« ITER est déjà un succès »

Où en est la construction du réacteur thermonucléaire expérimental international ITER, projet de réacteur nucléaire de recherche civil à fusion nucléaire de type tokamak, situé à Cadarache ? Éléments de réponse avec Sebastien König, ITER Scheduling Responsible Officer, Building & Construction Project Control Section.

Quel est exactement le statut du projet ITER ? Où sommes-nous actuellement ? Comment les choses sont-elles planifiées ?

Le projet ITER est actuellement en construction et est entré dans la phase d’assemblage du Tokamak (un Tokamak est un dispositif qui utilise un champ magnétique puissant pour confiner le plasma chaud en forme de tore). Fin août 2020, le projet a réalisé 70,8% des travaux requis pour le premier plasma.

La base du cryostat et le cylindre inférieur du Tokamak sont maintenant en place. Le premier secteur de chambre à vide et les bobines de champ toroïdal sont livrés et seront bientôt pré-assemblés. Au cours des deux prochaines années, la plupart des secteurs seront pré-assemblés et placés dans la fosse du Tokamak.

La technologie de planification est essentielle pour fournir une vue unique d’un projet complexe impliquant de nombreuses équipes, pays, langues, composants et actions. L’organisation ITER et les sept agences domestiques utilisent Oracle Primavera P6 EPPM pour gérer le calendrier du projet.

L’échéancier du projet comporte plusieurs niveaux de hiérarchie. Le plan de référence s’établit sur plus de 20000 activités, tandis que l’exécution détaillée des travaux est planifiée avec plus de 270000 activités intégrées avec plus de 340000 relations.

Cette dépendance à la solution de planification a permis à ITER d’élaborer le meilleur échéancier techniquement réalisable et estimer les ressources associées. Elle permet aussi de définir les principaux jalons sur lesquels le conseil d’ITER se concentre et fournir un rapport régulier par rapport à ces jalons.

Elle accroît par ailleurs la confiance en surveillant de près les risques et les opportunités du projet et en suivant les écarts potentiels par rapport au plan de référence. Enfin, elle a permis d’aborder collectivement les problèmes, en travaillant dans le contexte du COVID-19, pour trouver de nouvelles façons de travailler pour faire avancer le projet, tout en planifiant et en préparant l’avenir.

Sans cette technologie, nous ne pourrions pas démontrer la faisabilité d’un tel projet. Nous aurions également besoin de prendre davantage de contingence sur les coûts et l’échéancier.

La solution permet aux partenaires d’ITER de gagner en confiance car ils peuvent voir ce qu’il est impossible de voir sans cet outil.

Pourquoi ce projet est-il si titanesque et complexe ?

ITER est en effet un projet de construction unique en son genre en termes de complexité, de gouvernance et de technologie.

Plus de 30 pays collaborent pour construire le plus grand tokamak du monde, un dispositif de fusion magnétique qui a été conçu pour prouver la faisabilité de la fusion en tant que source d’énergie à grande échelle et sans carbone basée sur le même principe qui alimente notre soleil et nos étoiles.

La campagne expérimentale qui sera menée à ITER est cruciale pour faire progresser la science de la fusion et préparer la voie aux centrales de demain.

La taille et le poids des principaux composants, les petites tolérances et la manipulation soigneuse requises pour l’assemblage de systèmes énormes et uniques, la diversité des fabricants, le calendrier serré, les interfaces complexes – tous ces éléments se combinent pour rendre l’assemblage de la machine ITER un défi d’ingénierie et de logistique aux proportions énormes.

En raison de sa complexité, le projet a besoin d’un échéancier précis, régulièrement revu et facile à communiquer à la direction et aux différentes équipes de projet. Oracle Primavera P6 EPPM fournit la solution requise pour gérer un projet aussi complexe de plusieurs manières:

  • Toutes les activités de fabrication, de construction et de mise en service sont planifiées à l’aide de Primavera P6.
  • L’avancement des travaux réalisés est mesuré et communiqué par rapport au plan de référence.
  • Des scénarios alternatifs peuvent être simulés et des modifications au plan de référence peuvent être formulées et demandées.
  • Les informations capturées dans Primavera P6 EPPM sont utilisées pour alimenter les systèmes développés pour gérer l’ensemble des travaux d’ingénierie.
  • Il permet de se concentrer sur les activités critiques et d’identifier les activités à risque.

 Y a-t-il un risque qu’en fin de compte, ce projet ne réussisse pas ?

Il y a des risques pour tout projet. C’est pourquoi l’utilisation de solutions technologiques pour hiérarchiser, gérer et exécuter le projet est si essentielle pour atteindre ce succès.

