Le repowering, un nouveau levier pour couvrir les besoins électriques de la France ?
Une tribune signée de Jean-François Petit, Directeur Général de Q Energy France
Le rythme actuel de la transition énergétique française ne permet pas à l’Etat de tenir les engagements européens qu’il a souscrits ni de garantir la couverture des besoins électriques à venir du territoire. A l’heure où RTE prévoit un doublement des besoins de la France d’ici à 2035, l’accélération du déploiement de nouvelles infrastructures de production est plus que jamais nécessaire. Dans la mesure où aucune nouvelle centrale nucléaire ne pourra voir le jour sous un tel délai, nous devons au plus vite saisir et faciliter le recours à tous les leviers permettant de contribuer à l’augmentation de la production d’énergie renouvelable. Ecologiquement vertueux et mobilisable à court terme, le repowering, soit le renouvellement des parcs éoliens et solaires en fin de vie, fait partie de ces procédés nouveaux qui doivent contribuer à donner le coup d’accélérateur nécessaire aux renouvelables.
Une lenteur administrative en décalage avec la hausse des besoins de la France
La France est le seul pays européen à ne pas avoir respecté son engagement en termes de part d’énergies renouvelables dans la consommation finale du pays en 2020. Elle a ainsi été condamnée par la Commission Européenne à acheter pour 500 millions d’euros de mégawatts à d’autres pays comme l’Italie, l’Allemagne ou la Suède. Promulguée le 10 mars 2023, la Loi d’accélération des énergies renouvelables avait notamment vocation à combler ce retard. Bien que cette législation aille dans le bon sens, son effet escompté reste insuffisant. Sont notamment à blâmer le manque d’efforts pour lever les servitudes techniques (aéronautique, radars…), les carences de moyens dédiés à l’instruction des demandes d’autorisations, le suivi défaillant des projets par les services de l’Etat, l’absence de planification et la longueur des procédures.
Dès lors, le déploiement de nouvelles capacités renouvelables ne peut que demeurer trop lent et complexe face aux enjeux qui s’imposent à nous. Ce manque d’agilité est en décalage avec les prévisions de RTE sur les besoins à venir du pays. L’électrification des usages, en vue de réduire les émissions de CO2 autant pour la mobilité que l’industrie, devrait provoquer un doublement des besoins du territoire d’ici à 2035. Un délai trop court pour la mise en service de nouvelles installations nucléaires, à supposer que le nucléaire soit une solution durable compte tenu de son coût, de ses risques et de sa complexité de démantèlement. Si l’efficacité énergétique, la sobriété, ou l’optimisation de la production du nucléaire existant sont des leviers pour pallier ce besoin, une accélération plus franche du déploiement des énergies renouvelables est plus que jamais impérative.
Exploiter pleinement le potentiel énergétique offert par le repowering
La lenteur administrative est un frein caractéristique au développement des nouveaux projets d’infrastructures d’énergies renouvelables, et le renouvellement de sites en fin de vie ne fait pas exception. Ce procédé devrait pourtant contourner nombre d’obstacles et nous permettre d’augmenter rapidement nos capacités de production. Le repowering est considéré par l’ADEME comme l’une des principales solutions permettant d’atteindre les objectifs ambitieux du gouvernement français en matière de production d’énergie renouvelable tels qu’ils ont été définis dans la Programmation Pluriannuelle de l’Energie (PPE), justement parce qu’il représente un levier rapidement mobilisable. Mais dans les faits, le potentiel du repowering n’est que trop peu exploité en raison des blocages sur les servitudes aéronautique ou radars qui empêchent d’optimiser le design des projets en repowering (limitation de hauteur notamment), du manque de soutien des autorités administratives et du défaut de célérité dans l’instruction des dossiers.
