RE2020 : « il faut appuyer sur l’accélérateur »

Les solutions bas carbone dans la construction neuve sont l’un des enjeux essentiels de la future Réglementation environnementale 2020 (RE2020). Eclairage d’Alexandre Aupet, responsable national prescription chez AUER Fabricant. Interview.

La prochaine règlementation RE2020 fait de la performance carbone des bâtiments une priorité, dans le droit fil de la stratégie nationale bas carbone. Quelles solutions de chauffage privilégier dans cette optique ?

Aujourd’hui, le leader incontesté reste le gaz avec 75% du marché du logement collectif. Demain, il y a de fortes chances pour que les courbes s’inversent, de sorte que la pompe à chaleur et le chauffage électrique occupent la première place. Cela paraît évident compte tenu des objectifs de la stratégie bas carbone fixés par le gouvernement.

Le mix énergétique composé d’énergies renouvelables avec le solaire photovoltaïque ou thermique et les pompes à chaleur se développent naturellement.

Pensez-vous que le radiateur électrique, qui a beaucoup évolué, a aujourd’hui sa place pour répondre à l’objectif de neutralité carbone ?

Le radiateur électrique a, en partie, sa place. Il va utiliser l’énergie électrique qui est une énergie très décarbonée en France grâce notamment au nucléaire et au développement des énergies renouvelables.

Mais, si nous voulons aller plus loin, il faudra améliorer le Bbio, le Besoin Bioclimatique, qui est l’une des trois exigences de la RT2012.

Il est également nécessaire d’améliorer les exigences de performances thermiques du bâtiment aussi bien sur la partie énergétique que carbone et également conserver le bilan BePOS.

Dans cette hypothèse, les « radiateurs intelligents + ECS Thermodynamique Performante » pourraient permettre l’atteinte des premiers niveaux de performance » mais l’optimum économique passera par les pompes à chaleur double service. Tout dépendra de la performance thermique qu’imposera la RE2020.

Les réseaux de chaleur apparaissent essentiels pour tendre vers des bâtiments à énergie positive. Les questions techniques (stockage notamment) et juridiques empêchent elles leur développement ?

Le développement des énergies renouvelables dans les grandes métropoles est intéressant. Sur la partie technique, les réseaux de chaleur, surtout à basse température sont une des solutions pour la RE2020.

Nous avons d’ailleurs développé une solution de module thermodynamique d’appartement. Ce module rassemble tous les avantages du MTA traditionnel sans ses contraintes (surchauffe des réseaux).

Il se raccorde sur le retour général du réseau de chauffage et permet d’éviter les réseaux de chaleur haute température. L’idée est de diminuer les déperditions des réseaux et surtout les appels de puissance.

La pompe à chaleur est-elle une solution dans la mesure où le coût de l’installation n’est pas accessible à toutes les bourses ?

Je pense que, sur ce sujet, il y a encore beaucoup d’a priori. Grâce à notre expérience significative, nous avons pu démontrer que nos premiers programmes en pompes à chaleur collective se sont avérés financièrement performants par rapport aux solutions gaz.

Une solution thermodynamique classique double service collective est aussi voire plus performante économiquement qu’une solution gaz.

Ce n’est pas un investissement supplémentaire. Les promoteurs ont testé ces solutions et dupliquent maintenant leurs programmes.

L’objectif de neutralité carbone suppose de sortir des énergies fossiles. Or dans la règlementation actuelle les énergies décarbonées comme l’électricité sont pénalisées au détriment des énergies fossiles dans les bâtiments. Le gouvernement envisage de soulager le coefficient d’énergie primaire, qu’en pensez-vous ?

Là dessus, il y a plusieurs positions. La filière électrique pousse pour une baisse de ce coefficient. La filière gaz, de son côté, souhaite son augmentation.

C’est une question épineuse. Le ministère opterait pour un chiffre de 2,3 mais ce n’est a priori pas encore acté. Évidemment, si on baisse le coefficient, on favorise le retour aux énergies électriques, donc on favorise une avancée vers les bâtiments bas carbone.

L’idéal est de baisser légèrement le coefficient. S’il est trop baissé, il pourrait y avoir un phénomène de surconsommation ou de retour en arrière.

Comment concilier l’objectif de neutralité carbone à une maîtrise des coûts dans le bâtiment neuf ?

L’expérimentation E+C- a permis de tester de nombreux bâtiments. Nous avons beaucoup de projets aboutis et maîtrisés qui n’imposent pas de surinvestissements et qui permettent l’atteinte de niveau E3 C1 ou C2.

À mon sens, aujourd’hui, on sait construire bas carbone à coûts maîtrisés. Les technologies avancent et, demain, on saura proposer des solutions thermodynamiques, à des coûts encore plus intéressants.

Pour les pompes à chaleur, nous allons optimiser par exemple les dimensionnements ou le nombre d’équipements en toiture ou autres.

Avec les différents partenaires ou les grandes entreprises avec lesquelles nous travaillons, nous sommes plutôt sereins sur ce point là.

Certains appellent au report de la RE2020, est-ce une bonne chose selon vous ?

Un report serait un mauvais signal. Il faut, à mon sens, appuyer sur l’accélérateur. La France se doit d’être à la hauteur des enjeux bas carbone.

Les différents acteurs industriels (constructeurs, promoteurs etc…) sont-ils prêts ?

Oui je le pense. Tout le monde s’y est mis et a fait des essais. La plupart des constructeurs et des promoteurs ou entreprises générales ont investi de manière importante dans la filière bois notamment qui se développe très rapidement.

Je pense notamment au village olympique de Paris 2024 qui sera construit en bois. C’est une manière aussi de décarboner notre système constructif. Je pense que la filière s’y est préparée.

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