france doit orienter efforts decarbonation vers secteurs plus emetteurs - Le Monde de l'Energie

La France doit orienter ses efforts de décarbonation vers les secteurs les plus émetteurs

Une tribune signée par l’association Sauvons le Climat, qui défend un scénario de sortie des combustibles fossiles dans une optique « positive, scientifique, cartésienne », sous la plume d’Eric Maucort, ancien cadre dirigeant d’EDF, président de l’association.

Les efforts de décarbonation doivent, au niveau français, être à l’évidence orientés vers les secteurs les plus émetteurs.

Il faut mettre fin à la fascination irraisonnée sur la production d’électricité alors que c’est un domaine sur lequel la France occupe depuis des années une position privilégiée (les émissions représentent moins de 5% des émissions du pays). Cette focalisation sans fondement, matérialisée dans la loi Transition Energétique pour une Croissance Verte, éloigne l’attention des domaines sur lequel les progrès les plus importants restent à faire.

Il est essentiel que les politiques déployées s’inscrivent dans une vision globale qui, au delà des dimensions environnementales, intègre les aspects économiques et sociaux. Elles doivent aussi s’inscrire dans la durée. Il est essentiel enfin qu’elles soient basées sur les réalités techniques et scientifiques en se basant sur les technologies existantes et non sur l’espoir porté par telle ou telle innovation potentielle (qui pourra être intégrée quand elle atteindra la maturité).

Les transports : quelles voies de décarbonation ?

En 2021, le secteur des transports représentait 30% des émissions du pays soit 119 millions de tonnes équivalent CO21, les véhicules légers étant à eux seuls à l’origine de 70 Mt. Il est donc logique d’engager rapidement une politique de décarbonation des transports individuels globale, cohérente et déterminée qui intègre, dans la durée, ses impacts sociaux. Transports collectifs, circulations douces, véhicules électriques (et infrastructures adaptées), véhicules basse consommation sont à intégrer en tenant compte des spécificités des territoires (la ville n’est pas la campagne). La question de la production des batteries, balbutiante en Europe et sur laquelle les pays asiatiques ont pris la main depuis des années, est à intégrer, parce qu’elle est essentielle pour la souveraineté européenne.

Le transport lourd (32 Mt) doit également faire l’objet de politiques déterminées favorisant les modes les plus respectueux de l’environnement. Le niveau de décarbonation de l’électricité française est, à ce titre, un atout essentiel pour le transport ferroviaire.

Agriculture, industrie, bâtiment

La politique agricole, à l’origine des émissions de 81 Mt doit probablement faire l’objet d’une approche globale, intégrant son objectif fondamental d’alimentation des populations mais aussi son rôle essentiel dans l’entretien des espaces et des paysages. Elle ne doit, d’autre part, pas être regardée uniquement comme une des causes du problème, mais également comme un pourvoyeur de solutions par la capacité d’absorption des sols ou par l’usage raisonné de la méthanisation de ses déchets.

L’industrie (78 Mt) doit être développée au bénéfice de la souveraineté du pays, mais aussi de l’emploi. L’électrification des process industriels qui peuvent l’être doit devenir, grâce à notre électricité décarbonée, un avantage comparatif pour l’industrie française dans la compétition internationale.

Dans le domaine du bâtiment (76 Mt), malgré les efforts réalisés depuis des années, les émissions ont très peu baissé. La RT 2012 a favorisé le développement du chauffage gaz dans le neuf, ce qui était une erreur manifeste. Les réglementations doivent obligatoirement prioriser le recours aux seuls vecteurs énergétiques décarbonées : les énergies renouvelables thermiques et l’électricité. Le changement de mode de chauffage, en particulier par le recours aux pompes à chaleur, est, dans la majorité des cas, la façon la plus économique et la plus rapide de diminuer les émissions de gaz à effet de serre. En complément, les investissement dans la rénovation sont à poursuivre en priorisant les opérations les plus rentables vis a vis des économies à réaliser, et en premier lieu les passoires thermiques dont la rénovation présente, de plus, une dimension sociale qui en renforce l’intérêt.

La France est bien placée en matière de production d’électricité grâce à son mix nucléaire-hydraulique. Cet avantage doit être conforté et renforcé compte tenu de la hausse attendue des besoins en électricité. En effet, si les efforts de sobriété et d’efficacité énergétique entraineront une baisse de la demande en énergie, le développement des usages entrainera une hausse de la part de l’électricité dans la demande en énergie et, au final, un besoin en électricité accru : moins d’électricité par usage, mais plus d’usage pour l’électricité.