Les multiples bénéfices du repowering
Avec des délais théoriques bien plus courts que le développement ex-nihilo, les projets de repowering bénéficient d’une bonne acceptabilité de la part des riverains. Ils permettent également de tirer parti de l’amélioration des technologies de production en installant des infrastructures plus performantes tout en capitalisant sur le retour d’expérience de l’exploitation passée du parc. Projet pionnier en France, le parc éolien de Souleilla-Corbière dans l’Aude va ainsi voir sa puissance totale installée croître de plus de 15% et sa production d’énergie de 20% après son repowering, sans que le nombre ou la taille des éoliennes ne soient augmentés à cause d’une servitude radar météorologique. La levée des servitudes aurait permis à minima de doubler la capacité du parc, maximisant ainsi la quantité d’énergie décarbonée produite. Un bénéfice écologique intrinsèque qui se couple à la mise en œuvre croissante de démarches vertueuses dans le démantèlement des parcs existants par les acteurs de la filière. Ainsi, 99,4% des anciennes installations du parc éolien de Souleilla-Corbières ont été recyclées ou réemployées, dont 80% à moins de 100km du site.
Près de 25 ans après la construction des premiers parcs éoliens en Europe, la fin de vie et le renouvellement des sites de production d’énergie renouvelable deviennent des questions stratégiques majeures pour la politique énergétique française et européenne. En facilitant réglementairement et en encourageant économiquement ces processus, la France pourrait non seulement rattraper plus rapidement son retard en matière de transition énergétique mais aussi participer au développement d’une filière écologique d’excellence. Alors que la nécessité d’augmenter notre capacité de production et de diversifier notre mix énergétique se fait de plus en plus impérieuse, les pouvoirs publics français ont ainsi à leur portée un outil des plus précieux pour répondre aux enjeux écologiques, économiques et géostratégiques les plus urgents.
COMMENTAIRES
« Sont notamment à blâmer le manque d’efforts pour lever les servitudes techniques (aéronautique, radars…), »
Manque d’efforts ne sont pas les mots justes. Le mot le plus approprié est SABOTAGE
Parmi toutes les mauvaises nouvelles, une bonne : si la France n’a pas respecté les injonctions stupides de la Commission Européenne, c’est autant d’argent économisé et qui peut utilement servir à autre chose. Il reste à s’asseoir également sur l’injonction d’acheter à l’étranger pour 500 millions d’euros de l’électricité que nous devons pouvoir produire par nous mêmes.
Il n’y a eu aucune injonction de la comission européenne, les 27 pays de l’union ont été invités eux même à définir leurs objectifs, la France comme les autres. Et la France s’est engagée mais n’a pas tenu ses engagements c’est on ne peu plus clair .
Un exemple de nos engagements ?
.l’éolien offshore est développé, l’ensemble des projets aujourd’hui prévus porte la France à mi-chemin de son objectif de 6 000 mégawatts d’ici 2020, soit 3,5% de notre production d’électricité.
Nous sommes en 2023 et nous n’avons toujours pas le premier GW opérationnel
https://www.gouvernement.fr/special-cop-21-les-engagements-nationaux-de-la-france-3390
La France est un des pays les moins émetteur de GES pour la production d’électricité avec les pays scandinaves. C’est déjà beaucoup et notre pays est classé par le forum économique mondial ( et le MIT) comme étant un des meilleurs élève de la transition écologique.
C’est du rabachage Cochelin, et cela ne concerne que le secteur de production électrique (par ailleurs avec des données pipées…. mais c’est une autre histoire).
Le problème c’est nos émissions de GES toutes sources confondues qui, elles, ne diminuent pas (transport, résidentiel, industrie, agriculture…) ou pas du tout en phase avec nos engagements !
Pour augmenter la puissance des éoliennes, il faut augmenter leur taille et leur envergure, donc leurs nuisances. Par ailleurs, même si leur taux de charge est un peu meilleur, le gain en production reste faible à cause de leur intermittence. Par ailleurs, l’auteur de l’article ne cite pas le principal avantage de l’opération qui est de signer un nouveau contrat de soutien sur 15 ou 20 ans à moindre frais. Enfin, malheureusement, le repowering ne concerne pas les conditions de vent qui restent les même et le service rendu ne permet toujours pas aux éoliennes de remplacer le service rendu par les centrales pilotables qui restent indispensables.
Sans vergogne les thuriféraires du « renouvelable » réclament haut et fort ce qu’ils ont toujours refusés au « nucléaire » , la prolongation et le renouvellement des moyens de production d’électricité !
