Nucléaire : encore un effort pour sauver le climat et défendre l’intérêt des Français (Tribune)

Tribune signée Xavier Moreno, président du Cérémé (Le Cercle d’Étude Réalités Écologiques et Mix Énergétique)

Après avoir décidé il y a 18 mois d’une baisse de 70 à 50% de la part du nucléaire dans le mix électrique au profit des EnRi, le gouvernement semble revenir à la raison en matière de politique énergétique.

Mobilisation pour l’inclusion du nucléaire dans la taxonomie européenne, annonce d’investissements dans la filière nucléaire dans le plan « France 2030 », lancement probable de six EPR nouvelle génération dits EPR2 … le nucléaire retrouve progressivement les faveurs des pouvoirs publics et de l’opinion, qui prennent conscience de ses atouts considérables.

Vers la neutralité carbone

Quand se dissipe l’illusion que des EnRi pourraient sécuriser l’approvisionnement des Français en électricité, quand on découvre en filigrane du rapport RTE qu’il faudrait doubler toute la production éolienne ou solaire par des centrales à gaz, comme en Allemagne , le nucléaire apparaît comme notre seule option pour atteindre la neutralité carbone en 2050.

Pourtant, RTE s’est arrêté en chemin, en refusant de chiffrer le scénario d’une vraie relance ambitieuse du nucléaire, qui consisterait à remplacer, sur les 30 années à venir, tous les réacteurs en fonctionnement par un nombre égal de réacteurs EPR 2.

Apportant 50 % de puissance de plus que leurs prédécesseurs, permettant de faire face aux besoins croissants d’électricité pour substituer les énergies fossiles, ce nouveau parc nucléaire mettrait la France à l’abri des pénuries d’électricité.

Vers une souveraineté énergétique ?

Surtout, il minimiserait les émissions de CO2, coûterait infiniment moins cher que le couple Gaz + EnRi , garantirait notre souveraineté énergétique et constituerait un formidable levier de ré industrialisation de la France.

C’est toute l’ambition du scénario alternatif « N4 » proposé par le Cérémé, qui vise à atteindre 100 GW de nucléaire installé en 2050/ 2060 et à remonter à 80 % sa part dans le mix électrique, en se passant complètement des EnRi et des centrales à gaz qu’elles nécessitent.

 

 

commentaires

COMMENTAIRES

  • Si après 65 ans (G2-Marcoule commencé en 1955) le nucléaire a encore besoin d’un soutien financier, c’est que cette filière ne présente aucun intérêt et devient un fardeau.

    Toujours cette intoxication selon laquelle il faudrait ajouter un MW de centrale à gaz pour chaque MW d’éolien ou de solaire. On attend des preuves.

    Quelle capacité de centrales à gaz mise en service depuis dix ans, en France et en Allemagne, pour quelle capacité nouvelle en éolien et solaire ?

    A la vitesse de construction des quatre réacteurs de Chooz et Civaux (en mauvaise posture ces temps-ci) et de l’EPR, les réacteurs actuels auront disparu bien avant d’être remplacés par d’autres réacteurs. Tentative de fuite en avant sans solution.

    Quelle indépendance énergétique avec de l’uranium importé en totalité pour alimenter les réacteurs nucléaires. La dernière mine en France a fermé à Jouac en 2001 et l’essentiel de l’uranium était déjà importé.

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  • Coût de production du nucléaire ancien : déjà 59,8 €/MWh en 2013 (Cour des comptes) et davantage aujourd’hui.

    Coût de production des EPR de Flamanville et de Hinkley Point (Angleterre) : 120 €/MWh.

    Coût de l’éolien terrestre : 60 à 65 €/MWh (appels d’offres). Coût du photovoltaïque des grandes centrales : 55 €/MWh (appels d’offres).

    En ajoutant d’éventuels coûts complémentaires, qui ne seront pas nécessaires avant longtemps, c’est toujours plus économique qu’un nucléaire hypothétique.

    Quant au nucléaire pour sauver le climat, on voit ce qu’il en est au niveau mondial. Production inférieure à celle de 2006 en 2019, en 2020 et 2021. Part dans la production totale d’électricité réduite à 10,1 %.

    De leur côté, les énergies renouvelables (toutes) ont multiplié par 2,16 leur production de 2006. Leur part est passées de 17,7 % en 2006 à 27,8 % en 2020.

