Transition énergétique : « l’intelligence du bâtiment a son rôle à jouer »
La 5ème édition des Universités d’été des « Smart Buildings for Smart Cities » s’est tenue les 5 et 6 septembre au centre des congrès, à la Cité internationale de Lyon.
Près de 1000 acteurs de la filière professionnelle se sont donné rendez-vous pour réfléchir, apprendre, interagir et échanger autour du bâtiment intelligent dans la ville de demain pendant deux jours.
Comment la transition énergétique se conjugue-t-elle avec la révolution numérique pour une meilleure efficacité du bâtiment ?
Eléments de réponses avec Sylvain Robert, chargé de mission Bâtiments intelligents EG Energie à la Commission européenne, qui est intervenu pendant ces Universités.
Comment définiriez-vous un bâtiment intelligent ?
Un bâtiment intelligent est avant tout un bâtiment qui est capable d’interagir avec les usagers pour couvrir de façon optimale l’ensemble des leurs besoins.
L’intelligence du bâtiment se traduit également par l’optimisation du fonctionnement en exploitation – notamment du point de vue de la consommation énergétique – et par la capacité à interagir avec les réseaux énergétiques pour une gestion dynamique de la demande.
Le ‘smart readiness indicator’, que la Commission est en charge de développer suite à la révision de la Directive Performance Energétique des Bâtiments en 2018, couvrira l’ensemble de ces dimensions.
En quoi le bâtiment intelligent est l’une des clés pour réussir la transition énergétique ?
La transition énergétique requiert avant tout de diminuer notre consommation d’énergie.
Le secteur du bâtiment représente 40% de cette consommation: il s’agit donc d’un secteur stratégique.
Les technologies intelligentes, en particulier les systèmes de supervision et de contrôle, peuvent améliorer de façon très significative l’efficacité énergétique.
Il faut donc les promouvoir, ce qui est un des objectifs de la Commission européenne avec la révision de la Directive Performance Energétique des Bâtiments.
La transition énergétique, c’est aussi accroitre la part des renouvelables dans le mix énergétique, ce qui induit la nécessité d’une plus grande flexibilité énergétique (il faut notamment pouvoir adapter la demande à une variabilité accrue de la production) et d’une plus grande décentralisation du système énergétique.
Là aussi, l’intelligence du bâtiment joue un rôle important, en facilitant une intégration accrue des renouvelables et une consommation plus flexible, notamment en augmentant la part d’autoconsommation.
Quelles sont les dernières technologies notables en matière d’efficacité énergétique dans le bâtiment ?
Il faut premièrement souligner que l’ensemble de la législation européenne est neutre quant aux technologies choisies.
C’est la prérogative des Etats membres de décider quelle solution technologique adopter. Cela dit, il est clair que des ruptures technologiques sont nécessaires pour assurer une progression continue du niveau d’efficacité énergétique des bâtiments.
Pour cette raison, la Commission européenne finance avec constance les actions de recherche et innovation sur la question.
Dans le programme cadre européen pour la recherche en cours, la question de la digitalisation a été un sujet de premier plan.
Un grand nombre de projets ont notamment étudié et expérimenté des solutions numériques de gestion de l’énergie à l’échelle du bâtiment, du quartier, et de la ville.
La digitalisation de la construction et la maquette numérique sont également des questions majeures.
Une problématique importante est de diminuer le coût des actions qui améliorent l’efficacité énergétique et d’en améliorer encore la fiabilité, en particulier en rénovation. L’effort d’innovation doit donc se poursuivre.
Quels sont les pays européens à la pointe dans le domaine du smart building ?
Il est délicat de répondre de façon nette à cette question, car chaque pays a ses spécificités et une approche différenciée sur la question.
Par ailleurs, il n’existe pas d’indicateur proprement dit pour mesurer le degré de pénétration des technologies intelligentes dans les différents Etats membres de l’Union.
Concernant la France, la question de l’intelligence du bâtiment est un sujet porteur. Des initiatives telles que la Smart Building Alliance en témoignent.
La mode des objets connectés dans le smart building n’est-elle pas gadget quand on parle de gestion du stockage et de la répartition de l’énergie ?
L’engouement pour les objets connectés témoigne d’une tendance de fond, la digitalisation de nos sociétés. Et l’intelligence du bâtiment passe certainement par une digitalisation accrue.
Il faut cependant garantir la péréquation entre les besoins et les moyens : les technologies intelligentes et connectées doivent être utilisées en réponse à des enjeux bien identifiés pour les bâtiments et leurs usagers, c’est vrai en particulier pour la question du stockage et de la gestion énergétique.
Il est donc important d’informer sur le rôle que ces technologies peuvent jouer, leurs avantages et leur bonne utilisation. Ce sera le rôle du ‘smart readiness indicator’, que la Commission met actuellement en place.
La révolution numérique peut en effrayer certains… N’est-ce pas un frein quand on sait que l’usager doit, in fine, devenir consom’acteur et aura la capacité d’influer sur la structure économique et industrielle du secteur de la production et de la distribution d’énergie ?
Devant le foisonnement du numérique, certains consommateurs et usagers peuvent en effet avoir des interrogations.
Il est donc primordial de clarifier les bénéfices pour la société et de les communiquer.
La transition vers des consommateurs d’énergie plus actifs est lancée: elle passe par une évolution réglementaire, par un déploiement technologique, et par un changement des mentalités.
Sur ce dernier point, les impacts positifs du numérique sur la consommation d’énergie et l’intégration des renouvelables au bâtiment seront probablement de bons leviers pour amorcer un changement culturel.
COMMENTAIRES
Il y a un moyen simple et efficace pour connaitre les pays en pointe dans un domaine, c’est de lister les petites et moyennes entreprises qui exportent dans un domaine recherché.
On peut d’ailleurs s’apercevoir très vite, que dans beaucoup de domaine à la pointe des technologies du bâtiment « positif », « intelligent », les Allemands ont de loin le plus d’entreprises traitants les différents points que comporte un bâtiment « intelligent ».
Les Français sont une fois de plus à la traine et je tins à préciser que je connais le sujet pour l’avoir traité pour un grand groupe de transport.