Saint-Alban : une visite décennale marquée du sceau du Grand Carénage

C’est en 1985, en bordure du Rhône, qu’a été lancé le premier réacteur de 1300 MW de la centrale nucléaire de Saint-Alban. Il aura fallu attendre un an de plus, en 1986, pour que le second réacteur soit également couplé au réseau électrique français. Depuis, cette unité de production électronucléaire exploitée par le groupe EDF génère en moyenne 18 milliards de kilowattheures. De quoi couvrir 30% de la consommation de l’ancienne région Rhône-Alpes sans aucune émission de dioxyde de carbone.

Le Grand Carénage, un chantier d’envergure

30 ans plus tard, le réacteur 1 de la centrale nucléaire de Saint-Alban est à l’arrêt afin de passer son contrôle technique des 30 ans. Une visite décennale qui consiste notamment à un réexamen périodique de sûreté : ce bilan règlementaire approfondi permet d’analyser le respect des normes de l’installation nucléaire, en fonction notamment des retours d’expérience provenant du parc nucléaire mondial. En France, c’est l’Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN) qui possède la responsabilité d’évaluer l’aptitude du réacteur à poursuivre son exploitation.

Cette visite périodique du réacteur 1 de la centrale de Saint-Alban, située à 50 km en aval de Lyon, en Isère, présente cependant une importance particulière puisqu’elle est réalisée dans le cadre du Grand Carénage d’EDF. Ce vaste et ambitieux programme, dont le coût est estimé à près de 48 milliards d’euros, vise à prolonger la durée de vie des réacteurs nucléaires du parc français au-delà de 40 ans.

« Le parc nucléaire français est relativement jeune, 30 ans de moyenne d’âge. À l’international, beaucoup d’exploitants ont des permis d’exploitation qui vont jusqu’à 60 ans. C’est à dire que techniquement les centrales nucléaires, à partir du moment qu’elles sont bien entretenues, ce qui est le cas du parc d’EDF, peuvent fonctionner longtemps », estime Xavier Ursat, directeur chargé de l’ingénierie et du nouveau nucléaire d’EDF.

Moderniser les équipements nucléaires français

Pour la seule centrale nucléaire de Saint-Alban, le coût total des travaux du Grand Carénage est chiffré à 1 milliard d’euro sur une dizaine d’années. En premier lieu, les techniciens en charge de ces imposants travaux ont pour mission de remplacer les gros composants historiques de la centrale comme les réchauffeurs du condensateur, le rotor ou encore le stator de l’alternateur. Mais les travaux comprennent également la mise aux normes du site ou la modernisation de certains équipements.

Le site isérois a par exemple vu la construction d’un nouveau bâtiment de 25 mètres de haut afin d’accueillir de gigantesques moteurs diesels dit « d’ultime secours ». Leur rôle est de fournir de l’électricité à l’ensemble de la centrale afin de pallier à la défaillance des diverses alimentations électriques de la centrale (et éviter que le centre de pilotage se retrouve plongé dans le noir) en cas de séisme ou d’inondation. L’installation de ces deux moteurs est une conséquence directe de l’accident de Fukushima de 2011 au Japon.

Au-delà de l’aspect réglementaire, ces importants travaux permettent également de stimuler l’économie de la région. Certaines semaines, ce ne sont pas moins de 3.000 ouvriers qui travaillent sur le site nucléaire de Saint-Alban. Ces techniciens sont notamment issus des 942 entreprises sous-traitantes qui œuvrent à l’amélioration du site (et qui sont habituellement 590).

Introduire les outils numériques pour gagner en compétitivité

La rénovation de la salle des commandes et la modernisation du contrôle commande sont également une partie importante du chantier. L’objectif est bien évidemment d’introduire les outils numériques dans la gestion de la centrale. « L’aéronautique et l’automobile l’ont fait plus vite, plus fort et plus complètement que nous, il faut avoir l’humilité de le reconnaître », explique à ce titre M. Ursat.

Le passage au numérique répond à des impératifs d’amélioration de la performance des équipements. Et notamment la rénovation du pilotage de la centrale. « On a un peu changé d’ère en passant des enregistreurs papier aux enregistreurs numériques. Ce n’est pas cosmétique. Cela donne accès à des informations importantes en une image et cela améliore le confort d’exploitation », explique Guillaume Guichard, chef de service conduite de la tranche 1.

Enfin, EDF ambitionne d’introduire des « jumeaux numériques » sur l’ensemble de ses centrales nucléaires. Il s’agira de déployer de « véritables clones virtuels de nos centrales, réalisés sur la base de scans laser et de photos 3D », explique Pierre Béroux, directeur de la transition numérique industrielle d’EDF. L’objectif étant de s’appuyer sur ces outils numériques pour gagner en compétitivité et réaliser des économies. « L’ambition est de tendre vers les objectifs atteints par d’autres secteurs, comme l’aéronautique, qui affiche un gain de 30% de compétitivité sur ses projets ».

Un chantier en deux parties

Si les travaux battent leur plein, le chantier n’est pas encore terminé à Saint-Alban. Le raccordement du premier diesel d’ultime secours est prévu courant juillet 2017. Le second sera relié au réacteur 2 en août 2018. Cette mise aux normes représente un investissement de 70 millions d’euros.

La reconfiguration et la numérisation de la salle de commande du réacteur 1 sont désormais terminées. Les équipes d’EDF attendent maintenant de s’atteler à la même tâche sur le contrôle commande du réacteur 2.

Le réacteur 1 a été stoppé en janvier dernier. Son Grand Carénage est à l’heure actuelle réalisé à 84% selon Francis Nietto, directeur de la centrale. Le réacteur 2 est encore en fonctionnement : son carénage n’en est qu’à ses débuts, et sera véritablement lancé qu’en 2018.

 

Crédit photo : @EDF Frédérick Jacok

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