Présidentielle : quelle place pour le nucléaire dans la France post-élection ?

En France, la part de l’énergie nucléaire dans le mix électrique s’élève à plus de 75%. Première source de production d’énergie électrique, la place du nucléaire dans notre mix électrique est remise en cause. Et la question du nucléaire est sujette à un vif débat idéologique, qui ne pouvait que se retrouver au cœur de la campagne. Sortir du nucléaire ou réduire sa part dans notre mix électrique ? Est-il possible de considérer le nucléaire comme une énergie complémentaire aux ressources renouvelables intermittentes, capable de nous permettre d’atteindre les objectifs de notre transition énergétique ? Petit tour d’horizon des propositions faites par les principaux prétendants à l’Élysée.

Les candidats favorables à l’énergie nucléaire

François Fillon, vainqueur de la primaire de la droite et du centre, est un fervent défenseur de l’énergie nucléaire. Le candidat Les Républicains souhaite moderniser les réacteurs nucléaires français afin d’en prolonger la durée d’exploitation légale à 60 ans (contre 40 actuellement). L’ex-premier ministre est donc contre la réduction de la part de l’atome dans le mix électrique et juge « prématurée » la fermeture de la centrale nucléaire de Fessenheim.

« On a pris des engagements qui doivent être tenus. Or pour les tenir, il ne faut pas fermer Fessenheim, il faut conserver le nucléaire », estime-t-il notamment, en faisant référence aux objectifs de réduction d’émissions de CO2 de la France et la fermeture de la plus vieille centrale française. Souhaitant consolider cette « filière d’excellence », il estime qu’il est impératif de finaliser la restructuration de la filière industrielle nucléaire, tout en veillant à « une sûreté maximale de nos installations sous le contrôle de l’Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN) ».

La candidate frontiste est également favorable à l’énergie nucléaire, à travers laquelle elle voit un élément indispensable pour assurer l’indépendance énergétique de la France. Marine le Pen estime à ce titre qu’il est primordial de « maintenir, moderniser et sécuriser la filière nucléaire française ».

Malgré son souhait de développer les énergies renouvelables (à l’exception des éoliennes) elle se dit consciente qu’abandonner le nucléaire serait se « tirer une balle dans le pied ». Elle prône donc le maintien de l’activité de la centrale de Fessenheim et la poursuite du chantier de l’EPR de Flamanville dans la Manche. Il est d’ailleurs utile de préciser que Marine Le Pen milite pour que l’État reste l’actionnaire majoritaire d’EDF « en lui redonnant une véritable mission de service public ».

Emmanuel Macron, le leader du mouvement En marche!, adopte une position particulière sur la question de Fessenheim : il plaide en effet pour une fermeture de cette centrale mais uniquement lorsque l’EPR de troisième génération de Flamanville sera opérationnel (soit en 2018).

De manière plus générale, l’ancien ministre de l’Économie est un partisan de l’énergie nucléaire, car elle est « au cœur de la stratégie industrielle, énergétique et climatique qui est la nôtre ». Il ne veut donc pas sortir totalement du nucléaire et a indiqué qu’il poursuivrait le processus de réduction de la part de l’atome dans le mix énergétique entamé par la loi de transition énergétique. Il s’inscrit de ce fait dans la continuité du travail effectué par l’actuel gouvernement.

Les candidats favorables à la sortie du nucléaire

Rejoint au début de l’année par le candidat d’Europe Écologie-Les Verts (Yannick Jadot), le socialiste Benoît Hamon a également calé ses pas sur ceux de François Hollande : « je me retrouve dans les objectifs fixés par le président de la République pour faire évoluer le mix énergétique et diminuer la part du nucléaire à 50 % ». L’objectif sera donc pour lui de fermer les centrales les plus âgées (celles de 40 ans et plus) afin notamment de favoriser la transition vers les énergies renouvelables.

Car à terme, le vainqueur de la primaire de la gauche et des écologistes souhaite une sortie définitive de l’énergie nucléaire (aux alentours de 2050). Pour pallier l’absence de l’atome dans notre mix énergétique, Benoît Hamon plaide pour le lancement d’un important programme d’économie d’énergie et de mise aux normes des logements français.

Jean-Luc Mélenchon, le leader de la France Insoumise, appelle lui aussi à une sortie définitive du nucléaire à l’horizon 2050. Son programme explique qu’il s’agira de se diriger « vers un mix électrique 100% renouvelable à l’horizon 2050, sur la base d’une planification donnant la priorité aux mesures de réduction de la consommation d’énergie remettant en cause notre modèle productiviste et au développement des filières d’énergie renouvelable ».

Conscient que le parc nucléaire ne pourra pas fermer du jour au lendemain, l’ancien ministre de Lionel Jospin milite pour que les centrales soient exploitées dans des conditions optimales de sécurité jusqu’à leur fermeture. Il se prononce en revanche en faveur de la fermeture de Fessenheim et de l’arrêt de la construction de l’EPR de Flamanville.

La sortie du nucléaire se heurte à une contrainte économique forte

Se heurtant à des réalités économiques difficiles, la question du nucléaire sera sans aucun doute un des dossiers industriels les plus compliqués à gérer pour le futur président. Que ce dernier soit favorable ou opposé à la sortie du nucléaire, il s’agira pour lui de justifier son choix par des arguments financiers et écologiques qui seront, à n’en point douter, sources d’autres débats.

Il est surtout utile de préciser que la sortie du nucléaire coûterait, selon les calculs de l’Institut Montaigne, près de 217 milliards d’euros à la France. Sans parler des transformations du réseau électrique aux nouvelles contraintes des énergies renouvelables et à la reconversion des 200.000 personnes qui vivent grâce à la filière nucléaire.

« Ce qui nous frappe aujourd’hui c’est que nous sortons de la COP21 qui a rappelé que le réchauffement climatique était une réalité. Nous savons que ce réchauffement est dû au charbon, au pétrole, au gaz. Mais le raccourci qui en est fait c’est : passons aux énergies renouvelables! Or nous voulons rappeler que le nucléaire ne produit pas de CO2. Il contribue ainsi à la lutte contre le réchauffement climatique », estime Jean-Louis Tison, Président de la Société française d’énergie nucléaire dont le livre blanc publié il y a quelques semaines visait à sensibiliser les candidats aux problématiques de l’atome civil.

Crédit photo : François Goglins

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