Côte d’Ivoire et transition énergétique : transformer l’essai

Réduction des émissions de gaz à effet de serre, renforcement et diversification du parc électrique, lutte active contre la déforestation… Les Ivoiriens mobilisent tous les moyens nécessaires pour assurer leur transition énergétique. Va-t-on vers un succès ?

« L’engagement pour la transition énergétique est une réalité », a affirmé Anne Désirée Ouloto, ministre ivoirienne de l’Environnement, lors de l’évaluation de la participation de son pays à la lutte contre le réchauffement climatique.

En attendant les résultats, les prises de position semblent lui donner raison à ce jour. Le pays d’Alassane Ouattara s’est ainsi engagé à réduire de 28 % ses émissions de gaz à effet de serre à l’horizon 2020. D’ici-là, il aura porté la part du renouvelable dans son mix énergétique à 34 % (contre 1 % à la fin de 2016) et pratiquera une agriculture plus intelligente et respectueuse de l’environnement.

Des projets particulièrement ambitieux qui ont le soutien de la communauté internationale. Début décembre, la Banque africaine de développement (BAD) a approuvé un prêt de 59 millions de dollars destiné à financer la conception, construction et exploitation d’une centrale hydroélectrique de 44 MW à Singrobo-Ahouaty, sur le fleuve Bandama (à 148 km au nord d’Abidjan).

Porté par la société Ivoire Hydro Energy (IHE), le projet est également le premier partenariat public-privé initié par l’Etat ivoirien dans le domaine de l’électricité. L’ouvrage va s’étendre sur 19 000 hectares de terres agricoles et va toucher des habitations, des propriétés foncières et des forêts. Il permettra de désenclaver tous les villages de la rive droite du fleuve Bandama et, surtout, « de fournir 1 000 emplois directs et indirects, de renforcer le réseau existant, d’électrifier les villages de la localité pour donner un nouveau visage à la région », selon Etty Ekolan Alain, PDG de la société IHE.

Amplifier et diversifier la capacité énergétique

Ce n’est pourtant pas le seul projet d’envergure. Décidée à « éclairer toute la région », la Côte d’Ivoire a décidé de faire passer sa puissance électrique de 2 000 MW actuellement à 4 000 MW d’ici 2020. Alors qu’elle exporte déjà de l’électricité au Ghana, au Burkina Faso, au Mali, au Togo et au Bénin, le doublement de capacité énergétique lui permettra d’étendre ses exportations vers la Sierra Leone, la Guinée et le Liberia.

Mais le projet le plus emblématique reste probablement la construction de la centrale à biomasse de palmiers dans la région d’Aboisso (sud-est du pays). Avec une puissance installée de 66 MW, elle devrait entre en service au premier semestre 2019. La même année, une centrale au biogaz d’une capacité de 8,5 MW devrait être livrée à Abidjan. Sans oublier les centrales solaires de Korhogo (20 MW) et de Poro (50 MW).

Des projets ambitieux qui renvoient forcément à une question majeure: la Côte d’Ivoire a-t-elle les moyens de ses ambitions? Elle tente en tout cas d’aller en ce sens, multipliant les contacts avec les organismes de crédit, comme la Société financière internationale (IFC, membre du groupe de la Banque mondiale) avec laquelle le pays a co-organisé organisé un atelier les 14 et 15 décembre. Objectif : attirer et stimuler les investissements privés dans les énergies renouvelables.

Comme le disait Anne Désirée Ouloto peu avant la COP 23, « la Côte d’Ivoire a décidé, on le sait, de mobiliser tous les moyens nécessaires pour assurer sa transition énergétique, pour développer de façon durable son agriculture et pour intégrer ses déchets dans une économie circulaire ».

Lutter contre les effets dévastateurs du cacao illégal

Parallèlement à son ambition énergétique, Abidjan a également décidé de s’attaquer frontalement à la préservation de l’écosystème du pays.

Les forêts tropicales ivoiriennes font en effet régulièrement face à des problèmes de déforestation alors même qu’elles contiennent d’énormes réserves de CO2, qui sont relâchées dans l’atmosphère à mesure que les arbres sont abattus.

Le phénomène est par ailleurs amplifié par la production de cacao illégal. Selon un rapport publié en septembre par l’ONG américaine Mighty Earth, « une barre chocolatée contenant du cacao illégal a coûté au climat le même prix en émission de CO2 que conduire une voiture sur huit kilomètres ».

Face à ce constat sombre, les différents acteurs de l’industrie cacaoyère de la Côte d’Ivoire et le Ghana voisin (l’autre grand producteur mondial de chocolat) ont lancé la Cocoa & Forests Initiative, « un cadre d’action qui vise à mettre fin à la déforestation et à promouvoir la protection et la restauration des forêts dans la chaîne d’approvisionnement du cacao ».

Les acteurs publics et privés signataires du cadre d’action se sont notamment engagés à fournir aux agriculteurs du matériel végétal amélioré et une formation aux bonnes pratiques. Ils souhaitent également développer et renforcer les capacités des organisations paysannes et aider les agriculteurs à accroitre et diversifier leurs revenus « tout en protégeant les forêts ».

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  • je suis doctorant à l’université Jean-jaurès Toulouse en cotutelle avec l’Université Abdou Moumouni de Niamey. mon sujet porte sur l’urbanisation et précarité de l’énergie électrique à Niamey, Niger.

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