« La pompe à chaleur satisfait à des critères qui vont jouer un rôle décisif pour l’avenir de la planète »

La 6e édition de la Journée de la Pompe à chaleur a lieu ce mardi 29 mars à Paris. Le thème de la journée de conférences : « La pompe à chaleur au cœur de la décarbonation du bâtiment ». L’occasion d’interviewer François Deroche, président de l’AFPAC, l’Association française pour les pompes à chaleur. Pour lui, « c’est un équipement respectueux de l’environnement, avec un impact carbone limité ».

La France est-elle, selon-vous, sur la bonne voie pour la décarbonation ?

Le scénario de référence de la PPE (Programmation pluriannuelle de l’énergie) et la SNBC (Stratégie Nationale Bas Carbone) permettent à la France de se fixer une trajectoire claire et partagée de décarbonation dans les principaux secteurs responsables des émissions de gaz à effet de serre sur le territoire. Cette trajectoire long terme donne une visibilité sur les efforts à réaliser, une visibilité indispensable pour permettre à l’ensemble des acteurs d’anticiper et de préparer les ruptures technologiques nécessaires.

Concernant le bâtiment, des mécanismes de soutien et d’accompagnement permettent d’accompagnement l’ambition autour de deux grands axes :

D’abord, sur le marché de la construction neuve. L’AFPAC se félicite que l’évolution de la RE2020 légitime les technologies Pompes à chaleur efficientes dans le logement individuel et collectif ainsi que le tertiaire.

En effet, la pompe à chaleur a un positionnement bas carbone et des performances énergétiques importantes qui sont à la fois en lien avec la Stratégie Nationale Bas Carbone et aux objectifs des accords de Paris sur le climat. De plus, c’est un atout économique pour l’usager.

L’autre grand axe concerne le marché de la rénovation. Les dispositifs de soutien aux solutions EnR pour remplacer les solutions de chauffage traditionnelles utilisant largement les énergies fossiles permettent à tous de pouvoir accéder aux technologies pompes à chaleur. Elles sont fléchées par le dispositif FranceRenov’ à travers MaPrimeRenov’ et le Coup de Pouce Chauffage permettant aux plus modestes d’améliorer leur confort et de diminuer leur facture énergétique.

Le secteur du bâtiment représente 43 % des consommations énergétiques annuelles françaises et il génère 23 % des émissions de gaz à effet de serre (GES) français. Comment justement atteindre la neutralité carbone dans le bâtiment ?

L’amélioration de la performance énergétique du bâti sera indispensable pour atteindre la neutralité carbone, mais pas suffisante ! Elle doit être accompagnée d’une rupture technologique.

Quels que soient les méthodes de calcul qui ne sont que des concepts théoriques défendus par les uns ou les autres, et par nature discutables, la pompe à chaleur est cette rupture technologique qui permet de consommer encore moins, d’émettre encore moins de carbone parce que nous passons d’une tradition « linéaire » où on produit de la chaleur pour compenser les fuites d’un bâtiment à un système « circulaire », où on va chercher à l’extérieur de la chaleur qui sort du bâtiment pour la recycler.

En quoi la pompe à chaleur est une solution pertinente pour remplacer les chaudières à énergie fossile ?

La PAC émet jusqu’à 90% de CO2 en moins par rapport à une chaudière au fioul, et jusqu’à 70% d’émissions de CO2 en moins par rapport au gaz. Ces réductions significatives sont possibles dans le contexte français où la pompe à chaleur se démarque encore davantage que ses voisins européens.

En effet en France, le contenu en CO2 de l’électricité est particulièrement faible : 56 g CO2 eq. / kWh contre 250 g CO2 eq. / kWh en moyenne au niveau de l’Union Européenne. Le concept et le principe de fonctionnement des PAC permettent de garantir à son utilisateur une performance efficace. Cette  performance est calculée par rapport à l’énergie consommée par l’appareil et payée par l’utilisateur. Une PAC n’est pas un chauffage électrique direct, c’est un équipement qui transfert de la chaleur entre le milieu extérieur et le bâtiment au même titre qu’une pompe va chercher de l’eau dans un puits pour la rendre disponible au robinet.

