RE2020 : sans les ingénieurs, qui garantira sa mise en application ?

Par Damien Racle, Président de CINOV Ingénierie

Un projet ambitieux pour lutter contre le changement climatique

La future réglementation environnementale des bâtiments neufs – dite « RE2020 » – devrait entrer en application le 1er janvier 2022, avec pour objectifs de diminuer l’impact carbone des bâtiments, de poursuivre l’amélioration de leur performance énergétique et d’en garantir la fraîcheur lors des étés caniculaires.

Ces ambitions sont louables et encourageantes dans une perspective de lutte contre le changement climatique, qui nécessite évidemment de s’appuyer sur les acteurs du bâtiment. Elles méritent donc d’être soutenues pleinement.

Plusieurs éléments figurant dans la nouvelle réglementation sont particulièrement positifs, notamment le principe de progressivité des seuils carbone, le souhait d’un accompagnement des filières et d’une acculturation progressive des acteurs aux nouvelles règles, et la préfiguration de labels distinguant certaines opérations.

Un label spécifique, permettant aux acteurs qui le souhaitent d’aller encore plus loin, doit même être élaboré sous l’égide du Plan bâtiment durable : le moins que l’on puisse dire, c’est que la RE2020 ne manque pas d’ambition !

L’exigence de compétences, condition sine qua non de la réussite de la RE2020

Pour autant, on peut regretter l’absence d’exigence de compétences dans la future réglementation : l’administration semble miser sur le fait que les bureaux d’études non-compétents seront de facto exclus par le marché.

Pourtant, lors de la mise en œuvre de la réglementation précédente – la désormais bien connue « RT2012 » – pour laquelle aucune exigence de compétences n’avait initialement été imposée, on a pu voir se développer çà et là de nombreuses prestations « low cost », bien souvent au préjudice des consommateurs.

On peut aussi légitimement s’interroger sur la mise en application effective de la RE2020, et déplorer le manque de confiance des pouvoirs publics envers les acteurs de terrain dans l’élaboration de celle-ci. Ces acteurs possèdent pourtant une connaissance approfondie de ces sujets, qui aurait mérité une meilleure considération.

Dans un contexte où l’étude énergétique est complétée par une étude environnementale, les attestations de fin de chantier devraient ainsi pouvoir être délivrées par des acteurs qualifiés, dont les représentants de l’ingénierie.

N’écartons pas les ingénieurs de la mise en application !

Par ailleurs, la seule délivrance des attestations de fin de chantier paraît dérisoire au regard des nouvelles exigences de la future réglementation.

Il faudrait au contraire privilégier une attestation sur l’ensemble du cycle de construction, solliciter l’aide des ingénieurs dès la phase de conception énergétique comme tel est le cas actuellement, puis les mobiliser aux étapes suivantes, jusqu’à la livraison.

En l’absence d’une telle continuité, des modifications rendant le projet non-conforme aux critères énergétiques, de confort d’été ou encore de conception carbone pourraient malheureusement être apportées. L’expertise de l’ingénierie permettrait au contraire de l’éviter.

Ces manquements dans la nouvelle réglementation énergétique et environnementale sont d’autant plus étonnants que les sociétés d’ingénierie et les bureaux d’études ont constaté une hausse significative des demandes d’interventions en amont des opérations ces dernières années, a fortiori depuis que les attestations de permis de construire sont exigées !

Les bureaux d’études disposent en outre des expertises et d’une excellente connaissance du terrain, qui devraient en faire des partenaires naturels et privilégiés de la maîtrise d’ouvrage et de l’administration dans la mise en œuvre de la RE2020.

Pour atteindre ses ambitions et lutter efficacement contre le changement climatique, il faudra donc revoir en profondeur la mise en application effective de la future réglementation énergétique et environnementale.

Pour cela, il semble plus que jamais nécessaire de s’appuyer sur les ingénieurs – et plus globalement sur les métiers de la prestation de services intellectuels – en les impliquant davantage dans l’ensemble du processus : c’est à cette condition que la RE2020 pourra réussir.

commentaires

COMMENTAIRES

  • Ces suggestions sont  »louables », mais à la base, la transition énergétique et le réchauffement climatique ne doivent pas être  »la propriété des ingénieurs »!
    Pour être très efficace, il faut enseigner  »l’énergie et sa maîtrise » à l’école comme une dicipline fondamentales au même titre que savoir écrire, compter, lire…
    Nul ne peut vivre sans apport et consommation d’énergie autre que celle musculaire HORS SATISTIQUEMENT MOINS DE DEUX POURCENT DE LA POPULATION CONNAISSENT SES SUJETS!
    Pour cela il faudrait des ministres compétents… et surtout des élus scientifiques avant tout!

    Répondre
  • Mais…
    Les fournisseurs, les professionnels du chauffage et de la climatisation, les architectes, EDF et ses concurrents, tout ce beau monde fait ses marges en fonction des équipements qu’ils vendent ou qu’ils approvisionnent, ce qui fait que l’immense majorité des logements sont sur équipés en chauffage et climatisation: deux ou trois fois trop de puissance.
    Chacun peut le vérifier au cœur de l’hiver en regardant le temps de fonctionnement et d’arrêt de ses moyens de chauffage.
    Une maison RT 2005 a assez de 40W/m², une maison RT 2012 de 25W et une maison RT 2020 de 10 mais combien est installé?

    Répondre
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