« Rejoindre la filière nucléaire, c’est contribuer à imaginer des solutions pour réduire l’empreinte carbone »

Les entreprises dans le secteur nucléaire ont du mal à trouver des profils spécialisés. Il manque des ingénieurs, spécialistes, et les étudiants ne sont pas nombreux à s’intéresser à ce type d’études. On a voulu en savoir plus avec Lionel Reversat, Président de Seres Technologies et de Stedy, sociétés de conseil en ingénierie et technologie.

Le secteur nucléaire a du mal à recruter. Comment expliquez-vous ces difficultés ?

Malgré quelques avancées, l’industrie dans son ensemble peine encore à se défaire des vieux clichés qui lui collent à la peau : un secteur « vieillot », particulièrement exposé aux délocalisations, avec une pénibilité de l’emploi plus forte qu’ailleurs.

Même si la réalité est et sera de plus en plus à l’opposé de cette image, la filière nucléaire comme beaucoup d’autres paie les frais de cette crise d’attractivité des métiers de l’industrie, et les compétences manquent pour accompagner son rythme de développement.

Ce déficit de compétences aurait même largement contribué aux difficultés du chantier de l’EPR de Flamanville d’après le rapport remis à Bercy fin 2019 par Jean Martin Folz.

Quels sont les leviers/solutions pour attirer plus de jeunes ingénieurs/techniciens dans cette filière ?

A court terme, il faut mettre en place des programmes de formation et de reconversion de salariés vers les métiers du nucléaire. La Préparation opérationnelle à l’emploi (POE) est un dispositif proposé par Pôle Emploi, qui permet un co-financement des formations, que nous avons mis en place et qui a donné des résultats.

Les grands acteurs du secteur développent de plus en plus leurs propres cursus de formation, jusqu’à créer des écoles dédiées, et ces initiatives sont à multiplier.

Sur le moyen et long terme, mieux valoriser auprès des plus jeunes les opportunités de carrières offertes par la filière nucléaire est le premier chantier auquel il faut s’atteler. Donner à voir la richesse des métiers, de leurs contenus comme de leur diversité, montrer que les challenges sont nombreux et passionnants, et aussi qu’ils ne sont pas réservés aux hommes, même au sein des unités de production. Il faut également mieux valoriser l’alternance, qui a vocation à irriguer les besoins en compétences de la filière, en techniciens qualifiés notamment.

Et rappeler aussi souvent que possible que rejoindre la filière nucléaire, c’est contribuer à imaginer et mettre en place des solutions pour réduire l’empreinte carbone générée par l’activité humaine, une urgence absolue pour agir sur le réchauffement climatique.

La réduction de la part du nucléaire dans le mix énergétique français n’oriente-t-elle pas les jeunes, du coup, vers les énergies renouvelables ?

Les énergies renouvelables attirent incontestablement, et c’est une très bonne nouvelle, d’autant que celles-ci progressent : en France, l’éolien s’est hissé pour la première fois l’an dernier au troisième rang de la production d’électricité, devant les centrales thermiques au gaz ou au charbon.

Mais cette tendance ne « siphonne » pas les viviers de talents dont la filière nucléaire a et aura encore longtemps besoin, la programmation pluriannuelle de l’énergie prévoyant que la part du nucléaire dans la production d’électricité à l’horizon 2035 sera encore de 50%.

Enfin, beaucoup de jeunes savent aussi que rejoindre la filière nucléaire, c’est s’impliquer concrètement et efficacement pour réduire l’empreinte carbone générée par nos modes de vie, une urgence absolue pour agir sur le réchauffement climatique.

Les étudiants et jeunes diplômés d’écoles d’ingénieur sont parmi ceux qui se montrent les plus sensibles à ces sujets. Selon le dernier baromètre Epoka/Harris Interactive, l’impact environnemental des entreprises et leurs actions RSE notamment sont passés en deux ans de la 11e à la troisième place des critères qu’ils considèrent en priorité lorsqu’ils choisissent de postuler dans une entreprise.

Et EDF se classe en 2020 au premier des entreprises préférées des étudiants et jeunes diplômés dans le secteur de l’énergie, et 2e tous secteurs confondus chez les ingénieurs (+4 par rapport à 2019).

Dans quels métiers du nucléaire manque-t-on le plus de bras ?

Les soudeurs sont peut-être les profils qui font le plus défaut. Mais on manque de professionnels dans de nombreux domaines, comme la sécurité, la sûreté nucléaire, la radioprotection, l’environnement, la maintenance, le démantèlement, l’exploitation, le management de projets et bien sûr, l’informatique et le numérique.

Le rôle des sociétés de conseil en ingénierie comme Seres Technologies et StedY est donc crucial pour aider les acteurs de la filière à maintenir leurs plans de charge, en étant accompagnés par des consultants ingénieurs qualifiés.

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