Il est temps de sortir des faux débats et, comme le demande le Haut Conseil pour le climat, de « mettre en œuvre les solutions ». On peut préciser « les bonnes solutions, celles dont l’efficacité est démontrée par les réalités scientifiques ».

 

Retrouvez aussi les deux premiers volets de notre série de tribunes de Sauvons le climat :

1Source ; Haut Conseil pour le Climat Rapport annuel 2022 (comme tous les chiffres de cette page)

commentaires

COMMENTAIRES

  • Les transport d’abord, parce que c’est la plus grande part des émissions, mais le lobby pétrolier qui s’était adjoint son principal client en la personne des dirigeants de constructeurs d’automobile ont convaincu tellement de monde que le VE était une calamité qu’il sera difficile de rétablir la réalité. pour cet acte de sabotage de l’avenir et de la construction automobile, celle qui les nourri, ces dirigeants devraient être licentiés pour faute grave, et sans indemnités.

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    • @ »Père Vert » Serge,

      Vous avez oublié Un des GRANDS COPAIN (copain voulant dire qu’on partage le même pain !!!) des Pétroliers/Gaziers qui EST LE SECTEUR des ENRi !!! Vive le Copinage et Vive les Combines…

      Pour ce qui est des VE, il y a de forts risques avec des véhicules de même taille qu’aujourd’hui que les Fluxde Matières ne soient pas là !!! Il faut absolument des véhicules plus petits et aussi et surtout si l’on considère la sidérurgie (et autres industries) amont pour faire la carcasse et les équipements divers des Véhicules !!! Des VE de 2 tonnes ou une voiture à moins de 5 litres réel au 100km, mieux vaut la petite thermique dans bien des pays sur le cycle complet (notamment en Allemagne avec son accoutumance au Lignite complète !) !!!

      Notre « Père Vert » Pépère Serge toujours à vouloir mettre sa morve blanchâtre de partout !!! (mais d’où sort-elle !? de son Pif ou de la bouche de sa tête de Gland !)

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      • @ APO tout à fait « Thierry » par tes propos à son égard
        « Des VE de 2 tonnes ou une voiture à moins de 5 litres réel au 100km, mieux vaut la petite thermique dans bien des pays sur le cycle complet (notamment en Allemagne avec son accoutumance au Lignite complète !) !!! »
        « Notre « Père Vert » Pépère Serge toujours à vouloir mettre sa morve blanchâtre de partout !!! (mais d’où sort-elle !? de son Pif ou de la bouche de sa tête de Gland !) »
        De plus il ne sais même pas lire ce très intéressant article article ds son intégralité qui peut se résumer, d’une part :
        « le développement des usages entrainera une hausse de la part de l’électricité dans la demande en énergie et, au final, un besoin en électricité accru : moins d’électricité par usage, mais plus d’usage pour l’électricité ».
        D’autre part :
        On peut préciser « les bonnes solutions, celles dont l’efficacité est démontrée par les réalités scientifiques ». et j’ajouterai pas « celles engagées voire réalisées au doigt mouillé par nos politiques ignares » comme disait Y Bréchet !

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        • @Michel Dubus,

          Pas forcément Fan de Thierry Rolland… Mais encore d’un très grand ordre de Grandeur encore moins Fan du Pervers Rochain et du Clergé ERNiste qui nous chante des louanges d’un truc qui marche bien moins que ce que j’aurais pensé 15 ans en arrière, surtout l’éolien et de sa variabilité impressionnante en période hivernale (l’été c’est petit bras mais moins variable …).

          « On part au tas » comme on dirait en bateau à voile et au plus mauvais moment, ça va faire très mal sauf à l’ENRistocratie et surtout aux Gaziers/pétroliers …

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          • APO et ses inepties habituelles de gogos qui se ridiculise dans tous les posts . alors que la France s’enfonce toujours plus dans la pollution et les déchets ultimes avec notre merde polluante à tous les stades, avec des déchets ultimes, très très chère , qui fait des ravages sur la faune , la flore et l’être humain… la crise actuelle le prouve bien en accélérant la mise en place des ENR sur le terrain : c’est bien les ENR qui nous sortent aussi du fossile/ charbon / pétrole / gaz … et c’est bien ce qui est urgent pour la planète , le climat , notre santé , contre la pollution , le Co² , les GES. et vérifiez que les ENR sont beaucoup moins chères que notre merde polluante de nucléaire et rapportent de l’argent à l’état .. pour payer le gouffre financier du nucléaire polluant à tous les stades qui fait des ravages sur la faune , la flore et l’etre humain …

  • Il me semble que l’on devrait faire circuler les marchandises beaucoup plus sur le rail car sur les autoroutes des hordes de camions venus de touts les coins du globe polluent énormément!!!!!