Je ne suis pas opposé par principe à ce « renouvellement » ( repowering fait sans doute plus savant ?) qui devrait permettre une meilleure efficacité et des gains financiers dès lors que l’équilibre du mix électrique (pilotable et non pilotable) soit exploitable au meilleur coût.
En tout cas cette tribune démontre si nécessaire que le lobbying n’est pas un vilain mot, chacun défend ses intérêts !
Non, les deux mots n’ont pas la même signification. Un renouvellement ne préjuge en rien que le nouveau dispositif sera plus performant que l’ancien, le repowering dont je vous accorde qu’il serait bon d’avoir un mot français équivalent suggere une modification de puissance..
Vous mélangez tout…. on remplace sur le même site une éolienne de 2 GW par une éolienne de 6 ou 8 GW en 2 à 3 mois mais on ne remplace pas un vieux réacteur de 900 MW en un EPR de 1650 MW en moins de 15 ans de travaux !
Un peu de modération dans les comparaisons s’il vous plait… et je ne crois pas que qui que ce soi soit opposé à la prolongation de la durée de vie de nos anciens réacteurs, tout simplement parce que n’ayant pas développé le renouvelable comme nous nous y étions engagés, nous n’avons pas d’autres alternatives. Je serais le premier à crier « au fou » s’il était question d’arréter maintenant les anciens réacteurs, même un seul, à moins qu’il ne présente un danger imminent !
Malgré tout les initiatives privées sur le solaire notamment nous permettent d’échapper à la nécéssité d’importer car la limitation de production toujours avtuelle de 31 à 34 GW de nucléaire ne suffirait jamais à passer la barriere des besoins en semaine de 54 à 55 GW du milieu de journée, car il en manque une vingtaine que les renouvelables arrivent à compenser simultanément à une baisse de l’exportation. Malgré tout, hier le 23 aout nous avons du importé à partir de midi, heureusement assez faiblement. Aujourd’hui, nous avions prévu le même schéma d’importation mais nous n’y avons pas fait appele car nous avons consommé moins que prévu la veille. Cela pour dire que nous sommes tout de même sur la corde raide. On exporte, oui, mais parce que le nucléaire produit toujours la même chose mais que notre bexoin est très variable en journée avec des variation de 15 à 20 GW, c’est à dire autant de tranches nucléaires. L’avenir de notre souplesse d’adaptation se trouve dans le solaire photovoltaïque pas dans le nucléaire. Et c’est l’industrie qu’il s’agit de décarbonner maintenant, en la convertissant à l’électricité….. on n’arrétera jamais un réacteur nucléaire le soir pour le rallumer le lendemain matin et le yoyo n’est pas une solution durable, même s’il peut faire illusion devant un parterre de journaliste.
On a beau relire et relire vos explications alambiquées , un bel exemple de méli-mélo, vous parvenez à démonter comme souvent « l’absurdie » de remplacer du décarbonné (électricité nucléaire) par du décarbonné (« renouvelable ») avec une efficacité moindre car supérieur aux 6 g de CO2/kwh du nucléaire !
En attendant de plus en plus de pays Européens se rallient à une production électrique pilotable de base nucléaire complétées par des « renouvelables » selon leur ressources géographiques, du pragmatisme quoi et pas du dogmatisme !
Encore un type qui vient vendre son business! Des objectifs d’électricité éolienne et solaires sont une absurdité pour un pays où l’électricité est décarbonée à 90% depuis longtemps. Il dit qu’on ne peut pas réaliser une nouvelle centrale nucléaire d’ici 2035, j’espère bien que si, ce sera possible, l’expérience de Flammanville a servi de leçon j’espère. Pour l’instant on est redevenu exportateurs d’électricité, vers l’Allemagne en particulier.
En ce moment encore nous achetons de l’électricité, notamment à l’Allemagne, presque tous les jours au moment de la plus forte consommation même avec un Soleil qui donne pourtant assez fort à ces mêmes moments, c’es tà dire en milieu de journée.
