mix energetique pays fabrication joue role-cle reduire impact carbone panneaux photovoltaique - Le Monde de l'Energie

« Le mix énergétique du pays de fabrication joue un rôle-clé pour réduire l’impact carbone des panneaux photovoltaïques »

Dans un entretien au Monde de l’Energie, Ian Bard, directeur technique et commercial de Solarwatt France, analyse l’impact carbone des panneaux photovoltaïques, et la façon dont l’Union européenne pourrait favoriser les panneaux photovoltaïques à faible impact carbone.

Le Monde de l’Énergie —Quel bilan faut-il tirer de l’étude de la revue Solar Energy Materials and Solar Cells (2021) sur l’impact carbone d’un panneau photovoltaïque sur l’ensemble de son cycle de vie ?

Ian Bard —L’étude compare l’impact environnemental des panneaux photovoltaïques fabriqués en Chine, dans l’UE et en Allemagne. Afin d’identifier l’impact carbone des panneaux, les chercheurs ont analysé 16 indicateurs préconisés par la Commission Européenne tels que le changement climatique, l’émission de particules fines, l’eutrophisation etc. Il ressort de l’étude que de toutes les étapes du cycle de vie d’un panneau, c’est celle de la fabrication de ses composants qui a l’impact carbone le plus important. Et sur ce point, les panneaux fabriqués en Europe ont généralement un intérêt par rapport à ceux fabriqués en Asie.

Le Monde de l’Énergie —En quoi le lieu et les techniques de fabrication sont-ils cruciaux ?

Ian Bard —L’électricité est le principal facteur d’émissions de carbone tout au long de la chaine de production des panneaux. C’est pourquoi le mix énergétique du pays de fabrication joue un rôle-clé pour réduire l’impact carbone des panneaux. Soulignons néanmoins que quelle que soit l’origine de fabrication du panneau, l’émission de CO2 réside principalement dans la fabrication du lingot de silicium brut (le composant initial permettant fabriquer des wafers, tranches de cellules solaires). Ajoutons également que quel que soit le lieu de fabrication du panneau, une fois raccordé au réseau, ce dernier mettra moins de 2 ans pour rembourser sa dette CO2.

Il ne faut pas oublier que le transport des matériaux et des composants a aussi des effets sur l’environnement. Cependant, quel que soit le lieu de fabrication du panneau, les unités de productions utilisent des matériaux extraits dans le monde entier. De fait, qu’ils soient européens, asiatiques ou américains, les fabricants ne peuvent pas encore s’affranchir du transport maritime pour acheminer ces matériaux.

Le Monde de l’Énergie —Quels avantages environnementaux offre l’Europe par rapport à l’Asie, en particulier la Chine ?

Ian Bard —En moyenne, les pays européens ont un mix énergétique plus diversifié que les pays asiatiques. Le mix ou « bouquet » énergétique fait appel à plusieurs sources d’énergies pour couvrir l’ensemble des besoins énergétiques d’une zone géographique donnée. Un mix énergétique assuré par des énergies décarbonées permet ainsi de limiter l’impact environnemental de la fabrication des panneaux photovoltaïques. En Chine, la part élevée de houille de charbon dans le mix électrique du pays contribue à l’impact CO2 et à l’acidification des eaux notamment. Côté réglementation, les normes européennes permettent également un contrôle plus strict des émissions de déchets et de leur valorisation énergétique.

Le Monde de l’Énergie —Comment optimiser la fin de vie et le recyclage d’un panneau photovoltaïque ?

Ian Bard —La fin de vie s’optimise en réalité dès la conception du panneau. En effet, même si les panneaux photovoltaïques sont en grande partie recyclables (plus de 94% en général), il est possible de perfectionner leur durabilité en faisant les bons choix de matières premières, en réduisant la quantité de celles-ci lors de la fabrication, mais surtout en concevant de produits qui dureront plus longtemps en service, en œuvrant pour une obsolescence repoussée. Pour les industriels cela implique de continuer à investir dans le développement afin de concevoir des panneaux toujours plus performants et durables.

Il y a également encore un travail de pédagogie et de sensibilisation auprès du grand public et des consommateurs : tous les panneaux photovoltaïques ne se valent pas, comme dans toutes industries, il y a des différences entres les fabricants et entre les produits mis sur le marché. Pour les fabricants, il est aussi important de se rapprocher des acteurs de la filière de recyclage photovoltaïque.

Le Monde de l’Énergie —Comment les politiques publiques pourraient favoriser l’utilisation de panneaux à l’impact environnemental le plus limité possible ?

Ian Bard —Différentes méthodes et politiques sont déjà en place pour favoriser ceci en France : prime investissement, tarifs de revente…

Il faut bien entendu poursuivre et encourager celles qui marchent, notre secteur a besoin de cette stabilité pour poursuivre sa croissance. De plus, je ne suis pas favorable aux règles punitives, mais aux méthodes qui valorisent ceux qui œuvrent dans le bon sens. Par le passé, diverses méthodes ont été testées puis retirées car soit trop favorables à un secteur, soit sous la pression des défenseurs européens du Commerce de Libre-Echange (minimum Import-Price).