Mais à certains égards, ITER a déjà été un succès, à la fois en raison de nombreuses percées technologiques liées à la fabrication de composants inédits et inédits, et en raison de la démonstration d’une approche sans précédent à des personnes de cultures, de langues et de secteurs aussi différents qui travaillent ensemble en harmonie vers un objectif commun.

Avec l’aide de Primavera P6 EPPM, l’organisation ITER et ses partenaires ont développé un échéancier techniquement réalisable jusqu’à l’opération Deutérium-Tritium en 2035.

L’échéancier est étroitement surveillé et suivi par rapport aux jalons convenus. Tout écart potentiel par rapport au plan de référence peut être identifié à un stade précoce et atténué. Primavera P6 EPPM aide l’équipe de projet à simuler des scénarios alternatifs et à formuler des demandes de changement dans un délai plus court.

De plus, nous utilisons une solution d’analyse quantitative des risques (Oracle Primavera Risk Analysis) pour identifier les activités à risque et analyser l’impact des actions d’atténuation.

Alors qu’ITER entre dans la phase critique de l’assemblage de la machine et des systèmes annexes, Primavera P6 EPPM et Primavera Risk Analysis soutiennent l’organisation ITER et les sept agences nationales pour une prise de décision et une résolution des problèmes plus rapides et plus éclairées.

Une fois assemblée, la machine ITER passera par une période de test et de mise en service avant de tenter la première expérience. Les activités de test et de mise en service sont désormais entièrement planifiées avec Primavera P6 EPPM et intégrées à l’échéancier d’assemblage. Cela minimise le risque qu’ITER connaisse des difficultés au démarrage.

 S’il réussit, pourrait-il être industrialisé ?

Oui. ITER est un dispositif expérimental conçu pour fonctionner avec un large éventail de conditions afin de mieux comprendre la physique du plasma chaud. Il permettra d’explorer les paramètres optimums pour le fonctionnement du plasma dans une centrale électrique.

Ces recherches aideront les scientifiques et les ingénieurs à ouvrir la voie à la production industrielle et commerciale d’énergie de fusion. La machine de la prochaine étape – un démonstrateur industriel appelé DEMO – démontrera la production à grande échelle d’énergie électrique.

Plusieurs conceptions pour une telle machine sont déjà envisagées par les membres d’ITER. Ces conceptions seront affinées au fur et à mesure qu’ITER entrera en service.

 

 

 

commentaires

COMMENTAIRES

  • Au-dela de la pub Oracle, le fait qu’un nombre important de pays s’investissent dans un tel projet est plutôt positif.
    En effet, si ça marche, ce sera de l’électricité inépuisable mais dont on ne connaitra le prix qu’après être entré en phase industrielle.

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  • Un projet à la réussite renvoyée aux calendes grecques , et encore ?
    Est-il impossible de rechercher des solutions plus modestes , certes moins flatteuses pour l’ego de « savants » imbus de leur science

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    • Iter n’est pas le premier Tokamak, mais ce sera probablement le premier à fournir plus d’énergie qu’il n’en consommera pour la produire. Mais cela ne durera au mieux que quelques secondes car si le confinement est à la mode pour d’autres raisons aujourd’hui, le confinement magnétique d’Iter ne tiendra pas longtemps face au niveau des énergies produites, il aura donc prouvé ce que l’on sait déjà sur un plan théorique, c’est-à-dire que l’on peut créer une fusion contrôlée :
      https://climso.fr/le-soleil-notre-etoile-20
      Mais beaucoup se leurrent en croyant que nous produiront de l’électricité avec cet instrument. En vérité, le véritable défie est celui du confinement pour lequel il n’existe pas aujourd’hui de solution durable au-delà de quelques secondes. Si un jour nous arrivons à résoudre le problème du confinement, la solution ne sera probablement pas magnétique.

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      • A ma connaissance ITER n’est même pas un « démonstrateur » il ne produira jamais d’énergie, ce n’est pas son rôle ni sa finalité. Il est là pour qualifier la faisabilité scientifique et technologique de la fusion à une échelle industrielle, donc des process, des matériaux, etc.

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        • Non, la première démonstration consiste précisément à prouver qu’il est possible de produire plus d’énergie que n’en consomme l’opération. il n’y a plus besoin de prouver que la fusion est possible depuis Hiroshima.

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          • Hiroshima n’a rien à voir avec la fusion. La bombe d’Hiroshima n’était pas une bombe H mais une bombe A, à fission.

          • Vous avez raison, c’est un lapsus atomique, on ne le sait non pas depuis 1945 mais seulement depuis 1952 quand les US on fait leur bombe H dans un désert de chez eux, c’était un meilleur choix ils n’ont tué que quelques serpents à sonnettesJe vous présente me excuses.

