usage frequent bornes recharge rapide peut etre nocif long terme pour batteries voitures electriques - Le Monde de l'Energie

« L’usage fréquent des bornes de recharge rapide peut être nocif à long terme pour les batteries des voitures électriques »

Le Monde de l’Énergie ouvre ses colonnes à Bernard De Longueville, Business Development Manager chez Powerdale, pour comparer avec lui la recharge rapide et la recharge lente des véhicules électriques, et leurs effets sur la durabilité des batteries.

Le Monde de l’Énergie —Une étude récente s’est penchée sur les impacts de la recharge rapide sur les batteries de véhicules électriques, et en particulier sur leur durabilité. Quelles sont les conclusions de cette étude ?

Bernard De Longueville L’étude de la start-up autrichienne Aviloo, qui s’est spécialisée dans les analyses et outils de diagnostic pour batteries de voitures électriques, démontre que l’usage fréquent des bornes de recharge rapide peut être nocif à long terme pour les batteries des voitures électriques. Elle indique, par ailleurs, que cette usure s’accélère au fil des recharges à forte puissance.

Le Monde de l’Énergie —Quel serait le bon usage de la recharge rapide pour minimiser son impact sur les batteries ? La recharge rapide doit-elle être limitée aux longs voyages, où elle répond à l’un des principaux défauts historiques des véhicules électriques ?

Bernard De Longueville Le bon usage est de limiter la charge rapide à l’autonomie nécessaire jusqu’au prochain chargeur en charge lente. Alors oui, la charge rapide doit se limiter aux voyages dépassant l’autonomie de la voiture. Avec quelques mois d’expérience, l’électromobiliste apprend à gérer son niveau de recharge de batterie en fonction de ses trajets à venir dans les heures ou le jour qui suit. Et oui, la recharge rapide répond à l’angoisse du rayon d’action, perçu comme un défaut des voitures électriques.

Le Monde de l’Énergie —Quelles sont les autres alternatives pour recharger les voitures électriques, pour les particuliers et les salariés d’une entreprise disposant d’un véhicule électrique de société ?

Bernard De Longueville La meilleure solution pour recharger une voiture électrique est la recharge là où la voiture est le plus longtemps immobilisée, à savoir à la maison, le soir et la nuit, ainsi qu’au bureau si le conducteur occupe une fonction sédentaire. La recharge au bureau se fait généralement sur une borne électrique afin de pouvoir recharger plusieurs voitures sur une journée. La recharge à domicile peut se faire via une borne ou même simplement d’un câble de recharge intelligent qui rechargera jusqu’à 200 km chaque nuit, ce qui est suffisant pour la majorité des cas d’usage de véhicules électriques (Statistique Enedis: distance moyenne quotidienne d’un véhicule électrique en France: 42 km).

Le câble intelligent, comme le Mobile de Powerdale, permet d’enregistrer les recharges à domicile et de gérer leur remboursement. De plus,  c’est à la maison que l’électricité est la moins chère, ensuite au bureau. Le kWh sur les chargeurs rapide se paie trois à quatre fois plus cher qu’à la maison. Charger 150 km par jour coûte 5 000 € par an de plus sur un superchargeur que sur le câble à la maison.

Le Monde de l’Énergie —Quels sont les avantages de la recharge lente ?

Bernard De Longueville La recharge lente stresse moins les éléments de la batterie et n’aura pas les effets négatifs engendrés par la recharge rapide, comme le démontre l’étude Aviloo. L’autonomie de la batterie ne subira pas cette dégradation liée aux charges rapides. L’autre avantage très positif de la recharge lente est son adéquation avec le réseau électrique. En chargeant à 2,3 kW pendant une nuit avec un câble, on peut recharger jusqu’à plus de 200 km d’autonomie tout en sollicitant très peu le réseau électrique domestique. Il permet de charger la journée au rythme de production des panneaux solaires, la nuit lorsque le tarif de nuit s’applique. Il permet d’éviter de renforcer l’installation électrique qui pourrait être nécessaire pour un chargeur 11 kW ou 22 kW, bref la recharge lente permet de gérer les recharges et les faire correspondre à l’offre au meilleur coût. Il faut s’appuyer sur la loi de l’offre et de la demande et sur l’optimalisation du coût de production de l’électricité.

