pacte industrie comment decarboner procedes industriels - Le Monde de l'Energie

Pacte Industrie : comment décarboner les procédés industriels ?

Une tribune signée Quentin Despres, consultant en Efficacité Energétique au sein du groupe EPSA.

 

Le 1er juin 2023, alors que le gouvernement a récemment annoncé le contenu du projet de loi « industrie verte », l’ADEME et l’ATEE lancent un nouveau programme visant à faciliter le déploiement de l’efficacité énergétique et de la décarbonation auprès des industriels : Pacte Industrie. Doté de près de 50M€ via le dispositif des Certificats d’Economie d’Energie (CEE), il permettra de financer des formations, du coaching et des études jusqu’à 70% et d’accompagner chaque site industriel dans leurs investissements de décarbonation et d’efficacité énergétique.

Ce programme repose sur 5 leviers d’actions :

  • Efficacité énergétique,

  • Récupération de chaleur fatale,

  • Production de chaleur renouvelable : biomasse et solaire,

  • Electrification des procédés thermiques,

  • Production de nouvelles énergies avec un focus sur l’hydrogène vert.

L’arrêté relatif à la création de ce nouveau programme stipule une date de fin fixée au 31 décembre 2026. Les industriels ont donc 3 ans pour profiter de ce dispositif permettant d’engager leur structure dans une démarche de transition énergétique.

La numérisation et le data management : une solution pour décarboner l’industrie

Les fondamentaux des marchés et la réglementation ont aujourd’hui fait naître une réelle demande pour des structures logicielles intelligentes capables d’améliorer l’efficacité énergétique en industrie. De nombreuses barrières techniques, notamment celles liées à l’accès, au stockage de la donnée et à la sécurité des données ont été levées. Les puissances de calcul et d’apprentissage de certaines plateformes permettent aujourd’hui de faire des choses impossibles il y a encore 5 ans.

Les plateformes logicielles intègrent un ensemble de fonctions intelligentes pouvant toucher plusieurs niveaux de la chaîne industrielle : les procédés industriels, les paramètres des équipements, la planification de la production, les achats d’énergie… L’objectif est de créer des indicateurs de performance énergétique des procédés industriels, les suivre et réaliser des économies d’énergie par le pilotage de ces procédés. On peut prendre l’analogie de la consommation d’un véhicule (L/100km) : si l’indicateur existe sur votre tableau de bord, vous y prêtez attention et tâchez d’agir sur ce dernier pour limiter votre coût carburant.

La récupération de chaleur sur les procédés thermiques à haute température

D’après une étude de l’ADEME en 2017, il existe un gisement dépassant les 100 TWh de chaleur à valoriser chaque année. Cela représente la consommation annuelle de 2,4 millions de Français. Parmi les gisements de chaleurs fatales notables on retrouve les fumées des fours et chaudières, ainsi que les buées de séchage sur lesquelles il existe de nombreuses technologies de valorisation industrielle, allant du captage au stockage de l’énergie, que la valorisation soit thermique ou électrique.

L’implantation sur un site industriel d’une technologie de récupération de chaleur nécessite un assemblage de plusieurs équipements qui constituent le dispositif de récupération de chaleur. Trois parties distinctes le composent : le dispositif de captage de la chaleur fatale, la technologie de valorisation et le réseau de distribution de l’énergie vers des usages potentiels. Le dispositif de captage est l’élément déterminant lors des études de faisabilité technico-économiques car il est au plus proche du procédé. Il est donc important de s’assurer que sa mise en place ne vienne pas perturber le fonctionnement initial du procédé thermique.

La diffusion des techniques de récupération passe en premier lieu par le développement de l’efficacité énergétique des procédés thermiques eux-mêmes, via la promotion des techniques de brûleurs à récupération, pouvant par exemple être financés en partie grâce à des Certificats d’Economie d’Energie. Si les gros consommateurs d’énergie industriels ont déjà commencé à intégrer ces technologies sur leurs fours de façon répandue, c’est moins le cas chez les plus petits industriels utilisant des fours à technologie gaz. Il est donc encore nécessaire de communiquer sur ces technologies auprès des plus petites entreprises, notamment dans le secteur de la métallurgie, pour faciliter l’émergence de ces solutions.

L’électrification des procédés thermiques : CMV et PAC haute température

Dans le contexte actuel de décarbonation de l’industrie et du fait de la particularité du mix énergétique français, l’électrification des procédés est une solution à envisager. L’intérêt d’une solution électrique est à valider au cas par cas en fonction des spécificités du procédé concerné. Elle peut représenter un réel potentiel pour de nombreuses applications notamment grâce aux faibles coûts opérationnels mais le coût d’investissement reste un frein au déploiement de ces solutions sur le marché.

Ainsi, pour les procédés à faible température (<150°C), les solutions électriques telles que la CMV (compression mécanique de vapeur) ou la PAC ont un vrai potentiel au vu de leur maturité et faible impact carbone. D’autant plus que ces investissements peuvent aujourd’hui être en partie pris en charge par des subventions publiques ou des Certificats d’Economie d’Energie au titre des opérations spécifiques.

commentaires

COMMENTAIRES

  • D’abord une ligne de conduite générale : tous procédés necessitant l’emploi d’une source d’énergie doit être de nature renouvelable et si ce n’est pas le cas, converti à l’électricité. Et ce sera un grand pas vers la neutralité carbonne.mais cela n’exclu aucun autre progres.

