La péninsule arabique : future championne de la transition énergétique ?

Traditionnel cœur de la production mondiale d’hydrocarbures, les pays du Golfe ont, depuis plusieurs années, entamé une aussi discrète qu’intense mutation en faveur des énergies renouvelables.

La région peut-elle devenir une puissance énergétique renouvelable après l’avoir été durant tout le vingtième siècle grâce à l’immense richesse de son sous-sol ?

Une région stratégique pour l’énergie depuis un siècle

Impossible de comprendre l’histoire récente des pays du Golfe sans évoquer leurs formidables ressources énergétiques. Depuis la signature du Pacte de Quincy entre les Etats-Unis de Franklin Roosevelt et l’Arabie Saoudite du roi Ibn Saoud en 1945, ces jeunes nations ont pu s’appuyer sur leurs réserves d’hydrocarbures, naguère jugées inépuisables, pour se développer économiquement et faire entendre leur voix sur la scène diplomatique internationale.

Mais malgré leur modèle d’économie de rente, les puissances pétrolières de la région ont sans doute été les premières à comprendre la nécessité d’adopter un autre modèle économique pour limiter leur dépendance aux énergies fossiles. Les Etats de la péninsule arabique ont notamment été les premiers à se tourner vers les énergies renouvelables.

Grâce aux progrès technologiques et à la baisse du coût de production de ces nouvelles énergies plus vertes, les pays du Golfe ont commencé à investir de façon significative dans le développement de ce secteur, qui a également l’avantage de bénéficier des conditions climatiques régionales.

Ces pays envisagent désormais photovoltaïque, éolien, biomasse ou encore géothermie comme des alternatives crédibles à la production d’hydrocarbures. Il n’est donc pas étonnant de les retrouver en bonne place au sein de toutes les politiques énergétiques structurelles des royaumes et émirats de la région.

Les énergies renouvelables : une opportunité économique et géostratégique

Ne nous y trompons pas : si les pays du Golfe investissent massivement dans les énergies renouvelables, c’est d’abord le fruit d’une réflexion économique et géostratégique.

Auparavant principalement centrées sur l’export des énergies fossiles, les économies de cette région du globe sont encore particulièrement dépendantes des cours mondiaux de gaz et de pétrole.

Or, ces ressources sont amenées à se raréfier dans les prochaines décennies, mais leurs cours sont aussi fluctuants, ce qui représente un aléa budgétaire trop important pour certaines pétromonarchies. Ces dernières entament donc une diversification de leur économie.

Bien entendu, le pétrole reste encore une ressource extrêmement demandée, indispensable au fonctionnement de l’économie mondiale, mais ses cours ont chuté en 2014 et en 2018.

Être omniprésent dans l’appareil productif mondial peut sembler positif, mais il y a aussi un revers à cette médaille : le cours des hydrocarbures est fortement impacté par le dynamisme du commerce international et plus précisément de la demande sino-américaine.

En résumé, les économies du Golfe sont plus que jamais dépendantes de la demande de puissances extérieures, alors que leur modèle économique repose sur une ressource qui tend à s’épuiser.

Ce constat, unanimement partagé par les puissances de la péninsule arabique, a conduit ces dernières à investir massivement dans les énergies renouvelables. Depuis 10 ans maintenant, les projets dans ce secteur se multiplient, et ce à un rythme comparable à celui de l’installation de derricks durant le milieu du XXe siècle.

Aux Emirats Arabes Unis, le symbole de ce renouveau est sans conteste Masdar City, qui, à terme, deviendra une métropole à l’allure avant-gardiste, alimentée à 100 % en énergie verte.

Partout dans la région, la mise en œuvre de politiques en faveur du développement de l’énergie photovoltaïque montre que la page de l’après-pétrole est en cours d’écriture.

En Arabie Saoudite par exemple, le prince héritier Mohammed ben Salmane a présenté le 25 avril 2016 le plan « Vision 2030 » dont l’ambition est de transformer l’économie saoudienne, en réduisant notamment la dépendance du Royaume aux hydrocarbures.

Une stratégie gagnante en tous points pour la péninsule arabique

Sur tous les plans, le développement des énergies renouvelables semble être une chance pour une région carrefour en pleine mutation, aussi bien sur le plan économique que sociétal.

Développer les énergies renouvelables permet, dans un premier temps, de sortir d’un modèle économique basé sur la rente, qui n’est pas durable et ne semble pas bénéfique.

En s’appuyant sur une source d’énergie disponible en quantité quasi-illimitée, les puissances du Golfe préparent la diversification de leur économie, qui pourra s’appuyer sur un nouveau mix énergétique, mais aussi le tarissement de leur principale source de revenus.

S’ajoute à cela un constat purement climatico-géographique : les pays de la péninsule arabique font partie des régions bénéficiant d’un des taux d’ensoleillement des plus élevés de la planète.

Avec la baisse phénoménale des coûts de production de l’énergie photovoltaïque et l’avancée croissante de la recherche, ces nations ont tout intérêt à investir le champ des énergies renouvelables.

Le potentiel d’ensoleillement de la région fait d’elle une candidate naturelle pour devenir (et rester) la première place mondiale de l’énergie, cette fois-ci renouvelable ! Se dessine un scénario où le développement de l’énergie solaire permettrait aux pays du Golfe de conserver leur leadership sur le marché énergétique mondial, et donc une certaine influence géopolitique.

Enfin, et ce point me semble non-négligeable, sur le plan environnemental, prendre le virage des énergies renouvelables représente un complet renversement de situation pour les pays concernés.

De facto, ces derniers passent du statut de « mauvais élèves » à « modèles » en matière de pollution et de développement durable. Soutenir les énergies renouvelables répond ainsi à un triple objectif : économique, géostratégique et environnemental. Ce qui démontre que la démarche est parfaitement réfléchie et cohérente.

Les pays du Golfe arriveront-ils à rester la première puissance énergétique du globe en favorisant l’émergence des énergies renouvelables et de moyens de production et de stockage alternatifs, d’ici la fin du siècle ?

Une chose semble certaine, la prise de conscience des acteurs politiques et économiques locaux n’est pas nouvelle : ils portent une vision de long terme, pour maintenir leur position de carrefour stratégique entre l’Europe, l’Asie et l’Afrique, trois régions clés pour l’avenir de la planète.

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