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Naval Energies, des pionniers aux espoirs contrariés

Naval Energies est une filiale du groupe industriel Naval Group spécialisée dans le domaine des énergies marines renouvelables. Lancée en 2008, cette société se spécialise quelques années plus tard dans la conception et l’installation d’hydroliennes.

Une aventure qu’elle mènera en partenariat avec l’entreprise irlandaise OpenHydro entre 2013 et 2016, année où elle deviendra indépendante. Implanté dans huit pays différents, Naval Energies est aujourd’hui considéré comme un acteur industriel majeur du secteur des énergies marines renouvelables.

Forte d’une expérience de 10 ans, la société a acquis une solide réputation et fait parler d’elle pour ses expérimentations de turbines en France (dans le cadre d’un projet de parc démonstrateur hydrolien avec EDF) ainsi que, plus récemment, en lançant à Cherbourg la première usine de fabrication d’hydroliennes au monde.

Malheureusement, un mois et demi après ce lancement plein d’espoir, Naval Energies annonce la fin de ses investissements dans l’hydrolien et la fermeture de son usine de Cherbourg. Une décision qui met à mal la filière hydrolienne française et met en lumière la stratégie mal définie du gouvernement. Explications.

Naval Energies se désengage de la filière hydrolienne française

Malgré des atouts industriels, environnementaux et politiques indéniables, la France ne parvient pas à poser des bases solides pour sa filière d’énergies marines renouvelables et notamment le secteur hydrolien.

Notre pays compte en effet des industriels engagés et hautement compétents, une volonté politique volontaire qui affiche d’ambitieux objectifs en matière de déploiement des technologies renouvelables et un important potentiel de développement avec près de 3.500 kilomètres de façade maritime.

Mais rien n’y fait, la filière hydrolienne tricolore ne décolle pas. Pire, le retrait de Naval Energies pourrait porter un coup fatal à une filière prometteuse en matière de bénéfices écologiques et économiques.

Un mois et demi après avoir lancé son usine de production d’hydrolienne à Cherbourg, Naval Energies jette l’éponge : la société française stoppe ses investissements dans le secteur hydrolien. Les responsables de la société déplorent principalement un manque d’engagement de la part de l’État.

« C’est avec regret, mais responsabilité, que nous prenons cette décision qui s’impose à nous aujourd’hui. La dégradation de la situation du marché, en France et dans le monde tout au long de ces derniers mois, s’est traduite par une absence de perspectives commerciales qui ne nous permet pas de financer seuls plus longtemps le développement des activités hydroliennes », a expliqué Laurent Schneider-Maunoury, président de Naval Energies.

Toute la filière en danger ?

Avec deux commandes fermes destinées au Canada et au Japon, l’usine tournait en effet au ralenti et Naval Energies misait sur les ambitions et les appels d’offres du gouvernement pour réellement lancer son activité et créer des dizaines d’emplois. Le soutien du gouvernement ne viendra malheureusement pas.

« L’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (…) n’a prévu que 100 à 150 MW installés d’ici 2028, soit 50 turbines de 2 MW dans dix ans », explique la société Naval Energies dans un communiqué de presse. « Les contacts que nous avons eu avec les autorités montraient qu’il n’y avait rien à attendre de significatif dans la future feuille de route énergétique que le gouvernement doit finaliser d’ici la fin de l’année ».

Philippe Bas, sénateur de la Manche, déplore notamment « les retards répétés, depuis plusieurs années et malgré nos relances régulières, dans le passage à la phase commerciale des appels à projets, indispensable pour conforter le business plan de l’usine et lui permettre de remporter les marchés internationaux qui se multiplient ». Il enjoint à ce titre le gouvernement « au sursaut nécessaire » sous peine de pénaliser l’ensemble de la filière française.

Des atouts importants mais jugés insuffisants par le gouvernement

L’énergie hydrolienne permet de générer une électricité totalement respectueuse de l’environnement grâce à la force naturelle des courants marins. De nombreux groupes énergétiques voient en cette technologie renouvelable la promesse d’une énergie propre, prévisible (car non intermittente) et sans incidence sur les paysages côtiers.

En plus de ces avantages intrinsèques, la France dispose de près de 11 millions de kilomètres carrés de surface maritime sur l’ensemble de notre territoire : un potentiel énorme pour développer des fermes hydroliennes.

Un des courants marins les plus puissants du monde (le Raz Blanchard) se trouve d’ailleurs à quelques kilomètres des côtes françaises, au large de la Manche. Naval Énergies et EDF travaillent d’ailleurs au développement d’un parc pilote dans cette zone au fort potentiel.

Mais le gouvernement ne semble pas pour autant croire en cette filière. « Les études montrent que la filière hydrolienne n’est pas encore au stade de développement industriel, que la technologie ne fonctionne pas assez bien pour un développement à grande échelle », expliquait le désormais ex-ministre Nicolas Hulot.

Plus d’opportunités à l’étranger

En dépit de ces espoirs contrariés sur le territoire français, Naval Energies continue d’œuvrer en faveur de l’énergie hydrolienne.

Sa filière Cape Sharp Tidal vient en effet d’annoncer le déploiement d’une nouvelle turbine hydrolienne au Canada, dans la Province de la Nouvelle-Écosse, sur le site du Fundy Ocean Research Center for Energy.

Couplée au réseau électrique canadien avec succès, cette turbine va s’appuyer sur les puissants courants marins qui se forment dans cette zone pour verdir mix électrique du pays.

« Il s’agit donc de la deuxième hydrolienne déployée et connectée dans cette zone par Cape Sharp Tidal. Nous sommes fiers d’être les seuls à ce jour à avoir accompli ces importantes réalisations dans le bassin de Minas et nous nous réjouissons à l’idée de progresser encore », a déclaré, plein d’enthousiasme, le directeur de Cape Sharp Tidal, Alisdair McLean.

Les ingénieurs de la filiale de Naval Energies ont en effet bénéficié d’un véritable retour d’expérience grâce au précédent déploiement d’hydrolienne dans la baie de Fundy (qui s’est déroulé de novembre 2016 à juin 2017).

De nombreuses modifications ont ainsi pu être aménagées sur la turbine afin d’améliorer ses performances de production.

Pour l’heure, Naval Energies a donc décidé de poursuivre ses projets hydroliens dans la baie de Fundy et dans des pays d’Asie où l’environnement est plus favorable qu’en France.

Peut-être que l’expérience de Cherbourg n’est au final qu’un premier rendez-vous manqué : peut-être la France se décidera à réellement structurer une filière hydrolienne dans quelques années, lorsque la ferme commerciale du Raz Blanchard sera opérationnelle.

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