  • Certes, ITER sera construit et fonctionnera. Mais il n’a pratiquement aucune chance de servir à quoi que ce soit. Comme l’a souligné le regretté prix Nobel Pierre Gilles De Gennes, l’idée d’un réacteur thermonucléaire de type Tokamak est, pour très longtemps, une impasse technologique.
    En revanche, ITER est bien partie prenante dans la décadence de la science française. La décision du Président Jacques Chirac de surenchérir de façon insensée pour qu’ITER soit implanté à Cadarache a durablement plombé le financement de toutes les autres activités de recherche en France.
    En plus, avec l’inscription du principe de précaution dans la Constitution, Jacques Chirac est bien le fossoyeur de la recherche scientifique française.

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  • Ces dépenses , à fonds perdus ? , permettraient de donner toute sa place à la géothermie totalement délaissée en France car trop simple à mettre en usage pour les fanatiques de la technologie .On pense à l’engouement sans borne pour le TGV . il aura fallu des années pour en revenir .
    Quant aux réacteurs au thorium inutile de les évoquer , ils sont frappés d’ostracisme .

    Répondre
  • Si je partage bien l’idée que la fusion nucléaire est une très bonne chose, à preuve notre bon vieux soleil, je persiste à penser que c’est l’ego de quelques hommes qui a été à l’origine de ce projet, dont l’intention n’est rien moins que de vouloir produire de l’électricité avec une réaction extrêmement difficile á obtenir. Ne serait ce que pour des raisons économiques cette technologie n’aura jamais sa place.
    Des fois je me demande si ça ne relève pas du masochisme !
    Car entre nous exploiter la fusion nucléaire du soleil, c’est quand même plus simple non, c’est immédiat et sans danger et ça s’appelle le photovoltaïque.
    Enfin effectivement on s’en rendra compte dans quelques dizaines d’année, et lorsqu’on fera l’addition….
    Et oui que d’argent gâché !!!
    Et qui va payer ? Le contribuable. CQFD

    Répondre
    • Je suis grandement d’accord avec vous sauf su un point. Cette réaction (en fait il s’agit d’une cascade de réactions) n’est pas vraiment difficile à obtenir, moins difficile que la cascade de celles qui est active au cœur du Soleil qui elle part de l’hydrogène et dont une des étape est très peu probable et ne se réalise à l’intérieur du Soleil que parce que le nombre de particules en présence qui permet la concrétisation de cette étape est infiniment plus important dans un volume de quelques centièmes de mm3 de cœur de Soleil que nous pouvons l’obtenir dans un tokamak de 100 m3. C’est pour cela que les physiciens d’Iter partent d’ions d’atomes plus élaborés afin d’éviter cette écueil et que cela devient « facile ». La contrepartie est qu’il faut produire une température bien plus importante que celle du coeur du Soleil qui se « limite » à 15 millions de degrés, mais ce n’est pas un vrai problème. En revanche, ce qui reste le problème difficile c’est de garder confiné le plasma porté à des dizaines de millions de degrés car aucune matière ne peut résister à de telles températures sans se transformer elle même en plasma. On n’en n’est réduit à créer un « récipient » sans matière dont les parois ne seront que des champs magnétiques mais aujourd’hui des champs magnétiques du niveau de ceux nécessaires n’ont encore jamais été produit sur Terre. Je pense que l’on n’arrivera jamais à en créer qui pourraient rester permanents afin de pouvoir créer de l’énergie en continue. Je pense que nous ne sommes capable aujourd’hui et pour longtemps que de créer des champs d’une durée de vie très brève (quelques secondes, minutes peut-être un jour ?) avant que les lignes de forces elles-mêmes ne soient déformées et écartées sous la violence de la poussée radiative du plasma.
      C’est ce qui se passe dans le Soleil au niveau de la tachocline lorsque la poussée radiative mettent les ions en mouvement dans la zone convective et que la matière elle-même et non ses radiations remontent vers la photosphère et la résistance à la poussée de la matière convective est de plusieurs ordres de grandeur de ce que peuvent faire les supers aimants conçus pour Iter. Je crois que sans êtres des héliophysiciens les concepteurs d’Iter savent bien tout cela, et ne se font pas trop d’illusions non plus, et qu’ils seront tout a fait satisfait s’ils arrivent simplement à créer durant 5 à 6 secondes plus d’énergie qu’ils n’en n’ont utiliser pour la produire. Et moi j’applaudirai aussi durant 5 à 6 secondes et je dirai : Et maintenant ?

      Répondre
  • En définitive il y a quelque parenté entre ITER qui produira quelques secondes plus d’énergie qu’il n’en consommera, et certains dispositifs géants de récupération d’énergie renouvelable dont les partisans sont tout fiers d’annoncer, quelques jours par an de météo violente, que leur système a produit plus que le thermique.

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