Solaire et éolien sources de l’électricité française: faisable sous conditions, selon l’AIE et RTE

La France pourrait-elle, techniquement, tirer l’essentiel de son électricité des énergies renouvelables à l’horizon 2050 ? Oui, répondent l’Agence internationale de l’énergie (AIE) et le gestionnaire du réseau RTE, mais à de multiples conditions techniques et industrielles.

Le sujet est complexe tant il pose de questions, notamment sur des aménagements encore à éprouver à grande échelle. Et il est particulièrement sensible en France, où l’avenir du nucléaire – aujourd’hui à l’origine de 70% de la production électrique – reste à trancher.

Commandé fin 2019 par le gouvernement, ce rapport de l’AIE et de RTE, basé sur l’état des connaissances au niveau mondial avec l’apport d’experts internationaux, s’intéresse à la seule faisabilité technique.
Sa sortie intervient avant la publication à l’automne d’un bilan plus complet de RTE incluant les coûts, impacts sociaux et environnementaux de huit scénarios.

Face au réchauffement climatique, la France s’est engagée à atteindre la neutralité carbone d’ici 2050, ce qui implique un recours accru à l’électricité décarbonée pour de nombreux usages (transports notamment).

L’alternative sur la table: une montée des énergies renouvelables accompagnée d’un programme nucléaire pour succéder au parc actuel, ou s’appuyer sur les renouvelables seules.

Pour cette dernière option, l’AIE et RTE listent quatre « exigences ».

D’abord pouvoir gérer la variabilité (« l’intermittence ») de la production éolienne et photovoltaïque: c’est « le principal défi ».

Selon le rapport, « la sécurité d’alimentation en électricité (…) peut être garantie si les sources de flexibilité sont développées de manière importante, notamment le pilotage de la demande, le stockage à grande échelle, l’interconnexion transfrontalière ».

Il faut « s’intéresser à la maturité de ces solutions et vérifier qu’elles ont le potentiel d’être déployées à grande échelle dans les délais escomptés », note le texte, évoquant la nécessité d' »un environnement industriel ».

La 2e condition porte sur la stabilité de la fréquence. Des solutions existent, appliquées au Danemark ou en Australie, mais leur « déploiement généralisé reste à évaluer ».

Troisième condition, le gestionnaire du réseau électrique devra disposer de réserves opérationnelles et pouvoir intervenir pour équilibrer le système. Il faudra améliorer l’observabilité en temps réel de la production.
Enfin, les réseaux devront être développés et adaptés, à moyen terme.

La décision de la France de lancer ou non de nouveaux chantiers nucléaires est attendue au prochain quinquennat, l’exécutif ne souhaitant pas s’engager avant le démarrage de l’EPR de Flamanville (Manche), objet de multiples retards et surcoûts.

commentaires

COMMENTAIRES

  • « D’abord pouvoir gérer la variabilité (“l’intermittence”) de la production éolienne et photovoltaïque: c’est “le principal défi”.
    Voilà encore un sérieux mythe et une contrevérité à combattre vigoureusement !

    En fait, d’où qu’elles viennent, « Les énergies renouvelables intermittentes ne perturbent pas les réseaux » et donc quid des effets REELS de leurs intermittences ?

    « Le CEER [Conseil Européen des Régulateurs de l’énergie] a établi un classement des Etats dont les réseaux électriques sont les plus stables. L’Allemagne et le Danemark y occupent les 2e et 3e marches du podium, après la Suisse. Il s’agit pourtant de 2 pays qui produisent une part importante de leur électricité par les énergies renouvelables intermittentes. »

    https://www.energiesdelamer.eu/publications/104-sous-station/5825-les-energies-renouvelables-intermittentes-ne-perturbent-pas-les-reseaux

    « La Roumanie et la Pologne, majoritairement alimentées en courant électrique par des centrales au charbon, figurent en queue du classement. »

    « La transition énergétique allemande focalise l’attention de nombreux observateurs et responsables puisqu’après sa décision de sortie du nucléaire prise en 2011, elle est l’un des pays européens qui a le plus développé les énergies renouvelables. Avec une part de plus de 40 % du mix énergétique, celles-ci sont devenues en 2018 la principale source d’énergie, devant le charbon. Dans la production d’électricité, les énergies intermittentes contribuaient en 2017 pour 22 %, dont 16 % d’éolien et 6 % de solaire. Une proportion qu’il y a une dizaine d’années certains « experts » considéraient comme impossible : ils estimaient que les réseaux ne pourraient jamais supporter plus de 5 % d’énergies intermittentes. »

    « Interconnexion

    Du Portugal à l’Espagne, les réseaux électriques sont déjà interconnectés.
    Les échanges d’électricité entre pays sont rendus possibles par des câbles à haute tension, parfois sous-marins, et le plus souvent en courant continu lorsque les distances sont supérieures à 100 km. C’est ce qu’on appelle le CCHT (ou HVDC en anglais) qui permet de transporter l’électricité avec peu de pertes : 3 % pour 1 000 km. Plusieurs câbles sous-marins relient par exemple l’Angleterre au continent. Il y a notamment un projet d’interconnexion entre la France et l’Irlande par un câble sous-marin CCHT de 575 km et d’une capacité de 700 MW. C’est le projet Celtic Interconnector qui devrait entrer en service en 2026.

