Alerte sur les réseaux ! Ils ne pourront pas absorber le boom de la mobilité électrique
Une tribune signée Arnaud Banner, Directeur technique et innovation d’Omexom.
La mobilité électrique connaît un essor sans précédent. Déjà hyper sollicités avec l’intégration des énergies renouvelables, les réseaux électriques ne pourront pas absorber une demande de cette ampleur. Afin d’accompagner les nouveaux usages de l’électricité et de répondre aux exigences environnementales, il va falloir transformer le réseau électrique existant avec tous les acteurs concernés, producteurs d’énergie, gestionnaires, et constructeurs des réseaux électriques, régulateur, collectivités, constructeurs automobiles.
Désormais personne ne peut se permettre d’avancer dans son coin. Les réseaux n’y survivraient pas !
Boostée par la COP21 et les incitations gouvernementales, la baisse des prix des véhicules électriques, les évolutions technologiques en termes de recharge rapide, mais aussi par les comportements de plus en plus écoresponsables des consommateurs, l’électromobilité fait son chemin. Depuis ces trois dernières années, les voitures électriques se glissent, sans bruit, au milieu de nos automobiles traditionnelles.
Plus de 100 000 véhicules ont été immatriculés en 2016, et le gouvernement annonce un objectif de 6 millions de voitures électriques en 2030. Des bornes de recharge rapide ou des systèmes par induction disséminés sur les territoires vont fournir l’énergie dont les véhicules auront besoin. Mais derrière cet engouement se cachent de nombreuses interrogations relatives aux questions énergétiques.
Comment va-t-on alimenter les millions de voitures électriques des prochaines décennies ? Si aujourd’hui le réseau de distribution électrique alimente aisément les quelques milliers de voitures en service, qu’en sera-t-il lorsque l’électromobilité aura pris le pas sur l’essence et le diesel ?
Un réseau électrique perturbé par les énergies renouvelables réparties sur les territoires et l’électromobilité
De tout temps, le réseau électrique a fonctionné selon le modèle séquentiel production-transport-distribution-consommation. Mais depuis quelques années, l’arrivée des énergies renouvelables, injectées sur le réseau avec leur intermittence inhérente liée aux fluctuations de la météo, perturbe le réseau de transport et de distribution énergétique.
Et pour cause, le réseau n’a pas été conçu pour accueillir ces énergies renouvelables, pas plus qu’il ne l’a été pour alimenter des millions de véhicules électriques. Ni pour supporter l’innovation en cours de « véhicule to grid » qui permettrait de transférer la charge d’une voiture sur le réseau lorsqu’elle est inutilisée et devenir ainsi un producteur d’électricité intermittent !
Face à ces nouveaux usages, des techniques sont aujourd’hui développées et utilisées pour assurer le fonctionnement du réseau. Afin de faire transiter plus de courant sur les infrastructures électriques, les lignes haute et moyenne tension sont renforcées. La numérisation des réseaux, les smart grids, permet d’améliorer et d’optimiser le flux d’énergie qui y transite afin de moins le solliciter.
Tous les acteurs doivent, ensemble, inventer le réseau électrique intelligent de demain
Ces techniques ne seront pourtant pas suffisantes pour répondre à la demande croissante en électricité. C’est l’énergie qui croît le plus vite ! En France en 2050, elle pourrait s’élever jusqu’à près de 50% de la consommation totale d’énergie (source NegaTep / 38% selon l’ADEME), alors qu’en 2011 elle en représentait 24 %. La transformation en cours en matière de consommation et de production d’énergie oblige les acteurs de la filière à inventer un nouveau réseau électrique intelligent.
On pense aux producteurs d’énergies, gestionnaires de transport et de distribution électrique, constructeurs de réseaux et intégrateurs de solutions. Cependant pour que ce réseau puisse répondre aux usages de façon durable, cela suppose de faire également participer tous ceux qui viendront le solliciter : constructeurs automobiles, collectivités, habitants… voire urbanistes, dans le cadre de l’intégration des usages dans la ville.
Actuellement, toutes les parties prenantes travaillent en silo, sans se préoccuper de savoir comment le réseau électrique pourrait absorber leurs exigences. Pourtant, c’est tous ensemble que nous pourrons limiter les coûts et concrétiser véritablement la transition énergétique. Toutefois, à chaque région sa géographie et ses solutions de réseaux électriques intelligents.
Tout l’écosystème va donc devoir se mettre autour d’une table pour trouver des solutions et travailler à la mutualisation des infrastructures afin de développer un réseau électrique intelligent capable de répondre aux montées en charges et d’exploiter le mix énergétique.
Le véhicule électrique prendra l’ascendance sur les véhicules traditionnels si le réseau de transport et de distribution électrique se transforme afin d’en faciliter l’usage.
COMMENTAIRES
Vision pessimiste de la capacité des réseaux à absorber ces nouvelles charges. Smartgrid
, recharge intelligente, batterie V2g, stockage de l énergie, évolution de la autoconsommation, voitures gnv ou pile à combustible. Autant de paramètres qui devrait limiter les investissements du distributeur de énergie.
Bonjour,
J’aimerais recevoir les newsletters autour des sujet de l’énergie.
Merci par avance.
Cordialement,
V. BLANES