La performance des PAC (air/eau, air/air, eau/eau) est caractérisée par le coefficient de performance et le coefficient de performance saisonnière. L’atout majeur des PAC est la chaleur renouvelable. Par exemple, une maison caractérisée par un besoin de chauffage de 30 kWh est équipée d’une pompe à chaleur avec un coefficient de performance saisonnière de 3.

Cela signifie concrètement qu’en consommant seulement 10 kWh d’électricité, cet équipement fournit les 30 kWh de chauffage attendus. La différence entre l’énergie finale fournie et la part d’électricité consommée est l’énergie renouvelable que la pompe à chaleur a puisée dans l’environnement.

Pour un chauffage électrique, quand il consomme 1 KWh pour restituer 1kW de chaleur, l’utilisateur paie la valeur de 1 kWh. Pour une PAC, quand elle consomme 1 KWh pour restituer 4 à 5 kWh de chaleur, l’utilisateur ne paie que la valeur de 1 kWh.

En complément, la PAC fait l’objet de déclarations environnementales, progressivement nécessaires pour la réglementation des bâtiments neufs RE2020.

Si la technologie est performante et garantie par des certifications indépendantes, le succès du développement de cette technologie passe par des réalisations de qualité. La filière PAC s’est organisée depuis de nombreuses années pour créer un label de qualité des installateurs QualiPAC, qui est désormais reconnu comme un signe RGE et est administré par Qualit’EnR.

En complément, il était important d’assurer le maintien de cette performance tout au long de la durée de vie de la PAC grâce à l’obligation de maintenance bi-annuelle mise en place par les pouvoirs public en juillet 2020.

En résumé, c’est un équipement respectueux de l’environnement, avec un impact carbone limité. La PAC a aussi une grande aptitude à l’économie, circulaire. Elle satisfait donc à de nombreux critères qui vont jouer un rôle décisif pour l’avenir de la planète.

On parle ici du bâtiment… Les PAC du futur pourraient-elles aussi intéresser les procédés industriels et l’agriculture ?

On retrouve des pompes à chaleur dans tous les secteurs d’activités: les bureaux, les établissements de santé, les cafés-hôtels-restaurants, les établissements recevant du public, les commerces, et le neuf, correspondant à des applications spécifiques du tertiaire.

L’agriculture utilise déjà la PAC pour remplacer les systèmes fossiles de chauffage des serres par exemple.

L’agroalimentaire et l’industrie papetière par exemple sont également des marchés cibles pour les PAC, car les process de fabrication nécessite un contrôle ou une élévation des températures.

De manière générale, il faut comprendre que la PAC est un système qui sert à transférer de la chaleur d’un endroit à l’autre. Les possibilités sont donc nombreuses.

 

commentaires

COMMENTAIRES

  • Une chose m’étonne : ne pas trouver de PàC air-eau de 1 ou 2 kW électriques, monobloc, donc facile à installer par un bon bricoleur, en soutien d’une vieille chaudière à gasoil.

    J’habite Toulon, et la température extérieure descend rarement au dessous de 5 à 10°.
    La maison est assez grande, de 1932, murs de 60 cm d’épaisseur, toit bien isolé, double vitrage.
    Un insert me suffit en général, en brûlant environ deux stères par an.
    La chaudière full n’est mise en toute que lorsque les enfants viennent avec leur smala, et me coûte entre 100 et 200 litres par an.
    Autant dire que faire installer par un spécialiste une pompe à chaleur classique n’est absolument pas rentable.
    Par contre, une pompe fournissant 5 à 10 kW thermiques suffirait presque tout le temps.
    Et, dans la région, je ne pense pas être un cas particulier.

    Alors, pourquoi Diable n’existe-t-il pas chez tous les grands magasins de bricolage des pompes monobloc de faible puissance installable facilement (deux tubes d’eau et deux fils électriques de puissance) ?
    Quelqu’un a-t-il une explication ?

    Répondre
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