L’arbre qui révolutionne l’éolien
En s’inspirant des mouvements observés dans la nature, la start-up NewWind a eu l’idée de reproduire un arbre pour en faire une source d’énergie. Interview de Jérôme Michaud-Larivière, qui grâce à cet arbre à vent, révolutionne l’énergie éolienne.
Comment vous est venue l’idée de l’arbre à vent ?
Tout a commencé un jour d’été où j’ai observé, dans un parc, un arbre isolé entouré d’immeubles. Les feuilles de l’arbre frémissaient alors qu’il n’y avait pas la moindre brise. Ma réflexion a été très simple : et si on était capable de recueillir l’énergie de ces feuilles pour en faire des watts ? Fondée sur une intuition, cette idée est devenue réalité. Deux années ont été nécessaires pour passer, grâce aux travaux d’ingénieurs, de l’intuition au brevet.
Vous vous êtes inspiré de la nature pour développer cette technologie, peut-on dire que vous surfez sur le biomimétisme ?
C’est en effet notre approche de départ. Longtemps, j’ai préféré dire que nous étions biomorphiques car nous ne faisons pas de photosynthèse. Mais quand je décline les trois sources d’énergie que nous combinerons à terme avec nos futurs arbres à vent, à savoir le vent, la chaleur de la terre, et la lumière, nous nous rapprocherons authentiquement d’une démarche biomimétique. Dans le massif, nous aurons un système racinaire capable de stocker l’excédent d’énergie de l’arbre pour la restituer au moment opportun comme les vrais arbres vont chercher les nutriments dans la terre. Sur nos feuilles et pétales, nous ajouterons des films photovoltaïques pour capter la lumière. L’arbre à vent de demain aura ainsi vaincu la problématique de l’intermittence avec ces 3 sources d’énergie qui se combineront parfaitement.
L’éolien est-il l’une des clés de la transition énergétique ?
Clairement oui, mais seulement si l’éolien s’inscrit dans un mix énergétique diversifié. L’énergie que nous délivrons est entièrement renouvelable. Après nous être penchés sur l’éolien, nous allons explorer le photovoltaïque en ajoutant dans un premier temps des pétales photovoltaïques puis une écorce couverte de cellules Cigs (cuivre, indium, gallium et sélénium, une technique d’élaboration des cellules photovoltaïques). Avec notre arbre nous contribuons à notre échelle à la préservation de la planète, avec peut-être un petit supplément d’âme lié à notre approche biomimétique.
Décrivez-nous cet arbre à vent… Comment ça marche ?
La technologie dont est équipé l’arbre une pure invention de notre part. Sa particularité : être un moyen de production d’énergie qui s’appuie sur les énergies perturbées et turbulentes en milieu urbain, les vents capricieux en intensité et en direction qui entrent dans les villes par exemple. Pendant des mois, nous avons cherché à comprendre la nature de cette énergie pour pouvoir la récupérer et la transformer en électricité verte. Ces recherches ont donné naissance au concept de mini-éoliennes en forme de feuilles, baptisées Aeroleaf, sensibles au moindre courant d’air (2,5 mètres par seconde), totalement silencieuses, et capables en tournant sur elles-mêmes de produire de l’électricité sans nécessité de grand vent. En combinant une multitude de petites turbines Aeroleaf, on fait le pari de récolter des watts pour en faire des kilowatts.
Que peut-il alimenter ?
L’arbre fonctionne sur un principe d’auto-consommation, il délivre une énergie immédiate de proximité urbaine, là où il existe des besoins constamment nouveaux. Il peut, par exemple, alimenter l’éclairage d’un parking, les rechargements de voitures et de vélos électriques, des ports USB, des connexions Wifi… Autant de services susceptibles de rendre les villes de demain plus connectées et agréables à vivre.
L’arbre à vent a donc un rôle à jouer dans la ville connectée ?
Sans aucun doute ! De nombreux smart-grids et micro-grids à l’échelle du quartier sont aujourd’hui réalisés en France et intègrent les réseaux d’énergies propres. Les solutions de production d’électricité, sous forme d’arbres ou de buissons que nous proposons, ont vocation à être installées au cœur des villes, sur des bâtiments, des infrastructures existantes éloignées des réseaux, au bord des routes, récupérant l’énergie de l’activité humaine et industrielle. Ces flux seront injectés dans des réseaux connectés et régulés.
Le coût élevé d’un arbre à vent (50 000 euros) ne disqualifie-t-il pas de fait les particuliers ?
Nous avons pour ambition d’être un complément d’énergie verte et élégante. Nous nous adressons d’abord aux collectivités territoriales car planter un arbre nécessite beaucoup de place. Même si nous recevons beaucoup de demandes de particuliers, l’arbre est encore trop cher. Il faut nous laisser le temps de progresser, de faire baisser les coûts de production. Par exemple, du fait de leur modularité, nous pourrions installer nos petites turbines sur des structures plus simples, moins chères, pourquoi pas en bois… Nous pourrions in fine imaginer, dans quelques années, un petit arbre sur un balcon d’immeuble ou dans un jardin…
Site de New wind : www.newwind.fr
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