La filière hydrogène se construira par l’émergence d’écosystèmes territoriaux (Tribune)

Le déploiement de technologies et d’infrastructures innovantes parmi lesquelles les réseaux de distribution d’hydrogène et le stockage de l’énergie seront favorisés dans les années à venir. Ce sont les Régions, collectivités territoriales ayant la compétence de développement économique et également d’innovation, qui joueront un rôle pivot.

Les stratégies mondiales ambitieuses pour la filière hydrogène

L’hydrogène est un gaz traditionnellement utilisé dans l’industrie pétrolière, la chimie industrielle ou encore l’électronique. Il offre des solutions multiples et efficaces pour la fabrication de composants, pour le stockage d’énergie ou encore pour le transport des gaz actifs. Dans l’industrie du verre, par exemple, il permet la fabrication d’écrans plats moins polluants et plus éco-responsables.

Dans le cadre des efforts déployés au niveau mondial pour mettre en œuvre l’accord de Paris, 18 multinationales, parmi lesquelles Air Liquide, Alstom, Anglo American, Audi, Ballard, BMW Group, Daimler, ENGIE, General Motors, Honda, Hyundai Motor, Iwatani, Kawasaki, Plastic Omnium, Royal Dutch Shell, Statoil, The Linde Group, Total, et Toyota, se sont réunis pour lancer l’Hydrogen Council à l’occasion du Forum économique mondial de Davos de 2017. L’intention est de réfléchir à de nouvelles solutions pour encourager et accélérer la recherche sur l’hydrogène et ses usages.

Alors que l’Europe affiche l’ambition de parvenir à la neutralité climatique à l’horizon 2050, fin 2019 la communication de la Commission Européenne sur le Pacte vert pour l’Europe (European Green Deal) précise le cadre qui favorisera dans les années à venir le déploiement de technologies et d’infrastructures innovantes parmi lesquelles les réseaux de distribution d’hydrogène et le stockage de l’énergie.

En complément, le programme Horizon Europe pour la période 2021-2027 prévoit de soutenir les efforts de recherche et d’innovation nécessaires dans le domaine de l’hydrogène en privilégiant les partenariats avec l’industrie et les Etats membres. La France est également au rendez-vous.

À l’occasion de la présentation de France Relance en septembre 2020, l’État français a précisé sa stratégie ambitieuse pour la filière hydrogène avec un montant d’investissement de 7 milliards d’Euros et dont la première des priorités est de décarboner l’industrie en faisant émerger une filière française de l’électrolyse.

Selon l’étude conjointe menée par l’ADEME et Ernst & Young en octobre 2020 entre 58 000 et 107 000 emplois pourraient être générés en France à horizon 2030.

Cette étude est basée sur des hypothèses de marché optimistes mais réalistes.

Une filière hydrogène qui se construira en lien avec les écosystèmes territoriaux

Si l’Europe et la France ont défini le cadre et l’ambition, la filière hydrogène française et européenne se construira surtout par l’émergence d’écosystèmes territoriaux cohérents regroupant les différents usages.

Les acteurs des filières de la pétrochimie, de la chimie industrielle, de l’électronique mais aussi ceux de la filière mobilité doivent saisir dans un même territoire, à un même instant l’opportunité qui s’offre à eux.

La Région, collectivité territoriale ayant la compétence de développement économique et également d’innovation, joue alors un rôle pivot.

C’est d’autant plus vrai lorsqu’elle sait s’appuyer sur l’expertise et le réseau de pôles de compétitivité. C’est très exactement ce qu’il se passe sur le territoire de la Région Auvergne-Rhône-Alpes. Fort de ses 370 adhérents, le pôle de compétitivité AXELERA crée au quotidien de la valeur en faisant émerger des solutions innovantes et compétitives pour l’industrie à la confluence de la chimie, de l’environnement et de l’énergie.

C’est donc tout naturellement que le pôle accompagne depuis 2017 la Région dans son projet de structuration de filière d’excellence hydrogène « Zero Emission Valley » initié en partenariat avec trois de ses adhérents : ENGIE, Michelin et Hympulsion.

En complément des enjeux d’usage mobilité, Axelera apporte son expertise sur des projets d’écosystèmes territoriaux en fédérant les usages industriels de l’hydrogène. Deux projets récents emblématiques accompagnés par AXELERA montrent la voie : tout d’abord, le projet CASHEMIR (Conversion d’AdiSseo à l’HydrogèneE pour la Méthionine IndustRielle) qui s’inscrit dans le cadre de la démarche responsable et durable d’ADISSEO en partenariat avec ENGIE.

