Restauration de la nature: accord des Etats de l’UE sur un texte-clé du Pacte vert

Les Etats de l’UE se sont accordés mardi sur une loi imposant des objectifs de restauration des écosystèmes, un texte-clé du « Pacte vert » au coeur d’une bataille politique au Parlement européen qui pourrait compromettre sa finalisation.

Proposé mi-2022 par la Commission européenne, cette législation imposerait aux Vingt-Sept de mettre en place d’ici 2030 des mesures de restauration des écosystèmes sur 20% des terres et espace marins de l’UE, puis sur l’ensemble des zones abîmées par la pollution ou l’exploitation intensive (forêts, prairies…) pour 2050.

Avec cet accord conclu par les ministres européens de l’Environnement réunis au Luxembourg, « nous avons trouvé le bon équilibre », a assuré la ministre suédoise Romina Pourmokhtari, dont le pays occupe jusqu’à fin juin la présidence tournante de l’UE.

Dans la ligne des objectifs fixé à la COP15 Biodiversité de Montréal, chaque Etat devrait prendre des mesures de restauration d’ici 2030 sur au moins 30% des écosystèmes terrestres et marins abîmés, puis 60% d’ici 2040 et 90 % d’ici 2050, selon un communiqué du Conseil.

Mais par rapport à la proposition initiale de Bruxelles, l’accord des Vingt-Sept offre davantage de flexibilité sur les modalités d’application.

Alors que les exigences de non-détérioration (maintien en bon état) sur de vastes zones naturelles, y compris hors des aires protégées Natura 2000, soulevaient de vives résistances, le compromis prévoit l’obligation de prendre des mesures, mais sans contrainte de résultat.

Surtout, de nombreux assouplissements ont été ménagés sur les obligations spécifiques à chaque type d’écosystème (espaces verts en ville, réhumidification des tourbières, forêts, éléments à haute biodiversité sur les terres agricoles…), et les Etats ont ajouté une dérogation pour l’installation de projets d’énergies renouvelables ou d’infrastructures de Défense.

Ces flexibilités n’ont cependant pas suffi à convaincre une partie des Etats (Suède, Pays-Bas, Pologne, Autriche, Belgique…). Si les pays scandinaves s’alarmaient de l’impact pour leur puissante sylviculture, les Pays-Bas réclamaient une meilleure prise en compte des zones d’élevage intensif ou des régions densément peuplées.

« C’est une bonne loi », a cependant insisté la ministre allemande Steffi Lemke, pour qui « l’agriculture et l’économie forestière dépendent d’une nature intacte ».

Au Parlement européen, la droite et l’extrême droite s’opposent farouchement à un texte qu’ils jugent susceptible de menacer la production agricole.

Si les eurodéputés conservateurs du PPE (droite), première force du Parlement, ont échoué la semaine dernière à le rejeter, il fera l’objet d’un vote serré en séance plénière en juillet, au risque de compromettre les futurs pourparlers entre Etats et eurodéputés pour le finaliser.

commentaires

COMMENTAIRES

  • Comment fait-on pour faire partir les espèces qui étaient très abondantes en Espagne il y a un siècle et qui sont très abondantes maintenant sur les cotes bretonnes et faire revenir les anciennes autochtones !???

    Pour Rappel, 90% de l’énergie additionnelle liée au réchauffement climatique s’accumule dans les Océans !!!

    Il va falloir s’adapter et la Biodiversité aussi (Hélas !!!), le « coup » est parti ou plutôt les salves de coups sont parties et on charge la mule de futurs « bombardements » d’impacts dont on ne connait pas les « cibles »…
    Mais la Croissance ad vitam aeternam est Sacrée (trop peu de gens ont fait du Latin et surtout de la culture/histoire latine avec Rome qui s’est bien effondrée tout de même malgré une supériorité technique, technologique et militaire incroyable durant quelques siècles !!!). Sacrilège de contredire une « hérésie » physique et mathématique!!!