Je considère que nous devons tous, à tous les niveaux, être capables de faire nos choix en ayant la possibilité de bien comparer les produits et les offres entre eux.

Pour ce faire, l’idée de mettre en place une sorte de « CO2 PVscore » pourrait être assez séduisante et applicable dans beaucoup de secteurs. A la manière du « Nutri-score » pour l’alimentaire, ce « CO2 PVscore » renseignerait les particuliers de manière ludique sur les engagements des fabricants avec des critères tels que les lieux de fabrication, les garanties, la durabilité, la présence du SAV du fabricant en France, l’engagement du fabricant dans une démarche RSE etc.

Plus concrètement ensuite, pour le grand public, il y a des règles à absolument dépoussiérer selon moi pour libérer les énergies vertes : rehausser le palier de 3kW pour la TVA à 10% à au moins 7.5 kW, ou rehausser la puissance maximum injectée en monophasé à 9kW au lieu de 6kW actuellement.

Si par exemple le législateur acceptait de toucher à ces 2 facteurs limitants, et si le demandeur faisait le choix de recourir à des panneaux à plus faible impact environnemental, ce pourrait être deux véritables leviers.

Enfin, des mécanismes de soutien pourraient être renforcés en les liant par exemple à l’obligation de résultat.

Ceci obligerait, entre autres, de prendre en compte les factures de consommateurs, de tenir compte des bilans thermiques des bâtiments (sous réserves qu’ils soient bien faits et homogènes d’un contrôleur à l’autre). Cette démarche permettrait de mieux cibler les besoins et de valider en amont la démarche d’économie et donc d’effet positif sur l’environnement. Il s’agira ensuite de valoriser le choix d’investir dans l’énergie verte par l’analyse à posteriori des résultats obtenus.

Dans le secteur photovoltaïque, nous avons trop soufferts, en termes d’image, de ces sociétés commerciales qui promettent la Lune « sans engagement » aux particuliers comme aux entreprises aujourd’hui. Il faut que la réglementation fasse plus encore pour limiter leurs champs d’action, car en ce moment, nous les voyons resurgir avec l’intérêt croissant des consommateurs pour des solutions de production photovoltaïque.

commentaires

COMMENTAIRES

  • Pourquoi ne pas citer l’étude que l’on peut trouver dans le volume 230 de la revue dont il est question (septembre 2021), étude d’Amelie Müller et al. ?

    Les valeurs indiquées dans l’étude semblent cependant dater un peu. Sinon plus aucun panneau chinois ne pourrait être utilisé pour réaliser des parcs, ombrières ou toitures photovoltaïques en France à la suite des appels d’offres de la CRE.

    En effet, comme l’indique le cahier des charges pour les appels d’offres PPE2 PV (au sol ou ombrière et sur bâtiment) :
    « Seules les installations dont l’évaluation carbone simplifiée est inférieure à 550 kg CO2/kWc sont éligibles. »

    Le contenu carbone des modules représente la plus grande partie du contenu carbone complet d’un parc photovoltaïque.

    Avec la production sur trente ans, cela donne une valeur assez faible en carbone pour l’électricité photovoltaïque. En France, c’est environ de 15 à 22 g CO2/kWh selon les endroits, disons 15 g à Narbonne.

    Les valeurs données par l’ADEME proviennent d’études vieilles d’une dizaine d’années et les choses ont beaucoup évolué depuis : épaisseur des tranches de silicium, rendement des cellules …

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  • Une garantie de durée de vie et de production serait un véritable moyen de faire progresser tout le secteur en évitant le « baratin commercial » et les produits peu fiables et/ou peu durables.

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    • Guerin pas de soucis car un panneau PV va produire au moins 40 ans .. .et les ENR battent des records de production partout ou elles commencent à etre installées .. … la crise actuelle le prouve bien en accélérant la mise en place des ENR sur le terrain : c’est bien les ENR qui nous sortent aussi du fossile/ charbon / pétrole / gaz … et c’est bien ce qui est urgent pour la planète , le climat , notre santé , contre la pollution , le Co² , les GES. et vérifiez que les ENR sont beaucoup moins chères que notre merde polluante de nucléaire et rapportent de l’argent à l’état .. pour payer le gouffre financier du nucléaire polluant à tous les stades qui fait des ravages sur la faune , la flore et l’etre humain … 😂😂🤣 allez un peu de retour du réel du terrain en sachant que l’eolien et le Pv ne sont qu’une partie des ENR https://www.lemonde.fr/economie/article/2022/12/03/les-retards-les-espoirs-et-le-pactole-des-energies-renouvelables-en-france_6152768_3234.html?