    Et l’électricité (seule) ne compte que pour 20,4 % des émissions de gaz à effet de serre (GES).

    Faut aller se rhabiller la confrérie du nucléaire.

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  • Entre le nucléaire et la bougie, il y a l’intelligence, merci à Marguerite de le rappeler avec quelques chiffres !
    Question indépendance et souveraineté énergétique, le compte n’y est pas non plus M.Moreno : on ne creuse plus en France depuis longtemps pour trouver l’Uranium et dites-le nous si vous entendez MOXER tous les réacteurs ad nauseam pour être sûr d’ empoisonner la TERRE ENTIÈRE !
    De plus, s’il fallait en rajouter, cette obstination nucléophile en posant le nucléaire comme solution au dérèglement climatique fait taire les vrais enjeux climatiques que sont les transports, l’agriculture productiviste, et le retard invraisemblable pris dans la rénovation thermique et l’abandon du chauffage électrique genre « grille-pain »!

    Répondre
  • Allez dire cela à l’IEA ! « L’investissement mondial dans la capacité nucléaire reste insuffisant » https://www.iea.org/reports/nuclear-power
    Un peu de calme et n’opposez pas certaines sources faiblement carbonées à d’autres. Lorsqu’il y a urgence (que vous contestez réguièrement), il ne faut rien négliger.

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  • L’IEA a évalué la production d’électricité mondiale des diverses sources en 2030.

    Selon les situations possibles, la part des renouvelables serait de 42 % à 61 %.

    Celle des fossiles de 49 % à 26 %. Celle du nucléaire de 9 % à 10 % (10,1 % en 2020).

    L’IEA ne peut rien contre la déliquescence du nucléaire. Les incantations sont inutiles.

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  • Merci Marguerite d’avoir rappelé ces chiffres. En complément, M Moréno n’a pas l’air au courant que même si on le voulait, nous n’avons pas la capacité à construire des nouveaux réacteurs dans les temps.

    « Pourtant, RTE s’est arrêté en chemin, en refusant de chiffrer le scénario d’une vraie relance ambitieuse du nucléaire ». Si RTE s’est arrêté là, c’est parce que son scénario le plus ambitieux est déjà totalement irréaliste au regard de ce que l’on peut vraiment construire, tout simplement. Il impliquerait une capacité de construction qu’on n’a pas, le développement de SMR (qui n’existent que sur le papier et que personne n’envisage sérieusement, comme le rappelait récemment l’IRSN, etc.)

    Pour rappel, le gouvernement lui-même considère qu’espérer deux nouveaux EPR 2 en 2040 est déjà très ambitieux (cf.note qui a fuité sur Contexte en octobre dernier). Au point où l’on en est , on ne sait même pas si l’on sera en capacité d’aller jusque là (cf. les problèmes de conception de la LEP – note IRSN de mars 2021, ou les possibles problèmes de cuve mis en lumière dès 2007-2008 qui pourraient expliquer les difficultés avec les crayons ayant abouti à l’arrêt de Taishan 1).

    Le fiasco est total, mais ce n’est pas un mal : nous allons suivre la même voie que les autres peut-être plus vite que prévu finalement.

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  • Je viens de regarder la production d’électricité ce soir à 19h00 entre l’Allemagne et la France sur :
    https://app.electricitymap.org/zone/DE?wind=true

    France : 105 g CO2/ kwh
    Allemagne: 500 g CO2/kwh

    Peu de vent sur les deux pays, France 15% et Allemagne 6% des capacités totales d’éolien!
    Toute la problématique du tout renouvelable saute aux yeux et les investissements que va devoir faire l’Allemagne est d’environ plus de 100 milliards € par an pendant 8 à 10 ans (800 à 1000 milliards € !) pour espérer réussir un pari qui absolument pas certain.
    J’ai hâte d’être en 2030.

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    • Je ne sais pas ce que sera la situation de l’Allemagne en 2030, mais je vois que la France, aujourd’hui même, sans les importations massives, notamment d’Allemagne, serait… largement en blackout tout simplement, alors même qu’il ne fait pas spécialement froid.
      Il y a du vent en offshore, où il n’y a aucune éolienne en fonctionnement (si pardon, au temps pour moi: il y a une éolienne dans la Manche).

