« La maison brûle et nous regardons ailleurs »

Peu nient encore l’origine anthropique du dérèglement climatique. Pourtant, les politiques procrastinent et chacun de nous, au mieux regarde ses chaussures, au pire cherche un bouc émissaire : État et gouvernants, industriels et voisins insoucieux.

En dépit du fameux mea culpa de J. Chirac « La maison brûle et nous regardons ailleurs », prononcé au « Sommet de la Terre » de Johannesburg, l’hypocrisie continue.

A la COP26, l’Allemagne s’engage à ne plus subventionner le charbon à l’international, mais elle se donne encore 17 ans pour sortir elle-même de son usage. Elle plaide aussi pour l’application du label « Vert » au gaz qu’elle et quelques autres (Belgique, Autriche et Danemark) refusent au nucléaire.

« Les centrales nucléaires » dénoncent les idéologues !

De Y. Jadot à J-L. Mélenchon, tous nos grands sachants le disent ; le béotien en est sûr : le fumet qui couronne les cheminées de nos centrales en bord de fleuves en témoigne.

Non, la fission nucléaire n’est pas une combustion !

Soucieux d’une opinion encore trop soumise au dogme anti-nucléaire relayé par des médias complaisants, pressés par les marchands d’EnR soutenus par les gaziers en embuscade, nos gouvernants s’engagent en 2015 à une neutralité carbone en 2050 et à la casse de 30% de notre potentiel nucléaire jusqu’en 2025.

Fin 2017, N. Hulot le reconnaît, tout le nucléaire est nécessaire au moins jusqu’en 2035. En avril 2020, la LTECV (Loi de transition énergétique pour la croissance verte) et la PPE (Programmation pluriannuelle de l’énergie) 2019-2028 confortent le projet de réduction de la part d’énergie électronucléaire à 50% du mix électrique en 2035.

Le nucléaire, ce pelé, ce galeux… il faut l’éradiquer. Le climat peut attendre

Rapport après rapport, le GIEC alerte sur l’aggravation de la menace climatique. COP après COP, on mesure le décalage entre engagements et résultats.

Tous les experts expliquent qu’au-delà des économies d’énergies, l’augmentation significative de la part électrique est indispensable. Dans un contexte de reprise économique après crise Covid, les prix des combustibles et carburants flambent. Perturbés par la faible fiabilité des éoliennes, très bien illustrée au cours des derniers mois, les prix de marché de l’électricité s’élèvent comme ceux du gaz.

Cependant, à moins de six mois de la Présidentielle, les « Insoumis » et les « Verts » rivalisent d’ambition pour …arrêter au plus tôt le nucléaire : le climat attendra.

Jamais à cours de propositions disruptives, casser le meilleur atout de lutte contre les émissions de CO2, au moindre coût, sans trop réduire confort et libertés, est leur priorité.

Heureusement, la faible productivité et l’intermittence des nouvelles EnR sont de mieux en mieux connues. La faillite de la « révolution » énergétique allemande (Energiewende) ne peut être ignorée par nos dirigeants et de nos prétendants à le devenir. Va-t-on enfin sortir du dogmatisme et du non-dit ?

Non, l’enjeu Climat-Energie ne se résume pas à la sobriété énergétique et aux technologies nouvelles

La France doit conserver et prolonger sa production nucléaire, disponible à la demande et réactive aux grandes perturbations intempestives des réseaux, aussi longtemps que les conditions technico-économiques et de sûreté le permettront.

Le parc nucléaire actuel, récemment amputé de Fessenheim (1,8 GW, 2,8% de sa puissance totale, et de 10 à 12 TWh/an) reste capable de produire 380TWh/an. Âgé de 36 ans, il a une durée de vie résiduelle d’au moins 25 ans (des dizaines de réacteurs aînés ont dépassé 40, 50 et même 60 ans aux USA).

De quoi permettre la montée en puissance progressive d’au moins autant de nouvelles capacités nucléaires (des EPR de série, dit EPR2, enrichis des 5 premières expériences, dont le lancement de programme a déjà trop tardé, des réacteurs à neutrons rapides (RNR U238-PU239), dits de génération IV, une filière lâchement sacrifiée par l’alliance improbable de deux prêtresses antinucléaires qui se succèdent entre 1995 et 1998 au ministère de l’Environnement et par l’abandon en 2019 du projet ASTRID, (enfin une filière), avant d’envisager la filière Thorium et la filière à fusion encore très incertaine.

Les RNR porteraient à 3000 ans de production annuelle moyenne (400TWh), nos réserves stratégiques d’uranium (3 recharges neuves et 300 kt de combustible « usé »…à 5%) et réduirait très fortement les quelques milliers de m3 de déchets à haute activité et à vie longue.

Une telle prolongation permettrait à la France de continuer d’éviter l’émission de 300 Mt de CO2 supplémentaires par an, par comparaison au « tout EnR » (plus gaz et charbon), auquel sont condamnées l’Allemagne et la Belgique, après l’arrêt total du nucléaire, respectivement en 2023 et 2026.

 

commentaires

COMMENTAIRES

  • Parfaitement d’accord.
    J’ajouterai cependant quelques points :
    – Nous sommes les meilleurs concernant le taux de CO2 pour notre production électrique.
    Même simplement par amour propre, mais aussi pour le climat, je souhaiterai rester à ce niveau.
    Or, toute source intermittente doit disposer d’un back_up de même puissance, qui ne peur être que des centrales à gaz.
    Pourquoi ne pas continuer à 70% de nucléaire ?
    – On dit que nous ne saurions pas construire assez de centrales nucléaires dans les délais voulus.
    Il me semble surtout que, pour y arriver, il faut construire un plan sur 30 ans de construction d’une cinquantaine de centrales, et que si l’engagement de l’État est suffisamment ferme et responsable, on a su faire, et on saura faire. Parole d’ingénieur vieux routard de la grosse industrie.

    Répondre
  • Les écolos politiques, antinucléaires par dogme, tels que négaWatt s’appuient comme dit dans l’article sur la « sobriété énergétique » et le développement de « technologies nouvelles ».
    En première approche, le quidam venu pourrait juger ces principes justes et vertueux.
    Mais le diable est dans les détails ! En effet
    – la sobriété promue par les écolos conduit à abandonner notre voiture pour le transport en commun ou le vélo (si, si), et notre maison pour les appartement collectifs. Et à faire preuve de « flexibilité » dans notre consommation d’électricité, c’est à dire accepter de ne consommer que quand le vent souffle dans les éoliennes. Est-ce un progrès social ?
    – les technologies nouvelles sont l’éolien et le solaire, qui produisent une électricité intermittente, mais l’ADEME (nid d’écolos) a trouvé la parade : on stocke les surplus d’électricité dans de l’hydrogène ou du gaz naturel pour le réutiliser en période de pénurie. Oui mais : ces technologies restent à déployer, et leur rendement physique sera tellement faible que le coût de l’électricité sera 3 fois celui d’aujourd’hui… si ça marche !
    Bref, quand on se penche sur ces « détails », il n’y a pas de quoi rêver.

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