La SNCF commande 15 trains à hydrogène à Alstom

À l’heure où une grande majorité de trains français fonctionnent encore au fioul, une ressource fossile fortement émettrice de dioxyde de carbone, la SNCF a décidé de verdir son activité grâce à l’hydrogène.

La SNCF se lance dans la révolution hydrogène

En France, le développement de la filière hydrogène-énergie a été officiellement lancée en juin 2018 par l’ancien ministre Nicolas Hulot.

Avec ce programme doté d’un budget annuel de 100 millions d’euros, le gouvernement ambitionne de produire 10% de son hydrogène à partir de ressources renouvelables d’ici l’horizon 2023. Dans le même temps, de nombreuses initiatives ont été lancées par les industriels du secteur des transports (PSA, Michelin, Faurecia, Alstom…).

En cette rentrée 2019, c’est au tour de la SNCF de se joindre à la révolution hydrogène. Invité de Jean-Jacques Bourdin sur BFMTV le 29 août, le président de la société nationale des chemins de fer français a annoncé son intention de passer commande d’une flotte de 15 trains à hydrogène afin de réduire les émissions de gaz à effet de serre du transport ferroviaire.

« On espère que d’ici quelques semaines en mettant autour de la table six régions moteurs, l’État et Alstom, on va signer un contrat pour construire une quinzaine de trains à hydrogène. Ce sera une première en France », a expliqué Guillaume Pepy.

L’hydrogène, un carburant respectueux de l’environnement

Actuellement, les trains qui circulent sur le réseau ferroviaire français sont alimentés par deux types de carburant : du gazole ou de l’électricité.

Sur les 30.000 kilomètres de voies ferrées, seuls 15.000 kilomètres sont équipés de caténaires (câbles porteurs et fils conducteurs) permettant la circulation de trains électriques. Ces derniers assurent cependant la circulation de plus de 80% des voyageurs en région.

Poursuivre l’électrification du réseau ferroviaire français apparait donc être la solution idéale pour réduire l’utilisation des trains au gazole (ressource fossile polluante) et ainsi améliorer le bilan carbone de la SNCF. Toutefois, l’électrification du réseau est un processus long et couteux (entre 400.000 et 1 million d’euros le kilomètres).

À l’heure où l’hydrogène est de plus en plus cité comme un carburant d’avenir, une troisième solution a été envisagée par les responsables de la SNCF : utiliser la technologie des piles à combustible pour produire à bord des trains l’énergie électrique nécessaire à leur circulation.

« Ce qui est intéressant, c’est que le train à hydrogène ne rejette que de l’eau, pas de particules pas de polluants. On pourra ainsi diminuer la pollution en ville mais aussi à la campagne », explique en effet le président de la SNCF.

Alstom annonce un nouveau modèle de train à hydrogène

Le train à hydrogène d’Alstom circule en Allemagne depuis septembre 2018. Baptisé Coradia iLint, il fonctionne grâce à une pile à combustible qui transforme in situ l’hydrogène en électricité.

Fort de cette expérience, le groupe français a annoncé en mai dernier avoir remporté un contrat portant sur la construction de 27 trains à hydrogène pour le transporteur allemand Fahma.

Soucieux de déployer ce mode de transport vertueux dans l’Hexagone, Alstom a appelé les régions françaises à se mobiliser afin de commander rapidement une trentaine d’exemplaires de train à hydrogène. Pour s’adapter aux caractéristiques du réseau français, la société a annoncé le développement d’un nouveau modèle de train : une version bimode, fonctionnant à l’hydrogène mais également à l’électricité.

« Les premiers trains seront disponibles en 2021 ou 2022 », a assuré le PDG d’Alstom, Henri Poupart-Lafarge, sur France Info en guise de réponse à son homologue de la SNCF. « Le centre de compétence mondial pour l’hydrogène est à Tarbes. Même le train que nous avons fourni à l’Allemagne a sa propulsion conçue et fabriquée à Tarbes, en France ».

