Var : valorisation de boues d’épuration en gaz vert

De Fréjus, les guides touristiques ne manquent jamais de rappeler sa position enviable sur la Côte d’Azur, sa plage réputée ou son port de plaisance. Ce qui nous intéresse dans cet article serait plutôt… sa station d’épuration, la STEP du Reyran, équipée d’une unité de production de gaz vert, à partir de la valorisation des boues d’épuration.

Éclairage en compagnie de Maurice Chabert, conseiller communautaire en charge de l’énergie et adjoint au maire de Saint Raphaël, commune qui jouxte Fréjus.

Pourquoi une unité de production de gaz vert sur notre territoire ?

Sur notre territoire tout est surdimensionné. Avec l’apport du tourisme, sur nos cinq communes, nous passons de 100 000 habitants à 300 000 au plus fort de la période estivale. Quant à l’autoroute A8 toute proche voit passer 10 000 voitures heures. Tout cela a des répercussions environnementales et nous tentons donc de réduire les émissions de gaz à effet de serre sur lesquels nous avons une prise.

La station d’épuration du Reyran et sa valorisation des boues en gaz vert fait partie d’un PCAET (Plan climat-air-énergie territorial) ambitieux. Elle est aussi une réponse économique : un tel équipement doit pouvoir répondre à l’affluence estivale sans être un poids financier pour la communauté.

Sur cet équipement, les logiques environnementales et économiques sont donc compatibles.

Tout à fait, les 1500 T eq CO2 sont évités grâce au procédé de méthanisation, mais aussi par la réduction du nombre de rotations de camions. Pour ces derniers, en valorisant 30% des boues, ce sont ainsi 100 allers-retours par an qui ne sont plus nécessaires. Cela mène à une réduction des coûts de transport de l’ordre de 360 000 euros.

Cette réduction du volume a aussi un autre impact sur les coûts évités, puisque notre prime TGAP (taxe générale sur les activités polluantes) est réduite de 75 000 euros et que nous percevons par ailleurs 300 000 euros de prime de l’agence de l’eau.

Enfin, la valorisation énergétique des boues nous permet de générer 950 000 euros de recettes perçues au titre de l’injection dans nos réseaux du gaz vert ou biométhane ainsi produit.

Du côté des habitants, nous constatons une légère hausse de 0,10 cts/e par m3/an pour l’eau et l’assainissement dans le cadre d’un avenant concessif avec Veolia. Notre prix final reste en dessous de la moyenne du département. Du fait de tous les impacts positifs qu’il amène, la critique de cet équipement est donc difficile !

Sur les 7,3 millions d’euros d’investissement nécessaires à sa construction, 45% sont venus de l’Agence de l’eau Rhône Méditerranée. Nous avons aussi pu compter sur des aides de la Région (700 000 euros), de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (650 000 euros). Les 50% restants ont pris la forme d’un avenant concessif de la part de la Cavem au délégataire Veolia. L’amortissement est prévu à l’horizon 2025.

Ce type de projet pilote a-t-il également un impact socio-économique sur le territoire ?

Il s’agit en effet d’un catalyseur, autant au niveau de la gouvernance et des ambitions environnementales de l’agglomération que des initiatives privées. Au travers de notre PCAET, nous visons à augmenter notre indépendance énergétique et à développer l’économie circulaire sur notre territoire. Le biométhane produit couvre ainsi 30% de la consommation du secteur Fréjus/Saint-Raphaël en été et la consommation de 700 foyers en hiver. En parallèle, des initiatives voient le jour.

Nous venons ainsi d’inaugurer une Station publique d’avitaillement en BioGNV (1) à 5 km de la STEP du Reyran. C’est le projet d’un transporteur qui est en train de convertir sa flotte en Gaz Naturel Véhicule « Vert »  et fait figure de modèle pour d’autres entreprises.

Cette première réussite nous a permis aussi de développer rapidement notre projet de route du soleil, consistant à généraliser les petites stations de productions photovoltaïques dans l’agglomération.