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  • L’auteur de l’article indique lui même : »Il faut mettre fin à la fascination irraisonnée sur la production d’électricité  » et …fait la promotion de son usage. Pourtant l’hydrogène est un vecteur d’énergie d’ores et déjà préférable à l’électricité, dans des applications croissantes, par exemple justement pour les transports ( moteurs thermiques existants et en cours d’amélioration), ou le chauffage ( chaudières existantes; production de plus de 2 fois plus de chaleur que celles au gaz) : voir: https://youtu.be/JEVrfVDueTs

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    • L’auteur de l’article se garde bien de faire le calcul économique comparé entre un véhicule électrique à batteie et un véhicule Hydrogène que celui-ci soit électrique ou a moteur thermique. Dans tous les cas la batterie ne gagne pas, elle ECRASE l’hydrogène.

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      • Pour plus d’information que dans le film, de mauvaise qualité, visible sur you tube indiqué hier, voici un extrait d’une correspondance avec un employé de l’ADEME : »Suite à notre entretien d’hier, je vous envoie comme convenu, la référence de l’article de Mr Patrice Flot sur la relance des moteurs thermiques à l’hydrogène : Arts et métiers magazine n°431 de novembre 2021.J’ajoute qu’en assistant le 23 juin à une matinée REPOS de la région, j’ai appris l’existence du projet « hello times » dans le Gard, portant justement sur, si j’ai bien compris, l’adaptation à l’hydrogène des moteurs thermiques actuels à l’essence ou au diésel .Sur le sujet, le magazine « transition et énergies » a sorti une annonce le 14 avril dernier indiquant que Ford avait déposé des brevets pour un moteur « à 5 temps » à l’hydrogène qui serait au point.

        Hier, lorsque je vous avais indiqué que de la société de Dietrich dispose de chaudières à l’hydrogène « marchant comme une horloge » ( et,- j’ajoute aujourd’hui-, qu’ elle seraittsur le point de vendre une installation pour les particuliers avec la production d’hydrogène vert, photovoltaïque ) « , etc.

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        • Oui biophile, il n’y a aucun doute qu’un moteur à hydrogène fonctionne qu’il exploite le H2 comme un explosif dans une chambre de compression ou qu’il déconstruise la molécule d’eau par électrolyse pour produire de l’électricité exploité par un moteur électrique.
          Le problème n’est pas là du tout. Dans le premier cas la machine thermique soumise au cycle de Carnot n’affichera qu’un rendement maximum de 40% environ et dans le second ce sera encore un peu moins bon car in fine on ne récupérera qu’entre 30 et 35% de l’électricité qu’il a fallu fournir au départ pour l’électrolyse de l’eau pour produire en fin de circuit une électricité dont effectivement 98% de ces 35% animeront un moteur électrique.
          Dans les deux cas le rendement est bien inférieur à celui de l’électricité directement utilisée dans un moteur électrique.
          D’accord ?

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          • Comme vous le faites remarquer justement à propos de l’hydrogène VERT, il convient de considérer le rendement GLOBAL, par la multiplication du rendement de chaque étape.Ainsi pour une voiture électrique,il ne convient pas de s’en tenir seulement au rendement du moteur mais des étapes en amont et en aval. de sa construction. De plus ,à côté du rendement, ne faudrait-il pas prendre en compte notamment l’accessibilité des ressources ( par exemple fer versus cobalt) et l’emploi/la vie des gens ?

          • Bien sur que si tout est à considérer tout dépend de ce que l’on cherche à savoir. Par exemple les études comparatives sue les émissions de GES de type ACV, sur la durée de vie des véhicules, d’un côté les thermiques fonctionnant aux hydrocarbures et de l’autre les VE sont toutes favorables aux VE. Dans tous les cas il ne faut PAs se laisser influencer par les fakes qui courent sur internet…. à propos par exemple du Congo et du Cobalt que vous citez comme une remarque anecdotique… 😊

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