Objectif : éradiquer le diesel du réseau ferroviaire français

La commande de la SNCF serait une première réussite pour Alstom et ferait de la France un pays pionnier en matière de déplacement ferroviaire hydrogène.

In fine, cela permettrait également de réduire notre dépendance aux ressources fossiles en permettant d’éradiquer le diesel de notre réseau ferroviaire.

Et pour y parvenir, une autre alternative est envisagée. « La SNCF se lance également dans l’hybride. On a 4 moteurs dans un autorail. On enlève deux moteurs diesel et on met à la place deux batteries à haute puissance. Ces batteries récupèrent l’énergie du freinage. Cela permet, quand le train arrive dans les agglomérations, de ne pas rejeter de polluants ».

« L’objectif c’est qu’il n’y ait plus un seul diesel sur le rail français d’ici quinze ans. C’est extrêmement ambitieux car il y a encore aujourd’hui 20 % des trains et des locomotives qui sont diesel », confirme en effet Guillaume Pepy.

commentaires

COMMENTAIRES

  • L’hydrogène utilisé vient du vaporeformage et sa production émet plus de CO2 que la combustion directe de fioul.
    Le progrès viendra quand nous utiliserons de l’hydrogène issu de l’électrolyse de l’électricité décarbonée.

    Répondre
  • Si l’hydrogène ne rejette que de l’eau pendant le fonctionnement de la PAC, il ne faudrait pas oublier que 95% de l’hydrogène est fabriqué à partir de méthane (CH4) avec de forts rejets de CO2 (CH4+O2 => CO2 + 2H2) soit 11 kg de CO2 par kg de H2 dans lequel il y a 120 MJ (33,3 kW.h) d’énergie calorifique soit 330 g/kW.h.
    Si l’hydrogène est comprimé, il faudra ajouter 10%, s’il est liquéfié, ce sera 40%
    Soit 363 à 462 g/kW.h
    Dans 1 kg de gazole, il y a 43 MJ(11,9 kW.h) d’énergie calorifique et la combustion de ce kg de gazole émet 3,3 kg de CO2 soit 277 g/kW.h.
    Si le rendement d’une batterie + un moteur électrique en sortie de PAC est meilleur (80%) que celui d’un moteur et de sa boîte de vitesses (40%), la différence ne sera pas si évidente que ce que beaucoup racontent:
    H2+PAC+Batterie+moteur électrique: 454 à 577 g/kW.h (mécaniques aux roues)
    Gazole + moteur diesel + boîte de vitesses: 692 g/kW.h (mécaniques aux roues)
    Si, au lieu d’utiliser le méthane pour faire de l’hydrogène on l’utilisait directement dans les moteurs diesels transformés au gaz (pistons et bougie d’allumage), ces moteurs et leur boîte de vitesse seraient à 519 g/kW.h (mécaniques aux roues), sans particules fines, sans hydrocarbures imbrûlés, avec beaucoup moins d’oxydes d’azote qu’au gazole, en n’ayant pas à créer toute une industrie (H2, réservoirs sous pression ou cryogéniques, PAC, batteries, moteurs électriques) en faisant disparaître les usines de moteurs et de boîtes de vitesses.
    Quant à l’hydrogène obtenu par éoliennes et électrolyseurs, le rendement de la filière (du pied de l’éolienne aux roues du train), de 20% (avec H2 liquide) à 25% (avec H2 comprimé) avec les prix garantis du MW.h aux éoliennes et les amortissements de la filière, le MW.h sera aux alentours de 1000 € aux roues
    avec du gaz à 60 € (le MW.h HT) / 40% = 150 € aux roues
    avec du gazole: (à 1 € le litre de 11,9 kW.h HT) = 210 € aux roues
    Je pense qu’il y a beaucoup trop de décideurs qui ne savent pas compter…

    Répondre
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