Le projet de méthanisation est-il aujourd’hui abouti ou reste-t-il des voies d’optimisation ?

Les voies d’amélioration concernent avant tout notre capacité à ajouter sur le site un deuxième méthaniseur destiné au traitement à la valorisation des biodéchets locaux. Nous pourrions ainsi augmenter la production de gaz de 16% à partir des biodéchets triés à la source, tels que ceux issus de la restauration collective ou des invendus des grandes surfaces qui ne sont pas collectés par les associations caritatives.

Le gisement global est de 700 tonnes par an pour la restauration et de 1 700 tonnes pour les invendus. Nous sommes actuellement en phase d’étude de faisabilité économique.

Quels sont les grands enseignements que vous avez retenus d’un tel projet ?

En premier lieu, l’accueil positif des habitants et les sollicitations multiples des visites ou de prises de parole dans des conférences. La valorisation des boues intéresse beaucoup de collectivités territoriales.

Sur un plan réglementaire, il faut aussi préparer ce type de projet innovant avec soin. Nous bénéficions d’un service juridique compétent qui nous a permis de répondre à toutes les demandes.

———

Qu’est-ce que le BioGNV ?

Le BioGNV  est la forme « verte » du Gaz Naturel Véhicule ou GNV.  Plus simplement il s’agit du biométhane ou gaz vert destiné à un usage carburant et dont la qualité est identique au gaz utilisé pour nos usages quotidiens que ce soit pour les ménages, les entreprises ou les industriels. Produit ici sur le territoire de Fréjus à partir de la méthanisation de ses boues d’épuration, acheminé par les réseaux gaz vers des stations d’avitaillement dédiées, ce BioGNV se substitue aisément aux carburants conventionnels que sont l’essence ou le diesel au profit d’une mobilité plus durable. En effet les qualités environnementales du BioGNV lui permettent de disposer de la Vignette Crit’Air 1 quel que soit l’âge du véhicule. Par ailleurs, il produit 80%* à 85% de CO2 en moins par rapport au diesel selon différents études. L’IFPEN lui confère même un bilan carbone identique à celui d’un véhicule électrique. Comme le GNV, le BioGNV peut être distribué sous forme comprimé à 200 bars plutôt dédié aux véhicules routiers ou sous forme liquéfié pour les usages nécessitant une très grande autonomie. En février 2020, la capacité installée de production de biométhane française équivaut à la consommation de plus de 8700 bus roulant au BioGNV pendant 1 an.

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Un article de notre partenaire

 

commentaires

COMMENTAIRES

  • Le gaz vert est en grande partie la solution à la production variable des éoliennes et du solaire qui n’auront besoin que de très peu stocker

    Répondre
  • Monsieur Rochain, vous auriez dû lire l’article, il s’agit de biométhane et non d’hydrogène et de méthane de synthèse. Mais je suis heureux de constater que vous considériez que le caractère aléatoire de l’électricité produite par les éoliennes et le PV pose un sérieux problème.
    S’agissant de ce biométhane, j’espère qu’il est injecté dans le réseau de GRDF et ne sert pas à faire de l’électricité via une turbine à gaz avec un rendement conditionné par la loi de Carnot.

    Répondre
  • Il n’est pas si sérieux que cela ce problème, l’usage n’en sera qu’occasionnel lorsque le dimentionnement des sources éoliennes et solaires seront en adéquation avec le besoin. De toutes les façons le gaz naturel utilisé dans les centrales à gaz aujourd’hui est également soumis au cycle de Carnot, cela ne changera rien sur ce plan.

    Répondre
  • Sauf qu’il émet 400 g de CO par kWh et que le rendement global et de 50 %.
    Le brûler à la place du méthane importé, appelé gaz naturel, est plus judicieux.

    Répondre
  • Sauf qu’il émet 400 g de CO2 par kWh et que le rendement global et de 50 %.
    Le brûler à la place du méthane importé, appelé gaz naturel, est plus judicieux.

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