solaire

Le Maroc, locomotive africaine de la transition énergétique

Louis Boisgibault, enseignant chercheur à la Sorbonne et à Polytechnique, dans une thèse, a étudié la transition énergétique qui s’opère en Afrique avec notamment le cas marocain. Interview.

Pourquoi parlez-vous d’espoirs dans la transition énergétique marocaine avec le cas étudié de Ouarzazate ?

Je trouvais que c’était un exemple assez emblématique car les Marocains ont annoncé, dès 2011, qu’ils allaient construire l’une des plus grandes centrales solaires à concentration au monde. Le projet était de construire une centrale de 30 km2, soit le tiers de la superficie de Paris ! Le tout correspondant à une puissance de 500 mégawatts, c’est à dire l’équivalent de la puissance installée d’un demi-réacteur nucléaire. À l’époque, les ingénieurs français étaient très sceptiques sur ce défi technologique. Après plusieurs appels d’offre, les Marocains ont choisi des prestataires internationaux et la centrale s’est construite dans les temps ! La première phase a été inaugurée en février 2016 avec une capacité de 160 mégawatts. Et aujourd’hui, elle est opérationnelle ! Cette très belle réalisation est un espoir pour toute l’industrie solaire en général, et pour l’Afrique en particulier. Je précise que les Marocains continuent, aujourd’hui, sur leur lancée en installant de l’hydraulique, de l’éolien et du solaire pour 2000 mégawatts chacun, d’ici 2020. Finalement, le Maroc, qui ne possède ni pétrole ni gaz, est extrêmement proactif dans cette transition énergétique. L’objectif des autorités : atteindre les 42% de leur mix énergétique avec des énergies renouvelables en 2020. Les Marocains deviennent ainsi les moteurs du continent africain.

La politique énergétique du Maroc est donc active pour peser face à l’Algérie dotée, elle, de gaz et de pétrole…

Absolument. Ce qu’il y a d’incroyable avec l’Algérie, c’est qu’avec la rente du pétrole, elle vit sur ses lauriers et n’a pas vraiment développé une industrie parallèle digne de ce nom. Le pays est même en difficulté avec la récente baisse des prix de l’or noir. Les Marocains, de leur côté, avec de l’audace, deviennent les leaders africains des énergies renouvelables. Ils l’ont montré à l’occasion de la Cop 22 qu’ils ont organisée à Marrakech fin 2016.

Le Maroc devient donc une vraie locomotive ?

Clairement oui. De manière géostratégique, Rabat joue une stratégie intelligente avec la carte du « Hub vert » de l’Afrique de l’Ouest, en étant a fortiori la porte d’entrée du continent pour les Européens. Les Marocains ont ainsi commencé à signer des partenariats, notamment avec le Sénégal, et exportent ainsi leur savoir faire dans tous les pays francophones.

Vous avez également étudié le cas de l’Union Économique et Monétaire Ouest-Africaine (UEMOA). La transition énergétique a-t-elle une unité d’actions dans ce vaste ensemble ?

J’ai étudié en effet les huit pays composant l’UEMOA (Sénégal, Mali, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Guinée Bissau, Niger, Togo, Bénin) qui cherchent à constituer un espace économique et des politiques communes pour les questions de transition énergétique.

Le solaire est-il la clé de la réussite d’une telle transition ?

Le solaire est une des filières prometteuses dans la mesure où le prix des panneaux a considérablement baissé ces dernières années, et les rendements ont, de leur côté, augmenté. Les ports de Lomé ou Abidjan reçoivent de plus en plus de panneaux en provenance de Chine. Mais le solaire n’est pas la seule clé. L’hydraulique est très important dans cette partie du continent, grâce aux fleuves Sénégal, Niger, Volta ou Gambie. N’oublions pas l’éolien et la biomasse.

L’enjeu est de voir s’il est plus opportun de décentraliser en mettant des panneaux photovoltaïques dans des villages reculés ou alors de centraliser en créant des centrales solaires comme à Ouarzazate avec un réseau de transport et de distribution qui permet d’acheminer de l’électricité aux populations.

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