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      • Attention, d’ici 1 an (et 10 jours), l’Allemagne aura retiré ses 8 GW de nucléaire, qui tournent presque toujours en permanence.
        La Belgique va également retirer 4 GW de nucléaire dans les années à venir.
        Donc, pas sûr qu’ils puissent nous fournir autant qu’aujourd’hui. Par ailleurs, les prix spots de 350 euros en moyenne aujourd’hui, avec une pointe à 470 ne sont qu’un avant goût de l’avenir.
        On pourra encore compter sur nos voisins anglais et espagnols qui ont un important parc au gaz, mais les interconnexions sont limitées.
        Comme disait le Belge de Coluche: « vous savez pourquoi les Français ont choisi le coq pour emblème ? Parce que c’est le seul animal qui continue à chanter avec les deux pieds dans la merde ».

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  • Réalité 2019 : énergie primaire totale 249 Mtep.

    Importé : 219 Mtep (88 %) dont 104 Mtep d’uranium.

    Origine nationale : 29 Mtep énergies renouvelables + 1 Mtep pétrole (= 30 Mtep et 12 %)

    Indépendance nationale réelle : 12 % en 2019.

    La France est le seul pays a trafiquer ainsi les statistiques pour gonfler sa prétendue indépendance énergétique.

    Se méfier des sites journalistiques ou d’opinion. Eurostat ne fait que recopier les données fournies par chaque pays, qui ont des façons de compter différentes. Tout au moins la France pour le nucléaire.

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    • Grosse erreur si ce n’est de l’intox mais les 104 Mtep d’énergie primaire due à la fission nucléaire n’est certainement pas de l’énergie importée, seule la masse d’uranium est importée ce qui n’est pas la même chose, de l’ordre de 8000 tonnes par an . Faut pas tout mélanger !

      Répondre
    • L’indépendance énergétique est une notion relative à la dépendance au fossile (coût élevé des matières premières et impossibilité de stockage à long terme). Dans le cas du N, le coût de la matière première est marginal et il est facile de constituer des années de réserves, ce que fait la France. Ce stock rend le N peu sensible aux crises et aux embargos, ce qui autorise de parler d’indépendance énergétique. La provenance de l’uranium est sans importance.

      Dans le cas des ENRi, la matière première est gratuite, mais les moyens de captation ne le sont nullement. Ses utilisateurs dépendent des fabricants qui, pour le cas de la France, sont massivement étrangers. Un embargo ou une crise sur les terres rares ou sur des composants essentiels des É ou PPV rendra les ENRi très dépendantes, même si le vent ou le soleil sont gratuits.

      Répondre
  • @Marc
    On ne peut pas revenir sans cesse sur l’incurie des gouvernements successifs qui n’ont pas voulu, non seulement investir dans des nouveaux moyens massifs de production, mais de décider d’en fermer. L’Allemagne n’a pas encore ce problème, elle qui a conservé un énorme parc pilotable gaz (plus de 100 tranches) et charbon (plus de 100 tranches aussi). En plus d’un petit parc nucléaire (autour de 8 GW) https://www.europeanscientist.com/fr/opinion/surete-nucleaire-et-ou-securite-dapprovisionnement/

    Répondre
    • Quant je disais que les prix allaient encore monter: je suis devin: aujourd’hui: 450 euros en moyenne, et jusqu’à 620 euros.
      Et il y a toujours du vent en offshore sur la Manche et la façade atlantique.
      @Cochelin: le nucléaire français ne peut pas toujours avoir de la chance: la chance d’être décarboné: le parc n’a pas été construit pour cela, même si le réchauffement climatique d’origine anthropique était déjà connu à l’époque. Il a eu la chance que les autres pays ne se mettent pas autant au nucléaire, sinon, il n’y aurait plus d’U235.
      La filière a réalisé un véritable exploit industriel dans les années 70/80. Par contre, elle n’a jamais conçu de réacteur qui fonctionne correctement: avant d’acheter le REP aux Américains, et ensuite, avec l’EPR.
      Il y a incurie des gouvernements, c’est sûr, mais il est également difficile de décider d’un nouveau programme nucléaire alors que le nouveau modèle de réacteur n’est toujours pas terminé, et que des problèmes significatifs semblent apparaître en Chine. Par ailleurs, le nucléaire engage sur 75 ans: 15 ans d’études et de construction, 60 ans d’exploitation. Pas sûr qu’il y ait encore de l’U235 à un prix abordable d’ici-là. Ca dépendra largement du nombre de réacteurs construits en Chine.
      Par exemple, je crois que le suivi de charge ne sert plus à rien étant donné la part minoritaire que va prendre le nucléaire dans le mix, et que la France ferait mieux d’investir dans le pompage-turbinage qui serait utile, à la fois au nucléaire et aux ENR. Il y a pléthore de sites pour cela, contrairement à ce qui est répété partout.
      Le suivi de charge ne sert plus à rien également par le fait que les véhicules électriques peuvent être rechargés durant la nuit.

