Un printemps de l’hydrogène
Ces deux derniers mois ont été riches en annonces dans le secteur de l’hydrogène. Un résumé des évènements marquants et de leur signification est donc de mise pour identifier quelques tendances intéressantes.
L’automobile : des volumes avec un « 0 » en plus
Engie Cofely a reçu ses 50 Kangoo ZE-H2 opérés autour de Rungis alors que Toyota vise la vente de 30 000 Mirai par an dont 10 000 au Japon et que les taxis HYPE s’équipent de 25 nouvelles Mirai.
Des chiffres qui laissent croire à un changement d’échelle dans les volumes connus jusque-là en France et dans le monde. Du côté des constructeurs, Ford et Daimler stoppent leur coopération sur le développement de la pile à combustible (AFCC) mais la filiale Mercedes sort son camping-car H2. Cela signifie-t-il que Ford s’essouffle et ralentit dans la course à la mobilité hydrogène ?
De son côté, Ballard profite de cet arrêt pour récupérer les actifs stratégiques de ce groupement, et renouvelle sa collaboration avec Audi. A l’inverse de Ford et Daimler, deux partenariats voient le jour entre Audi et Hyundai pour leur technologie de pile à combustible et entre Liebherr Aerospace et General Motors.
Ce dernier partenariat est particulièrement intéressant car il démontre la transversalité de la technologie, applicable à l’aéronautique comme à l’automobile.
Bus et Poids lourds : les modèles sortent des garages
Laissons les véhicules légers pour s’intéresser aux plus fortes puissances, créneau qui me semble tout destiné à la technologie du gaz (je ne précise pas H2 ou GNV…).
Le constructeur Polonais Solaris annonce un bus H2 pour 2019, Ballard lance la commercialisation de son bus H2 El Dorado National aux Etats-Unis et Daimler laisse entendre qu’une version H2 de son bus électrique sera disponible sans préciser de date.
Un peu moins concret mais tout aussi intéressant l’Americain US Hybrid Corp. et le Chinois BYD Co. (Chine) collaborent pour développer un bus H2 et Air Liquide passe un accord avec la start-up Chinoise STNE afin d’accélérer le développement de flottes de camions H2 en Chine.
Côté carnets de commandes, alors que l’Europe avance fièrement les 62 bus commandés à travers les projets JIVE et JIVE 2, la ville de Wuhan en Chine démarre la construction d’une station hydrogène afin d’alimenter 100 bus à hydrogène d’ici la fin de l’année.
Deux autres initiatives Chinoises sont aussi à signaler avec le déploiement de 10 bus H2 à Chengdu et de 12 camions légers à Shangaï.
La palme revient tout de même à Nikola qui commande 448 électrolyseurs et stations (1 GW au total) à Nel pour développer le maillage des stations H2 aux Etats-Unis.
Cela fait suite à la commande de 800 semi-remorques hydrogène commandés à Nikola par l’américain Anheuser-Busch. Moins ambitieux mais certainement plus rentable, l’aéroport de Liège se convertit à l’H2 avec le projet HaYrport.
Le naval fait surface mais reste en démonstration
Le secteur naval est encore au régime sec des démonstrateurs H2 mais cela n’empêche pas les acteurs de placer leurs pions.
En effet, le groupement HYON AS (PowerCell, Hexagon et Nel) a fait un nouveau pas vers la certification de sa pile maritime alors qu’ABB et Ballard annoncent une collaboration pour développer un système pile de forte puissance pour ces mêmes applications maritimes (3MW).
Pour voir des bateaux sortir des chantiers il faudra a priori se tourner vers le chantier naval Ferguson (U.K.) qui se positionne sur l’H2 et annonce un premier ferry pour 2021.
Les Etats-unis rentrent dans la course avec une étude pour leur bateau Golden Gate Zero Emission Marine réalisé par Bay Ship and Yacht Co. mais surtout avec un financement de $5,3 million de la part du California Air Resources Board (CARB) à destination du port de Long Beach pour développer l’écosystème H2 du site.
Le ferroviaire reste polarisé sur un projet
Le Coradia iLint reste l’objet de toute les attentions dans le ferroviaire avec une récente homologation lui permettant de circuler sur les rails. Cependant, d’autres acteurs se mobilisent tel que JSW et PKP Cargo. Ces derniers signent un partenariat sur le développement de trains H2.
Des fournisseurs optimistes
Le pouls des fournisseurs est intéressant car ces derniers montrent des signes avant-coureurs de croissance forte.
On pourra noter en effet qu’Haskel, fabricant de compresseur d’H2, se développe et ouvre un nouveau centre d’essais, que Xebec reçoit une commande chinoise de $3,4 millions pour son purificateur d’hydrogène ou encore que Tanaka (Japon), fournisseur de catalyseur pour pile à combustible, investit dans une unité de production 7 fois supérieure à l’actuelle.
En se rapprochant de l’épicentre, on pourra noter que Ceres Power, pile à membrane solide, réalise une levée de fond de 20 millions de Livres et que la plus grande usine de fabrication de pile à combustible au monde verra le jour en Corée du Sud.
Du côté des Etats-unis, FuelCell Energy est confiant dans l’avenir et annonce la création de 100 nouveaux emplois pour la production de ses piles à combustible.
Le Power-to-gas s’industrialise
Dans le stationnaire, les projets sortent peu à peu et les industriels se positionnent.
Ainsi Siemens lance un démonstrateur de production d’ammoniac vert à base d’H2 renouvelable, Hydrogenics et Enbridge lancent en Ontario la mise en opération d’une centrale de stabilisation du réseau électrique par l’H2, Preem et Vattenfall vont installer une usine de production d’H2 vert en Suède et l’Allemand Thyssenkrupp se positionne sur l’électrolyse de masse.
TechnipFMC remporte quant à lui un contrat pour une unité de production d’H2 en Inde. Bien que destiné à une raffinerie, on peut imaginer cet industriel se positionner prochainement sur le stockage H2 des champs solaires indiens. En France, l’intérêt est marqué avec l’acquisition de 22% du capital de McPhy par EDF.
Dans le même temps, le Français HDF Energy décroche en Guyane un projet de stockage d’une centrale solaire de 55 MW et le projet GRHYD est inauguré à Dunkerque.
Une volonté politique croissante
L’évènement marquant de ces deux derniers mois, est sans doute l’annonce du Plan français de déploiement de l’hydrogène par Nicolas Hulot.
Le plan a été présenté le 1er juin par le ministre de la Transition écologique et solidaire avec au programme, 100 millions d’euros et 14 mesures.
La semaine suivante, la Corée du Sud a mis les bouchées doubles en investissant 2 milliards d’euros dans son développement national de l’hydrogène.
Ces deux évènements permettent d’identifier deux stratégies : l’une où la France mise sur le volontarisme de sa filière en se reposant sur le marché et l’autre où le gouvernement Coréen joue une carte stratégique visant une place internationale et des exportations.
COMMENTAIRES
Je m’intéresse à l’hydrogène et à l’avancé technologique dans le domaine H2
je trouve que la France est en retrait dans cette technologie, j’ai personnellement investi depuis quatre ans dans Mcphy énergie mais je suis déçu des résultats, avec un chiffre d’affaire en baisse sensible du premier semestre et surtout aucune information positive sur le deuxième qui risque d’être très moyen