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L’énergie non consommée est-elle la meilleure ?

Tribune de Michel Gay.

L’affirmation souvent entendue, même dans la bouche de journalistes et de hauts responsables politiques, « la meilleure énergie est celle qui n’a pas été produite ou consommée » se trompe d’objectif. Ce n’est pas l’énergie source de bienfaits et de confort qu’il faut réduire, mais ses éventuelles nuisances marginales.

Ce slogan simpliste, trop souvent repris à tort et à travers, distille de manière insidieuse une idée négative : l’énergie serait mauvaise en elle-même, et celle qui ne serait pas produite, ou consommée, serait un bénéfice pour l’humanité. Rien n’est plus faux.

Volonté « décliniste » ?

S’opposer au gaspillage en tout genre, y compris d’énergie, est une attitude saine. Améliorer l’efficacité énergétique, c’est à dire produire plus de lumière, de chaleur et de travail mécanique avec le moins d’énergie possible est un excellent principe. Mais faire croire qu’utiliser de l’énergie serait nuisible à l’humanité est faux, et c’est même le contraire.

La chaleur, la lumière et le travail mécanique (machines, voitures, etc…) sont utiles et rendent la vie des hommes plus facile (chauffage, éclairage, déplacements, nourriture,…).

Le gouvernement se trompe donc de cible.  Energie et nuisances sont amalgamées par une idéologie « décliniste » et « anti-productiviste » qui a inspiré l’esprit de la loi de transition énergétique pour la croissance verte (LTECV) de 2015.

La réduction de la production d’énergie (et donc de sa consommation…) est devenue un objectif quasi sacré de la politique énergétique du gouvernement, et notamment du Ministère de l’écologie. Ce dernier veut imposer une économie fondée sur une « pseudo-écologie » de sobriété (ou de rationnements ?), et l’instauration de restrictions forcées par les taxes et les impôts.

Mais attention, lorsque les gros maigrissent, les maigres meurent ! Cependant, parfois les maigres se révoltent dans un sursaut salutaire (gilets jaunes ?).

Lassés de la civilisation ?

La volonté de protéger l’environnement semble avoir laissé la place à une volonté abusive et injustifiée de culpabiliser les citoyens. Par analogie avec le slogan précité sur l’énergie et pour mieux se rendre compte de son absurdité, faut-il prétendre que « le meilleur livre est celui qui n’a pas été écrit ou lu » ?

Ou bien encore que « la meilleure symphonie est celle qui n’a pas été composée ou écoutée » ? Dit autrement, l’énergie est-elle vraiment assimilable à une maladie ou à une nuisance ?

La meilleure définition de la « bonne énergie » est : « Celle qui rend le meilleur service (chaleur, lumière, travail mécanique,…) au moindre coût et au moindre impact sur l’environnement ». La civilisation moderne a besoin d’une énergie abondante, disponible et bon marché. Sans cette énergie, notre civilisation s’écroule. Et c’est peut-être le souhait d’une frange de la population.

Energies fossiles et nucléaire

Dans le monde, l’énergie produite est aujourd’hui issue à 80 % d’énergies fossiles (pétrole, gaz et charbon) dont les réserves ne sont pas éternelles. Elles pourraient être partiellement remplacées par de l’électricité d’origine nucléaire et, marginalement, renouvelables (notamment par de l’hydraulique).

En France, le transport routier et le chauffage des bâtiments dépendent encore majoritairement du pétrole et du gaz.

En revanche, la production d’électricité ne nécessite que 10% d’énergies fossiles. Environ 90% de notre électricité est produite sans émissions de gaz carbonique (CO2), grâce essentiellement au nucléaire (75%) et à l’hydraulique (10%).

L’énergie nucléaire peut fournir proprement une part importante des besoins en énergie de la France et de l’humanité pendant des millénaires (avec la surgénération à base d’uranium et / ou de thorium).

L’énergie nucléaire :

ne contribue pas (ou très peu) à l’effet de serre (pas de rejets de CO2, ni de méthane), ni à la pollution atmosphérique (pas d’émission de particules),

– améliore notre indépendance énergétique (l’approvisionnement en uranium est diversifié dans le monde, et la France possède déjà sur son sol environ 8 ans de réserve de combustible nucléaire, contre 4 à 6 mois pour le pétrole et le gaz),

– est durable (la quatrième génération en préparation permettra de disposer de plusieurs milliers d’années de ressources uranium et thorium),

– diminue notre déficit commercial : l’achat de moins d’un milliard d’euros d’uranium à l’étranger pour produire 75% de notre d’électricité permet d’éviter l’importation de 20 milliards d’euros de gaz, et d’exporter annuellement jusqu’à plus de 2 milliards d’euros d’électricité.

L’énergie non consommée n’est donc pas la meilleure

La meilleure énergie est donc une énergie disponible, abondante pour longtemps au moindre coût social et environnemental, et qui améliore le sort de l’humanité. Dans cette optique, l’électricité d’origine nucléaire présente donc de nombreux avantages. Elle possède un potentiel considérable de croissance pour se substituer progressivement aux énergies fossiles.

 

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COMMENTAIRES

  • Il serait important que Michel Gay poursuive la réflexion là-dessus – en particulier pour voir où et quand nous avons fabriqué ce slogan qui est effectivement assez « décroissant »: le premier choc pétrolier avec la volonté de retrouver la maîtrise de notre balance en devises? Kyoto, pour conforter la recherche d’une répartition raisonnable des efforts sur le CO2 sans bloquer le développement de pays comme l’Espagne? la période 2007/2009 où un « 3X30 en 2020 » assez rigolo devait faire plaisir à tout le monde en Europe après une dizaine d’années d’explosion du cours du baril…et sans qu’on voit venir subprimes, dettes souveraines ni gaz de schiste US?
    Aujourd’hui, le consensus en France est sur l’urgence du risque climatique et sur la nécessité d’avoir chez nous de vrais progrès sur le revenu des ménages et la compétitivité des entreprises. Remplacer de l’électricité hydraulique ou nucléaire par du gaz vise à anticiper quoi? Combien voulons-nous investir pour réduire la consommation d’énergie primaire dans les différents segments envisageables? Écoutons-nous uniquement la demande de l’opinion publique sans avoir au préalable mis toutes les cartes sur la table?

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