR) disant non, ce réacteur-là, on ne peut pas le redémarrer sans avoir réparé parce que les conditions de sûreté ne sont pas assurées. Demain est-ce qu’on forcera l’IRSN à ne pas dire sa vraie position? » s’inquiète-t-elle en craignant « un risque de perte de confiance » du public.

Et derrière, « c’est un accident nucléaire qu’on peut craindre », dit-elle.

« EDF fait un calcul de court terme en voulant stabiliser le coût d’amélioration de la sûreté, et ne fait pas un calcul de long terme qui est celui d’une garantie dans la durée pour des dizaines d’années d’absence d’accident », complète un autre manifestant, Nicolas Dechy, ingénieur, qui voit l’IRSN comme « le bouc émissaire des pertes d’EDF ».

EDF a mis à l’arrêt une partie de son parc et lancé de coûteux travaux pour restaurer ses centrales suite notamment à des avis techniques sans concession délivrés par l’IRSN sur l’état de ses réacteurs.

commentaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

on en parle !
Partenaires
20 nov 2015
Les principales causes de mortalité dans le monde : mise en perspective
20 nov 2015
Les principales causes de mortalité dans le monde : mise en perspective
20 nov 2015
Les principales causes de mortalité dans le monde : mise en perspective
20 nov 2015
Les principales causes de mortalité dans le monde : mise en perspective
20 nov 2015
Les principales causes de mortalité dans le monde : mise en perspective
20 nov 2015
Les principales causes de mortalité dans le monde : mise en perspective
20 nov 2015
Les principales causes de mortalité dans le monde : mise en perspective
20 nov 2015
Les principales causes de mortalité dans le monde : mise en perspective
20 nov 2015
Les principales causes de mortalité dans le monde : mise en perspective
20 nov 2015
Les principales causes de mortalité dans le monde : mise en perspective
20 nov 2015
Les principales causes de mortalité dans le monde : mise en perspective
20 nov 2015
Les principales causes de mortalité dans le monde : mise en perspective