    L’Europe prévoit des investissements importants dans les interconnexions car c’est un des moyens de pallier la variabilité des énergies renouvelables en transportant l’électricité d’une région qui bénéficie d’un surplus de courant vers une autre qui est en déficit. Une directive européenne impose à chaque Etat membre de disposer d’ici 2030 d’une capacité d’interconnexion électrique d’au moins 15 % de sa production installée. »

    Cf. le Global Grid

    https://www.revolution-energetique.com/les-energies-renouvelables-intermittentes-ne-perturbent-pas-les-reseaux/?utm_medium=push_notification&utm_source=rss&utm_campaign=rss_pushcrew&notification_source=pushcrew_rss&fbclid=IwAR2WmqHYcM5IIbDUVc2Y4mOGbXbocOx_2yLCrjTLiiBa42C_T3vXELJQ76Y

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    • Lorsque le message est tronqué sur la droite comme le votre ici, la cause en est l’insertion de certains URL qui doivent probablement contenir dans le texte les ordre de commandes HTML qui invalide le « CR » (retour automatique en fin de ligne).
      Je me permet de vous suggérer de ne pas l’inclure dans le texte et de préciser à la place que vous faites suivre ces URL dans un message qui suit et ne contient lui-même aucun texte susceptible de dépasser la largeur de la fenêtre.
      Bien cordialement,
      Serge Rochain

      Répondre
  • « L’alternative sur la table: une montée des énergies renouvelables accompagnée d’un programme nucléaire pour succéder au parc actuel, ou s’appuyer sur les renouvelables seules. »

    EN FAIT :

    « LE NUCLEAIRE, UNE OPTION DE PLUS EN PLUS FUMEUSE CONTRE LE RECHAUFFEMENT »

    C’est un document de 323 pages, établi par huit experts interdisciplinaires de six pays.

    « Trop cher, trop lent… l’atome ne fait plus le poids face aux énergies renouvelables pour lutter contre l’urgence climatique, selon le rapport Mycle Schneider 2019. »

    « l’énergie nucléaire n’est pas la panacée pour lutter contre le changement climatique. C’est l’une des principales conclusions de l’édition 2019 du World Nuclear Industry Status Report, présenté mardi à Paris par son coordinateur, le consultant indépendant Mycle Schneider, dont la réputation de sérieux n’est plus à faire dans les milieux «pro» comme“anti”. »

    « ”Les options non nucléaires permettent d’économiser plus de carbone par dollar […] et par an» que l’atome. En effet, «dans de nombreux pays nucléaires, les nouvelles [énergies] renouvelables peuvent désormais concurrencer le nucléaire existant” »

    « [.. ;] la construction de nouveaux réacteurs “prend cinq à dix-sept ans de plus que pour le solaire ou l’éolien terrestre commerciaux ; ainsi, en attendant leur remplacement par l’option nucléaire, les centrales thermiques fossiles continuent à générer des émissions pendant de longues périodes. La stabilisation du climat est urgente, le nucléaire est lent” ».,

    « Il n’y a aucun doute, le taux de renouvellement est trop bas pour garantir la survie de la technologie. Nous sommes face à une sorte de sortie du nucléaire « organique » non déclarée »,

    « La production d’électricité éolienne a augmenté de 29 % en 2018 et celle du solaire de 13 %, contre 2,4 % pour celle du nucléaire, imputable pour les trois quarts à un seul pays, la Chine. Mais aucun réacteur commercial chinois n’a été mis en construction depuis décembre 2016. Et la part de l’atome dans la production d’électricité dans le monde «poursuit son lent déclin», passant d’un record historique de 17,5 % en 1996 à 10,15 % en 2018 »

    https://www.liberation.fr/planete/2019/12/17/le-nucleaire-une-option-de-plus-en-plus-fumeuse-contre-le-rechauffement_1769816?fbclid=IwAR30rw2lhYZ1-OVdDkq9KE94tDhvs8fIR0GDhPrH-PdZ6DXkRKcxp8AwgYc

