biométhane

Injection de biométhane : la filière française s’organise

Les gestionnaires de réseaux gaziers français (GRDF, GRTgaz, TIGF, SPEGNN) ont publié le 22 février en partenariat avec le Syndicat des Énergies Renouvelables, le Panorama du gaz renouvelable en 2016. Cet état des lieux met en avant l’importante croissance de la filière biométhane tout en chiffrant le potentiel de développement de l’injection de ce gaz renouvelable dans les réseaux de gaz naturel. Si le biométhane prend lentement sa place dans le mix énergétique français, son développement est en revanche trop lent pour atteindre les objectifs fixés par la loi de transition énergétique. Explications.

Qu’est-ce que le biométhane ?

Le biométhane est une énergie 100% renouvelable issue de la méthanisation des déchets organiques (ordures ménagères, déchets agricoles et industriels, déchets agroalimentaires…) par le processus naturel de dégradation de matières organiques dans un environnement privé d’oxygène. Il s’agit d’une version épurée du biogaz : le biométhane est en effet le biogaz débarrassé de toutes ses impuretés (comme le CO2 et le sulfure d’hydrogène).

Le biométhane peut être utilisé comme carburant et ainsi améliorer le bilan carbone du secteur des transports ou comme combustible pour produire de l’énergie électrique, de l’énergie thermique (chaleur) ou les deux simultanément en cycle combiné.

« La méthanisation a pour spécificité d’être une filière de production de combustible ou de carburant, mais aussi une filière alternative de traitement des déchets organiques. En collectant ces déchets pour produire du biométhane, on limite leur impact environnemental en évitant les émissions de gaz à effet de serre dans l’atmosphère, et en valorisant leur potentiel énergétique », expliquent les auteurs du Panorama du gaz renouvelable.

Consciente de ces avantages, la production de biogaz a été intégrée en 2015 dans la stratégie énergétique française. La loi de transition énergétique pour la croissance verte a en effet fixé un objectif de 10% de gaz renouvelable dans les consommations énergétiques françaises à l’horizon 2030. Pour y parvenir, la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) prévoit de porter le volume de biométhane injecté dans les réseaux gaziers français à 1,7 TWh en 2018 et à 8 TWh en 2023.

L’injection de biométhane dans les réseaux français progresse

En 2016, ce ne sont pas moins de 215 GWh de gaz renouvelable qui ont été injectés dans le réseau de gaz français, contre 85 GWh en 2015 : soit une progression annuelle de 162%. Ce volume énergétique, qui représente la consommation de près de 18.000 logements ou de 1.000 bus, a ainsi permis d’éviter le rejet de 40.400 tonnes de gaz à effet de serre dans l’atmosphère tricolore.

Sur les 548 unités de production de biogaz françaises, 26 le valorisent en injection de biométhane sur le réseau gazier national. Ce chiffre est donc en progression de 53% par rapport à 2015, où le parc d’injection ne comptait que 17 unités. Selon les chiffres du Panorama du gaz renouvelable, la production des installations d’injection a doublé en 2016 : elle est passée de 11.265 MWh en janvier 2016 à 24.901 MWh en décembre de la même année. Fin 2016, la capacité maximale de production de biométhane installée s’élevait à 410 GWh par an.

« Cette dynamique est la résultante de l’investissement et de la collaboration de l’ensemble des acteurs de la filière, notamment au sein du groupe de travail Injection biométhane du Comité National Biogaz. Les professionnels du gaz renouvelable poursuivent leurs efforts pour générer un nombre croissant de projets et favoriser leur accomplissement. Néanmoins, il est important de consolider les évolutions de 2016 et d’entériner les évolutions réglementaires en attente pour sécuriser l’atteinte des objectifs d’injection de la PPE ».

Quelles perspectives pour la filière?

Aujourd’hui, la production de gaz renouvelable ne représente donc que 0,05% de la consommation tricolore : l’objectif des 10% de la consommation de gaz renouvelable français d’ici 2030 (soit 40 TWh de biogaz produit chaque année) est loin d’être atteint.

Les auteurs du Panorama ont identifié 241 projets d’injection de biométhane « en file d’attente de raccordement » au 31 décembre 2016. Ces sites, qui pourraient être mis en service dans un délai de 2 à 5 ans, représentent une puissance potentielle annuelle de 5 TWh. Soit la consommation annuelle moyenne de 416.000 clients ou de 22.000 bus. Une puissance conséquente mais qui ne sera pas suffisante à elle seule pour atteindre les objectifs nationaux.

Les professionnels réclament ainsi plusieurs mesures pour soutenir et favoriser le développement de la filière. En premier lieu, il s’agirait de voir évoluer les règles du jeu, notamment l’annualisation des volumes de gaz injectés dans le réseau : à l’heure actuelle, les bénéficiaires du tarif d’achat doivent se limiter à une production mensuelle. « Le problème se pose quand le site est confronté à un aléa technique pendant un mois, il ne peut pas le récupérer sur le reste de l’année, car borné par la quantité injectée par mois », explique Christophe Bellet, directeur du projet biométhane au sein de GRDF.

Le prolongement du contrat d’achat de 15 à 20 ans à tarif identique est également une des revendications de la filière. En plus d’augmenter de manière non négligeable la visibilité des projets, cette mesure permettrait de réduire la frilosité des organismes bancaires. « Parmi les obstacles à l’émergence de projet, figure le financement des projets portés par différents acteurs. Nous pâtissons encore des difficultés qu’a connu la cogénération biogaz », reconnait M. Bellet.

À ces mesures de soutien s’ajoutent également le potentiel technique des technologies de gazéification et du « Power-to-Gas » (stockage de la surproduction des installations renouvelables via l’hydrogène). Pour renforcer le potentiel de la méthanisation (210 TWh par an d’ici 2035), le Panorama du gaz renouvelable préconise le renforcement des installations de gazéification et le développement des sites de « power-to-gaz », deux technologies qui pourraient atteindre des productions respectives de 160 à 280 TWh par an et 15 à 40 TWh par an.

« En se basant sur les projets identifiés à ce jour, le potentiel d’injection de biométhane à horizon 2020 est de l’ordre de 3000 GWh par an, ce qui permettra d’économiser 560.000 tonnes de gaz à effet de serre », conclut le Panorama.

 

Crédit photo : EDF-Martina Nolte

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