      Répondre
      • Contrirement à ce que vous avez écrit, dès début de l’industrie nucléaire la préoccupation climatique était dans les esprits. « En 1953, l’Atomic Energy Commission (AEC) américaine publie un rapport démontrant l’absolue nécessité du nucléaire à l’horizon du siècle (Palmer Cosslett Putnam, Energy in the Future, Van Nostrand). Trois arguments sont avancés : la demande croissante d’énergie, l’épuisement prochain des fossiles, charbon compris, et enfin le réchauffement climatique auquel un chapitre est consacré. La question est grave : si « la consommation d’énergie peut affecter le climat et élever le niveau de la mer nous devons enquêter pour ôter tout doute » ». https://www.lemonde.fr/idees/article/2021/12/08/le-defi-climatique-est-infiniment-plus-difficile-que-la-question-du-choix-entre-renouvelable-et-nucleaire_6105114_3232.html

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        • @cochelin: la référence historique est intéressante.
          Elle témoigne d’un certain esprit à l’époque, dans les années 50.
          Ensuite, la société américaine s’est « vautrée » dans la surconsommation et des émissions de GES colossales par personne, et ces bons principes ont été oubliés jusqu’à il y a peu. Les EU font désormais des efforts sur les ENR.

          Répondre
        • @Cochelin: en ce qui concerne la France, je doute, tout de même, que l’on retrouve de nombreuses traces de « lutte contre le réchauffement climatique » dans les discours de De Gaulle, Pompidou ou Giscard.

          Répondre
    • Que valent les propos de propagandistes professionnels du nucléaire et de retraités du nucléaire, qui cueillent les cerises comme quelques-uns ici.

      Un site qui se prétend « scientifique » mais qui est surtout un repère de promoteurs du nucléaire, hostiles aux énergies renouvelables qui menacent leur idole.

      Répondre
  • Relativité simple.

    En 2019, les émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES) ont été de 57,39 Gt (milliards de tonnes) de CO2eq (CO2 équivalent), tout compris.

    En 2019, la production d’électricité nucléaire en France a été de 379,23 TWh.

    Si cette électricité avait été produite à partir de centrales à cycle combiné utilisant du gaz naturel (352 g CO2/kWh), les émissions correspondantes auraient été de 133,5 millions de tonnes de CO2eq.

    Ce serait 2,3 millièmes des émissions mondiales de GES de 2019.

    Mais le nucléaire sera remplacé par les énergies renouvelables de toutes natures et complémentaires, avec une dose raisonnable de stockage comme cela se fait déjà.

    Les 133,5 Mt CO2 en question, c’est équivalent au CO2 des transports en France en 2019 (135,9 Mt)

    Répondre
    • Autre calcul : à 100 €/t de GES, la taxe carbone de 379,23 TWh N vaut 230 M€. Avec le gaz à 352 g GES/kWh (l’ADEME donne 418 g), la taxe vaut 13,4 milliards d’€. Soit un différentiel de 13 G€ par année. 352 g, c’est à peu près l’excellent score carbone de l’Allemagne et ses ENRi.

      EDF est assise sur une mine d’or avec son N. Sachant que la t de GES a doublé en 2021 (env 60 € aujourd’hui), la cible de 100 € est en vue et sera dépassée bientôt.

      Quant au 2,3 millièmes des émissions mondiales, honte à ceux qui jouent avec cet argument délibérément anti-écologique et totalement réactionnaire. D’ailleurs, avec le N, on tombe à 39 millionièmes, synonyme de milliards d’€ de compensation carbone/an. Vive la modération ! Et tant mieux si peu utilisent le N, il y en aura plus pour les autres et les adeptes des ENRi paieront la taxe carbone.

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  • Et votre défaussement habituel sur des vagues données mondiales lorsqu’il est question de la situation en France !

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