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  • L’allégeance de l’AIE au nucléaire est flagrante et donc leurs analyses biaisées :

    En effet, « Le nucléaire, énergie bas carbone la plus compétitive selon l’AIE et l’OCDE »
    https://www.sfen.org/rgn/nucleaire-energie-carbone-competitive-ocde

    Voici une étude qui contredit ce qu’avance l’AIE

    « L’énergie nucléaire est de moins en moins compétitive (AIEA) »
    « L’énergie nucléaire fait face à une baisse de compétitivité qui pourrait se traduire par une chute de plus de 10% du parc mondial de réacteurs d’ici à 2030, estime l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) dans une étude annuelle publiée lundi [09/2018] ».

    http://www.levif.be/actualite/sciences/l-energie-nucleaire-est-de-moins-en-moins-competitive-aiea/article-normal-888969.html?utm_source=Newsletter-10/09/2018&utm_medium=Email&utm_campaign=Newsletter-RNBAVULV&M_BT=848355392529

    Répondre
  • Je suis parfaitement d’accord avec vos propos.
    Mais la France est à un tournant qu’elle n’ose pas prendre et nous n’avons en vérité guère de choix. Ayant trainé les pieds face à nos engagements de la cop21 si nous ne prolongeons pas le nucléaire ancien pour les 10 années qui viennent nous n’avons déjà plus le temps de rattraper ce que nous n’avons pas fait et que nous nous étions engagés à faire en 2015 et en plus à ce que nous devons faire en vertu de ces mêmes engagements pour 2030.
    En prolongeant pour 10 ans le vieux parc que nous devions arréter nous avons donc 10 ans pour faire ce que nous nous étions engagé à faire en 15 ans. C’est à dire mettre les bouchées doubles pour ne seulement que rattraper notre retard sur nos voisins. Nous devons donc à la fois payer pour ravaler le vieux parc en espérant qu’il n’arrivera rien de grave durant ces 10 ans, payer nos 5 ans de retard d’investissement ENR et payer la part de 2020 à 2030 ce que nous devions faire de toutes les façons, mais en bénéficiant des investissement promis à l’échéance 2020 que nous n’aurons évidement pas.
    Il est donc complétement fou imaginer en plus payer la construction de 6 EPR et le coût qui suivra dans 10 ans du démantèlement du vieux parc nucléaire.
    Le suicidaire à des limites.

    Répondre
  • Que de discours pour le 1 % des GES que produit notre pays .
    Et aussi pour le fait que l’électricité ne représente que 25 % de la totalité de l’énergie que nous utilisons .

    Répondre
  •  » Rattraper le retard sur nos voisins  » ne veut rien dire. Les Allemands doivent encore fermer l’équivalent de 8000MW nucléaire. Pour compenser ces fermetures prochaines, ils mettent en service des centrales au charbon flambant neuves et vont finaliser le gazoduc north stream 2 provenant de Russie. Ils doivent également renforcer leurs réseaux de transport d’électricité pour interconnecter plus efficacement leurs parcs éoliens pléthoriques et mieux gérer leur intermittence. L’opinion publique allemande accepte de moins en moins la défiguration de son paysage, est ce que les Français seraient d’accord pour avoir l’équivalent allemand chez eux?

    Répondre
  • Mr Rochain, malheureusement les faits sont têtus. Vous devriez vous déplacer en Germanie lorsque les conditions sanitaires le permettront…. vous aurez l’occasion de voir ces meilleurs paysages d’un pays « dix ans en avance sur nous ».

    Répondre
    • Ce sera dans moins d’un siècle l’image de la planète là où vivent les hommes dans le monde qu’ils auront construit et auquel ils se sont habitués depuis toujours.
      Il y avait de grande manifestations contre la tour Eiffel lors de son érection, contre cette horreur qui allait défigurer Paris. Il y a toujours des gens qui défiles et de plus en plus pour accéder au guichet et prendre un ticket pour prendre un peu d’altitude jusqu’au 3em étage.
      Bien avant, les tribus nomades chasseresses parcourant de vastes territoires naturels, s’inquiétaient de tomber sur des cabanes artificielles construites par les premier sédentaires, heurtés par l’artificialisation anachronique de la forêt qui les choquait en modifiant leur perception du milieu naturel.
      Mais voyez vous, de Cro-Magnon en Sapiens, l’homme nouveau a toujours érigé de nouvelles structures marquant son époque, lesquelles sont devenu l’art architecturale d’une nouvelle erre supplantant l’ancien, ou l’enrichissant selon le niveau de compréhension de la génération passée toujours hésitante devant les novations. Certains, d’étroite ouverture d’esprit, mais très peu, ne s’y habituent jamais, mais ils finissent par mourir.

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