Le Turkménistan, important émetteur de méthane, veut réduire ses émissions
Le Turkménistan a annoncé lundi la création d’une commission pour réduire ses émissions de méthane, puissant gaz à effet de serre qui génère environ 30% du réchauffement climatique mondial et dont ce pays d’Asie centrale est l’un des principaux émetteurs.
Cette décision est aussi importante pour le climat qu’inattendue venant de ce pays reclus et autoritaire pointé du doigt par les scientifiques pour ses émissions colossales de méthane.
« Le président du Turkménistan, Serdar Berdymoukhamedov, a signé une résolution sur la création d’une commission intersectorielle afin de réduire les émissions de méthane », indique Nebit-Gaz, média officiel du secteur énergétique turkmène, sans donner plus de détails.
Cette annonce intervient quelques jours après un appel entre l’envoyé spécial des Etats-Unis pour le climat, John Kerry, et le président turkmène Serdar Berdymoukhamedov.
Recouvert par les sables, le Turkménistan a hérité d’un système de gazoducs et d’oléoducs de l’époque soviétique souffrant d’un manque d’investissements.
Peu d’informations filtrent du Turkménistan, mais ces dernières années, d’importants progrès dans la surveillance satellitaire des émissions de méthane ont permis de mieux localiser leurs origines.
La Nasa a ainsi identifié l’an dernier au Turkménistan des panaches de méthane s’étendant sur plus de 32 kilomètres et en 2021 l’Agence internationale de l’énergie (AIE) avait annoncé que le pays, assis sur les quatrièmes réserves mondiales de gaz, générait à lui seul un tiers des principaux rejets repérés par satellite.
Et selon une enquête pour le quotidien britannique The Guardian réalisée par l’entreprise française Kayrros, le Turkménistan a émis 4,4 millions de tonnes de méthane en 2022, soit 366 millions de tonnes de CO2 équivalents (eqCO2), soit plus que les émissions annuelles du Royaume-Uni.
Le cratère gazier surnommé « les portes de l’enfer », brûlant et laissant échapper du méthane depuis plus de 50 ans est l’un des symboles de ce désastre environnemental.
Le méthane, au pouvoir réchauffant environ 80 fois supérieur au CO2 sur vingt ans, piège, comme d’autres gaz à effet de serre, la chaleur dans l’atmosphère, faisant monter les températures.
Il peut être libéré au moment du torchage, quand le gaz est brûlé pour des raisons logistiques ou économiques.
Lors de la COP26 en 2021, une centaine de pays s’étaient engagés à réduire les émissions de méthane de 30% d’ici 2030 pour limiter le réchauffement climatique à 1,5°C.