prix gaz naturel resteront extremement volatils pendant cet ete cet hiver - Le Monde de l'Energie

« Les prix du gaz naturel resteront extrêmement volatils pendant cet été et cet hiver »

Le spécialiste américain des matières premières Robert P. Ryan, du cabinet BCA Research, apporte au Monde de l’Energie son éclairage sur la crise du gaz naturel en Europe et ses impacts sur les marchés de l’énergie, des engrais et des céréales.

Le Monde de l’Énergie —Selon vos analyses, quel est le risque de rupture totale de l’approvisionnement en gaz russe pour les pays de l’Union européenne ? Quelles en seraient les conséquences ?

Robert P. RyanLa Russie a envoyé environ 155 milliards de m3 de gaz naturel à l’UE en 2021, ce qui représente 40 % de la consommation totale de gaz de l’UE. À ce jour, environ 60 % de ces volumes ne sont plus acheminés vers l’UE. Actuellement, l’UE dépend du gaz russe livré par le gazoduc Nord Stream 1 (NS1) pour 20 % de ses besoins totaux.

Lundi, Gazprom a entamé un programme de maintenance de 10 jours sur le NS1, ce qui, selon nous, fournira au président russe Vladimir Poutine un prétexte pour interrompre tout flux de gaz vers l’Europe. Cela dit, le Canada ayant accepté de passer outre les sanctions en restituant à Gazprom un compresseur Siemens nécessaire au NS1, les marchés auront l’occasion de réévaluer la stratégie finale de la Russie pour contraindre l’Europe à renoncer aux sanctions en général.

Le Monde de l’Énergie —Comment les pays européens, en particulier l’Allemagne et l’Italie, se préparent-ils à cette éventualité ? Quels effets auront leurs choix énergétiques sur les émissions de gaz à effet de serre ?

Robert P. RyanLes responsables allemands et italiens continuent de préparer leurs citoyens à une coupure totale du gaz russe via le NS1. Une partie de ces importations perdues sera remplacée par du charbon pour alimenter les centrales électriques de l’UE. Le cabinet de conseil Aurora Energy estime qu’environ 7 milliards de mètres cubes de gaz naturel seront remplacés par la relance d’anciennes centrales au charbon. Cela augmentera les émissions de CO2 et de GES d’environ 22 millions de tonnes de CO2e.

Le Monde de l’Énergie —Comment les prix sur le marché du gaz devraient évoluer dans les mois à venir ?

Robert P. RyanNous prévoyons que les prix du gaz naturel resteront extrêmement volatils dans le monde entier pendant cer été et cet hiver, alors que les opérateurs de stockage s’efforcent de constituer des stocks. L’indice de référence du gaz naturel liquéfié (GNL) en Asie a dépassé 40 $/MMBtu la semaine dernière, incitant les acheteurs à retirer leurs offres et à annuler des appels d’offres en raison des prix élevés. Les États-Unis connaissent également une demande accrue de gaz naturel de la part des producteurs d’électricité, en raison de la hausse des températures et de la demande de climatisation. Cela pourrait réduire le volume des exportations des États-Unis vers l’Europe et l’Asie à mesure que l’année avance.

La demande européenne de GNL reste extrêmement forte. Au cours des cinq premiers mois de l’année, l’Europe a importé un peu moins de 15 Gpc/j de GNL, dont environ 8,5 Gpc/j en provenance des États-Unis. L’Administration américaine d’information sur l’énergie prévoit que les exportations américaines de GNL atteindront une moyenne d’environ 12 Gpc/j cette année et en 2023. L’Europe a représenté un peu moins de 75 % des exportations américaines entre janvier et avril de cette année, et nous pensons que cette tendance se poursuivra. L’AIE s’attend à ce que la Russie fournisse 25 % de la demande de l’UE cette année, soit le niveau le plus bas depuis 20 ans.

Le Monde de l’Énergie —Quels effets aura cette situation sur le marché des engrais et, par contrecoup, sur celui des céréales en 2022 et 2023 ?

Robert P. RyanLa hausse des prix du gaz naturel se répercute directement sur les prix des engrais, puisque le gaz naturel représente environ 70 % du coût de fabrication des engrais. À mesure que la récolte mondiale de céréales progresse cet été, production et rendements restent élevés, ce qui devrait permettre de maîtriser les prix du blé et du maïs en particulier.

Toutefois, lorsque les cultures seront plantées plus tard cette année et en 2023, nous prévoyons que la hausse des coûts des engrais réduira la demande d’engrais des agriculteurs. Cela se traduirait, toutes choses égales par ailleurs, par une baisse des rendements par acre et une diminution de la production de céréales.

commentaires

COMMENTAIRES

  • Je cite ds le texte que personne ne reprend !?
    Par ce qui suit on comprend bien mieux pourquoi les « attachés au computer » soient aussi peu réactifs !
    « Les responsables allemands et italiens continuent de préparer leurs citoyens à une coupure totale du gaz russe via le NS1.
    les marchés auront l’occasion de réévaluer la stratégie finale de la Russie pour contraindre l’Europe à renoncer aux sanctions en général ».
    quelques extraits qui vont ds le même sens :
    D’une part
    L’industrie chimique allemande a tiré la sonnette d’alarme. Martin Brudermüller, le patron de l’entreprise chimique géante BASF s’est clairement opposé à un éventuel embargo sur le gaz russe :
    « Cesser nos importations de gaz russe causerait des dégâts irréversibles à l’économie nationale […] cela pourrait plonger l’économie allemande dans sa plus grande crise depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale ».
    Non seulement le gaz naturel est une matière première de l’industrie chimique et pétrochimique — y compris pour produire l’hydrogène, la nouvelle vedette du monde politique, mais aussi pour alimenter en chaleur tous les processus industriels. Ce qui fait dire à Martin Brudermüller que c’est « une menace existentielle pour les PME allemandes
    D’autre part :
    les citoyens allemands ne peuvent pas non plus passer l’hiver sans chauffage. C’est pourquoi le gouvernement s’efforce, à juste titre, d’accumuler le plus de gaz possible dans ses installations de stockage souterraines. Mais il faudra au moins cinq ans pour que l’Allemagne soit libérée de sa dépendance vis-à-vis de la Russie. Les erreurs de géopolitique énergétique se paient cher et longtemps. Moscou le sait, c’est pourquoi il a osé lancer la guerre en Ukraine.

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