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  •  » battent des records de production » avec des facteurs de charge allant de 15 à 25 % pour les ENR variables, et pas toujours lorsque l’on en a besoin (par grand froid). Un petit complément utile, en quelque sorte. Mais encore beaucoup de fossile thermique en complément dans beaucoup de pays.https://app.electricitymaps.com/map

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    • @Cochelin,

      Soit vous êtes sarcastique (ce qui es rare) soit bien optimiste en mentionnant :  » Mais encore beaucoup de fossile thermique en complément dans beaucoup de pays  » —> L’Europe en a encore pour des décennies avec l’utilisation de tout type de Fossiles. Et comme les usages électriques vont augmenter les fossiles vont bouger/être transférer de secteurs mais rester très fortement présent dans le Mix Global Annuel et ce malgré le rythme de progrès des ENRi… (Seul l’Italie et la péninsule ibérique vont pouvoir réellement décarboner leurs économies avec des ENRi… Sinon ce sera le GAZ au mieux et sinon un maintien de capacités gigantesques de Charbon faute de Nucléaire… sans compter les impacts de la production des batteries et autres équipements/matières premières nécessaires en nombre très conséquent…).

      Si on compte les augmentations de production minières encours (avec beaucoup de pétrole et souvent beaucoup de charbon), le transfert de pollution sera juste parfois d’un pays vers l’autre… On est en Absurdistan et pour longtemps encore en Europe avec l’idéologie dominante ENRiste …
      Le PV au Nord du 45ème parallèle c’est un peu une hérésie à haute dose, mieux vaut équiper des pays « chauds » qui ont ou augmentent leurs capacités Fossiles de manières exponentielles (Afrique du Sud, Indonésie, Vietnam, etc…)…

      Répondre
      • Apo toujours perdu dans la propagande mensongère qui ne s’est meme pas aperçu que la France s’enfonce toujours plus dans la pollution et les déchets ultimes avec notre merde polluante à tous les stades, avec des déchets ultimes, très très chère , qui fait des ravages sur la faune , la flore et l’être humain… la crise actuelle le prouve bien en accélérant la mise en place des ENR sur le terrain : c’est bien les ENR qui nous sortent aussi du fossile/ charbon / pétrole / gaz … et c’est bien ce qui est urgent pour la planète , le climat , notre santé , contre la pollution , le Co² , les GES. et vérifiez que les ENR sont beaucoup moins chères que notre merde polluante de nucléaire et rapportent de l’argent à l’état .. pour payer le gouffre financier du nucléaire polluant à tous les stades qui fait des ravages sur la faune , la flore et l’etre humain … 😂😂🤣 allez un peu de retour du réel du terrain en sachant que l’eolien et le Pv ne sont qu’une partie des ENR https://www.lemonde.fr/economie/article/2022/12/03/les-retards-les-espoirs-et-le-pactole-des-energies-renouvelables-en-france_6152768_3234.html?

        Répondre
  • « Ajoutons également que quel que soit le lieu de fabrication du panneau, une fois raccordé au réseau, ce dernier mettra moins de 2 ans pour rembourser sa dette CO2. ». Encore une belle bêtise. Si le photovoltaïque (PV) est utilisé pour remplacer un moyen de production déjà décarboné, comme ce que prône l’idéologie EELV avec la sortie du N, un panneau solaire ne pourra JAMAIS, au grand JAMAIS, rembourser sa dette carbone. Il l’augmentera, au contraire.

    Et s’il prenait l’idée fantaisiste d’inclure les moyens de production fossiles indispensables au PV, le PV retomberait de son piédestal déjà pas bien haut, et le remboursement de sa dette carbone resterait dans les limbes d’une utopie écolo qui mène la France dans un cul-de-sac économique.

    Cela dit, l’idée de forcer le PV en-deça d’une limite que ne peut pas atteindre le PV chinois est une option intéressante. Sans doute la seule bonne idée que nous ont concocté les technocrates européens en matière d’énergie. Et la voiture électrique devrait suivre le même chemin.

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    • 😂😂🤣 Denis Margot comme tous les autres trolls stériles qui nie lui aussi les bases élémentaires du sujet que tout le mode peut très facilement vérifier .. toujours perdu dans la propagande mensongère qui ne s’est meme pas aperçu que la France s’enfonce toujours plus dans la pollution et les déchets ultimes avec notre merde polluante à tous les stades, avec des déchets ultimes, très très chère , qui fait des ravages sur la faune , la flore et l’être humain… la crise actuelle le prouve bien en accélérant la mise en place des ENR sur le terrain : c’est bien les ENR qui nous sortent aussi du fossile/ charbon / pétrole / gaz … et c’est bien ce qui est urgent pour la planète , le climat , notre santé , contre la pollution , le Co² , les GES. et vérifiez que les ENR sont beaucoup moins chères que notre merde polluante de nucléaire et rapportent de l’argent à l’état .. pour payer le gouffre financier du nucléaire polluant à tous les stades qui fait des ravages sur la faune , la flore et l’etre humain … allez un peu de retour du réel du terrain en sachant que l’eolien et le Pv ne sont qu’une partie des ENR https://www.lemonde.fr/economie/article/2022/12/03/les-retards-les-espoirs-et-le-pactole-des-energies-renouvelables-en-france_6152768_3234.html?

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