    Autre Question : Le BioGAZ fait en Europe à Base de Maïs n’est-il pas une immense Catastrophe passé certains Seuils de production !??? (surtout avec l’augmentation des imports de Soja Amazonien et autres « joyeusetés » !!!)

    Au final, concentrer la production énergétique en peu de lieux est un avantage inouï sur la Biodiversité… C’est même « élémentaire » en raisonnement !!!

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  • « … les eurodéputés conservateurs du PPE (droite), première force du Parlement… »
    Il est parfois bon de rappeler à l’électeur « en colère contre l’Union Européenne », résumé souvent par une ville, « Bruxelles », que la politique de l’UE est guidée majoritairement par la droite, soit une sorte de coalition (Renaissance/Républicain) rapporté à la politique française…
    Mais certains n’ont pas le même discours à « Paris » et à « Bruxelles », préférant parler de « technocrates de Bruxelles »…

    Répondre
  • Beaucoup de bruit pour rien. L’ingénierie écologique c’est de la blague ! Avant de vouloir restaurer ce qui est salopé il faut ne pas dégrader ce qui est plus ou moins intact! Donc les dérogations multiples et variées pour des bonnes ou mauvaises raisons, c’est cela qu’il faut éviter et avec ce texte on en prend pas le chemin !

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    • @Dumas,

      Et dans un monde en recherche permanente de croissance, comment fait-on pour ne rien « salopé » de plus !?
      Le croissance « verte » est effectivement impactante sur la Nature… (chez nous et aussi ailleurs de par l’extractivisme nécessaire notamment…)
      La concentration de GES (et notamment le CO2) est en train de « saloper » notre atmosphère de manière invisible à l’oeil nu mais les conséquences sont hélas de plus en plus visibles et perceptibles (et annoncées depuis longtemps…)…

      Répondre
      • @ APO
        La croissance verte c’est comme un carré rond : une contradiction dans les termes!
        Une croissance qui repose sur une base physique en partie nouvelle, exploitant des ressources naturelles différentes et qui fait baver des investisseurs avides de retours rapides et juteux! Et il y a un merveilleux prétexte à ce nouveau saccage bien pire que le précédent : éviter que le ciel nous tombe sur la tête !
        Quant aux députés européens c’est l’irresponsabilité sociale et économique généralisée jointe à une grande incompétence avec une commission qui se mêle de tout jusqu’aux bouchons de bouteilles et fout la pagaille partout! Mais les gens n’ont pas encore compris que le vrai pouvoir est à Bruxelles et Strasbourg et ne votent pas ou votent n’importe comment aux élections européennes !

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        • @Dumas,

          Sur la croissance, on est bien d’accord que c’est impossible qu’elle soit permanente ! (Cela est connu depuis la « nuit des temps » avec la Notion d’usure qui fut proscrite dans nombre de religions… mais les hydrocarbures ont changé la donne et les modes de vie… pour le meilleur et le pire à la fois !).

          Sur le Pouvoir de l’Europe, il est certain mais pas complet. L’état Français en garde beaucoup et maintenant Région et collectivités diverses en ont pas mal aussi… Mais il est vrai que Bruxelles peut donner des lignes directrices très contraignantes (pour le meilleur et le pire aussi !)…

          Répondre
  • Tout à fait Dumas !
    Je cite ds le texte
    « de nombreux assouplissements ont été ménagés sur les obligations spécifiques à chaque type d’écosystème … et les Etats ont ajouté une dérogation pour l’installation de projets d’énergies renouvelables »
    Les intermittents sont tjrs « protégés » ! Mais pour le reste ?
    Après les futures élections européennes nous verrons un profond changement du paysage politique de cette assemblée. En effet la vie quotidienne des gens de chaque pays est impacté par le phénomène migratoire et par le multiculturalisme et ses retombées idéologies telles que celles du wokisme et des minorités agissantes qui déconstruisent nos sociétés occidentales.
    De tout ce charivari organisé par ces eurodéputés idéologues et déconnectés, il en résultera un vote sanction des peuples et un parlement européen qui deviendra conservateur, n’en déplaisent à certains qui se pensaient tout puissant,

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