    Répondre
    • @ »Père Vert » Serge,

      Pour faire de « grand Pas », faut-il encore que notre « Marianne » sache encore marcher droit et ne soit pas surchargée de dettes et de charges diverses et variées…
      L’industrie distributrice de vies mortes (l’industrie fossile) sait y faire et propose à des prix défiants tout concurrence des produits énergétiques efficaces qui ont des process éprouvés par nos industries depuis longtemps…
      De plus l’ouverture aux Marchés internationaux fait que nos entreprises sont soumises à une rude concurrence internationale et comme les Français en moyenne ne supporte pas trop l’industrie nationale (Cf le Nombre de Grosses Bagnoles Allemandes hyper polluantes en circulation libre sur nos routes !!! et la faible part de petites voitures « made in France » qui il y a encore 20 ans pullulaient sur nos routes…).
      Donc on peut faire les « saintes-Aises » que l’on veut, nos industriels qui pour bcp sont dans des situations compliquées ne vont pas investir le peu de pognon qu’ils leur restent ou qu’ils peuvent encore emprunter dans des voies non garanties, que ce soit du coté des ventes (un produit plus cher et c’est la ruine quasi assurée dans bien des secteurs sauf le Luxe !) comme des couts de revient de leur production (comment vendre plus cher si la concurrence fait à peu près la même chose moins chère!?)…
      (Perso je m’en désole, mais on n’est pas trop bien barré en ce moment, avec divers Capitaines à la barre depuis quelques années qui n’ont pas été très bons (au gouvernement, dans l’opposition aussi comme dans divers syndicats – tout le monde rate la cible d’un « monde sans fin » – … et une population qui n’en a rien à foutre mais veut juste du « Pouvoir d’Achat »… sachant que au niveau de l’énergie elle va se faire tondre du fait de l’intermittence des ENRi qui font faire n’importe quoi aux prix de l’électricité de Marché…)
      Que cela fasse plaisir au « Père Vert » ou Non, c’est ainsi Hélas !!!

      Répondre
  • Une fois de plus, on parle de production de chaleur, de production d’électricité, mais en aucun cas de production combinée des 2 , c’est à dire cogénération , une techno vieille comme le monde qui génère selon le niveau de température auquel on refroidit les fumées d’échappement un gain de rendement compris entre 15 et 30%, un détail !!!
    Et tout ça est possible, comme nous l’avons fait il y a un demi-siècle, via un gaz pauvre issu de biomasse ou plus généralement de déchets secs et solides valeur 0 voire négative (développement du process légèrement différent de celui des déchets de biomasse à faire).
    Je m’arrête là pour éviter de m’énerver davantage.

    Répondre
    • @Claude Choppin,

      Vous avez le tort de parler de quelquechose qui fâche M. Choppin les activités en « CO »… Pour certains cela rappelle le COmmunisme, même si les COmmuns sont très présents dans nos vies depuis la Nuit des temps (des lieux religieux à nos routes et nos Hopitaux actuels en passant par plein d’autres choses, que certains aimeraient privatiser entièrement…) et pour d’autres il manque 1 Lettre au « CO » manque pour faire « ECO » que ce soit logique ou nomique…
      Essayez de faire plus de Marketing sans le « CO » mais qu’avec la base « ECO » cela risque de passer mieux dans nos sociétés en Silo (avec des « Si » on mettrait Paris en bouteille dit-on, mais avec nos « Si »-los on va descendre bien bas…). Alternativement « ECOnomique » pour certaines personnes et alternativement « ECOlogique » pour d’autres suivant vos interlocuteurs…
      D’autre part, les futures « pénuries »/manques de Gaz et de Pétrole vont affecter la Chimie Européenne (essentielle pour nos modes de vie actuelle), le fait de pouvoir fabriquer des composés de Base de la Chimie (CH4 et CO le sont !) sera un avantage sous peu (Quand !? c’est dur à dire mais quand on voit le Projet de ENGIE au Havre, il n’y a pas de « fumée » sans feux…). Perso, je pense que le BioGAZ doit avoir pour cible principale à moyen terme l’approvisionnement de notre Chimie continentale (quitte à la protéger davantage des Marchés mondiaux), l’énergie étant secondaire voir tertiaire à moyen terme…
      Mais effectivement la Co-génération est logique et pas anti-nomique de modes de consommation bien plus efficient, sobre et même d’aider sur l’impact des ENRi (cuire dans des fours électriques « spéciaux » de la Biomasse ou d’autres matières riches en carbone pour faire du BioGAZ en été et le stocker pour notre Chimie et un peu les Centrales thermiques de pointe, cela aurait du sens à moyen terme, surtout avec les quantités de PV installées en Europe… Idem dans les autres périodes de l’année en période venteuse… L’énergie faite par les ENRi en période de grosses productions ne vaudra bientôt plus rien du fait de la surproduction mais coutera du coup très cher aux CONSommateurs Moyens dont je fais partie, faute de consommation ad ‘hoc… Il nous manque de bons capitaines dans notre monde de « Tintins » déconnants…).

      (Nota : L’ENRisme et ses prétendus vertus de production locale, vision parfois assez EGOiste et étriquée sauf dans des cas particuliers, n’est pas forcément « amateur » de « CO », mais pour dire plus c’est même parfois très antagoniste… COactivité et EGOlité ne font pas bon ménage…)

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