Le Monde de l’Énergie —Comment optimiser les besoins des usagers, les contraintes du réseau électriques et la durabilité des batteries si l’électromobilité se développe fortement ?

Bernard De Longueville L’optimalisation passe par l’analyse des cas d’usage. La très grande majorité de ceux-ci seront satisfaits avec des charges lentes à domicile ou au travail. Plus lentes sont les recharges, plus la répartition de la consommation électrique s’étalera dans le temps, plus bas sera le coût de l’électricité et mieux seront préservées les qualités des batteries. Il est préférable d’étaler sur 6, 8, 10, 12 heures une charge lente avec un câble de 2,3 kW que sur 2,3 ou 4 heures avec une borne de recharge. Imaginez la hausse de la demande sur le réseau électrique si chaque conducteur demande 11 kW lorsqu’il revient du bureau entre 17h30 et 19h30 ! Imaginez les renforcements du réseau qui risquent d’être nécessaires avec la multiplication des véhicules électriques…

commentaires

COMMENTAIRES

  • Bonjour,
    Quand je fais le plein en 3 minutes je mets 50 litres d’essence, soit de l’ordre de 50×10= 500kWh
    Combien de temps faut-il pour recharger une batterie avec une borne de 150kW ?
    Une batterie ça chauffe et parfois ça entre en court-circuit, alors ça peut brûler…

    Répondre
    • Il me semble, pour être plus juste, qu’il faudrait intégrer le rendement du moteur thermique pour comparer. 1 L d’essence c’est env 10 kWh en énergie pure, mais seulement 1/3 à 1/2 (mettons 40%) en énergie mécanique. On aurait donc 50x10x40% = 200 kWh plutôt que 500 kWh.

      Répondre
  • La pédagogie, c’est aussi la répétition des messages, et celui-ci est particulièrement sensé et pragmatique.
    Merci donc à l’auteur, cela confirme que la mobilité électrique sur batterie est essentiellement adaptée pour les trajets quotidiens des véhicules légers, qui représentent près de 80 % des km parcourus dans les études ad’hoc.

    Autre avantage : pour accomplir des trajets quotidiens, nul besoin de batterie de grande capacité (60 kWh ou plus) : 20 kWh suffisent avec un taux d’utilisation optimisé, ce qui limite sérieusement le coût, le poids et l’impact écologique de la batterie (dépense d’énergie et émissions de CO2 pour la fabriquer, consommation de métaux rares).

    Pour les longs trajets autoroutiers, ou utilisation intensive (taxis, utilitaires), ainsi que pour les transports lourds, une prolongation d’autonomie par pile à combustible H2 sera sans doute la solution (en-dehors des motorisations E85 bio éthanol pour les VL ou bio GNV pour les véhicules lourds).
    Le groupe Stellantis a lancé une gamme d’utilitaires représentatifs de cette solution technologique.

    Répondre
    • On peut aussi imaginer des tas de solutions à partir de batteries de tailles modestes qui permettent d’assurer les besoins quotidiens. J’ai utilisé durant 9 ans une PHEV disposant d’une batterie de 12 KWh qui faisait le JOB entre 350 et 360 jours par an.avec un petit usage du thermique certains WE.
      Je l’ai revendu avec un moteur thermique quasiment neuf mais j’aurais pratiquement pu m’en passer en prenant le train pour les long trajets de vacances et louer un voiture petite batterie sur le lieu de vacance. Ou encore louer une voiture equipée d’une plus grosses batterie pour partir en vacances . Ou encore on peut imaginer que les batteries seraient facilement intercheangeable et louer une f=grosse batterie pour la période de vacances….. les solutions futures ne maquent pas, y compris les solutions avec des batteries qui ne coutent plus tres cheres et dont la densité énergétique sera multipliée par 10…..
      L’avenir est dans la boule de cristale que je compte acheter …..un jour.

      Répondre
      • @ »Père Vert » Serge,

        Sur votre propos : «  » L’avenir est dans la boule de cristale que je compte acheter …..un jour. «  » –> vous devriez accélérer !!! Cela nous changerait de vos boules « puantes » et parfois polluantes que vous envoyez quasi sans intermittence !!!

        Répondre
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