Bien sûr ce n’est plus aussi important que l’hiver dernier mais nous ne sommes pas sorti d’affaire avec nos réacteurs dont les arrets pour causes fortuites continuent à se multiplier. Tant que nous sommes en période chaude cela ne se voit pas trop mais pas de cocoricos mal placés avant mars prochain, cela vous évitera de vous ridiculiser rétrospectivement..
L’Allemagne importait autrement plus l’électricité que la France, jusqu’à plus de 10 GW il y a quelques jours alors que la France exportait. Il faut rester réaliste.
Ce fantasme des énergies intermittentes (éolien et solaire) constitue la pire allocation des ressources de toute l’histoire de l’humanité; ce spectacle de l’Europe où l’on peut voir et l’Allemagne et l’Angleterre rivaliser d’imagination visant à determiner lequel des deux réalisera en premier son suicide économique est un spectacle qui n’est rien de moins qu’hallucinant. Et la France (mon ancêtre est arrivé ici au Québec le 18 juin 1665) a failli y passer aussi, roulée dans la farine par Angela Merkel; vous ne pouvez imaginer le soupir de soulagement que j’ai poussé en voyant enfin le réveil nucléaire français auquel on assiste présentement.
Ce cul-de-sac de l’éolien est pourtant facile à comprendre. Tant que la capacité de ces descendants de Don Quichotte est inférieure à environ 10% de la capacité totale on n’a affaire qu’à un parasite inutile et coûteux; quand il ne vente pas on peut en principe se débrouiller autrement. Mais quand cette capacité devient 15% ou plus de la capacité totale on obtient alors des période creuses où, lorsqu’il se met à venter, ces moulins à vent entrent alors en concurrence avec les centrales de base de type 24 x 365 venant ainsi détruire leur rentabilité économique. Quel beau résultat! Le tarif résidentiel actuel de 0,56 euros par kWh en Allemagne vaut $0,82 CAD, 9 fois plus que le tarif de $0,09 du kWh que je paie.
La France doit profiter de l’occasion qui lui est offerte, soit de se débarrasser, une fois pour toutes, de tous ces moulins à vent.
Rappel: pour l’instant, en 2023, la France a acheté 2.5TWh de plus a l’Allemagne qu’elle ne lui a vendu
Lien (de Cochelin)
https://www.energy-charts.info/charts/energy/chart.htm?l=fr&c=DE&chartColumnSorting=default&source=tcs_saldo&year=2023&interval=year&legendItems=11111111111
Il ne s’agit pas de subventionnement des ENR, sauf pour les industriels, qui mangent a tous les râteliers.
La France est la championne des contraintes administratives
Dans l’activité photovoltaïque on a eu jusqu’en 2017, la quasi obligation d’intégration en toiture, avec certes un fort subventionnement et les inconvénients (sinistres eau et feu) de l’intégration:
c’est seulement sous la pressions des assurances que cela a été quasiment supprimé
Aujourd’hui encore; si vous voulez acheter du courant sur le réseau , un Consuel suffit pour une installation neuve.
Si vous voulez produire et vendre le surplus a EDF a 12 ct il vous faudra Consuel et installateur RGE (qui paiera sa décennale une blinde, vu les sinistres liés a la règlementation) et qui doublera au minimum le cout de l’installation.
Rappel : la France a exporté en 2023 jusqu’à ce jour 25,7 TWh et Allemagne a importé 5,1 TWh !
Ouai !!!
Il y a là un doux mélange des genres.
– Une partie n’est que de la maintenance d’installation.
99.4% recyclés ??? là j’ai des doutes.
Les ailes des moulins sont-elles restées en place ?
pas clait.
– Pour le reste, lorsqu’on change par exemple la hauteur, on casse tout, mat, béton au sol tenant le mat, générateurs électriques, ailes, …
Tout.
Il s’agit donc d’une nouvelle installation qui doit refaire le circuit réglementaire normal.
» les projets de repowering bénéficient d’une bonne acceptabilité de la part des riverains. »
S’il s’agit simplement de maintenance, OK, mais si on double la hauteur, …
On peut avoir de sérieux doutes.
Et utiliser un mot anglo-saxon, « repowering » pour faire moderne ne change rien à l’affaire.
Quant à le remarque de Rochain, stupide comme d’habitude.