Ce projet soutenu par l’ADEME vise à réduire l’empreinte carbone de la production de méthionine, acide aminé indispensable à la nutrition animale par la construction d’une unité de production d’hydrogène vert alimentant les lignes de production sans renoncer à ses besoins de productivité. Autre projet d’ampleur soutenu par l’Europe, HYPSTER porté par STORENGY, vise à installer le premier démonstrateur de stockage d’hydrogène vert en cavité saline.

Il s’agit là d’un maillon essentiel du développement de la filière hydrogène : le stockage de l’hydrogène à grande échelle. C’est ici et maintenant, en assemblant l’ensemble des usages de l’hydrogène décarboné tant industriel que mobilité que se dessine la filière hydrogène européenne.

commentaires

COMMENTAIRES

  • Quelle folie… que d’argent dilapidé (autant que d’énergie pour produire cet H²!).
    Il y a des besoins d’hydrogène dans des procès industriels… OK
    Mais considérer, admettre, vouloir, envisager, décider, faire croire… que l’hydrogène sera  »la solution » pour lutter contre le réchauffement climatique, c’est tout simplement illusoire, utopique, non rentable, dangereux et surtout contraire au but initial recherché… à savoir lutter contre les émissions de CO² !
    L’hydrogène n’est pas une source d’énergie, mais un tout petit  »vecteur énergétique » très peu rentable à produire!
    Dans un cycle énergétique complet; de la production d’hydrogène à la production d’énergie électrique possible avec cet H² produit… ON DOIT CONSTATER UN RENDEMENT ENERGETIQUE GLOBAL D’ENVIRON 20%! C’est pire encore que toutes les centrales thermiques, nucléaire compris!
    Alors pourquoi s’obstiner dans la médiocrité? En fait ce n’est qu’une course effreinée vers les subventions!
    La seule filière rentable serait de produire de l’hydrogène grace à la méthanisation… sans quasiment aucun apport énergétique! Beaucoup à dire, pas le temps de développer!
    Mais encore et surtout, mais encore et prioritairement, mais encore et en urgence absolue METTRE EN PLACE UNE VERITABLE POLITIQUE DE MAITRISE DE L’ENERGIE … pour cela ce ne sont pas des pubs, ni des actions  »médiatiques », ni des ministres incompétents scientifiquement… qui permettront ces évolutions radicales!
    Un petit exemple tout à fait inconnu de tous: Les fers à repasser vapeur présentent une puissance d’environ 2KW (et même plus encore!), c’est énorme, au point que leur thermostat déclenchent en permanence pour couper le courant, sinon ils mettraient le feu Un peu comme si vous conduisiez votre véhicule en écrasant l’accélérateur à fond pendant une seconde puis relâché 5 secondes!
    Quel est le bilan de tout cela… ajouté à d’autres appareils, cela impose aux clients d’EDF de souscrire un abonnement d’au moins 30A (EDF y gagne, le client y perd!)… mais EDF aussi restera perdant car ces appels de puissances sur le réseau augmentent les moyens de production à faire tourner!
    Et juste pour conclure et ne pas parler  »dans le vide », un fer à repasser de 1000W est largement suffisant pour repasser à a vapeur… cette puissance devenue raisonnable nécessite aussi des coupures du thermostat!
    Ces sont tous ces petits détails qui pourraient faire la différence… il y en a une infinité dans ce genre!

    Répondre
  • Guy Favand, tout jeter avec l’eau du bain ne me parait pas souhaitable. Mais je suis d’accord avec vous sur l’importance des aides qui sont disponibles dans une filière qui n’a encore pas prouvé grand chose et dont les mathématiques associées sont le révélateur d’une certaine supercherie. Ceci étant quelques pistes restent à décortiquer et méritent de l’être, en particulier ce qu’on peut faire via la pyro-gazéïfication, à l’échelon des collectivités me parait intéressant. Economie circulaire + flière courte, la plus courte possible. Et je vous dis ça pas du tout parce que je suis un de ces pyrogazéïficateurs, mais moi je ne suis manifestement pas doué pour collecter les aides pour financer les modifications de notre process existant pour obtenir un gaz plus riche en hydrogene. Par contre notre procédé appliqué à la production d’hydrogene pourrait conduire à un hydrogene économiquement viable parce que derrière notre gazéïficateur, l’étage épuration du syngas serait réduit à sa plus simple expression. Le syngas ça marche tres bien pour faire de la chaleur, de l’électricité et de la chaleur voire du froid, et d’autres choses encore. Un seul problème, précisément, l’hydrogene les éoliennes et le solaire vident les caisses et il ne reste plus rien pour nous. Une précision, je ne suis pas anti-nucléaire pour des raisons évidentes de réchauffement climatique.

    Répondre
    • Le syngaz produit  »simplement » a certainement de l’avenir, voir cette courte vidéo réalisée par un ami en Italie:
      https://www.youtube.com/watch?v=Y060vMpOQX4
      Et en France, championne des incinérateurs hypers toxiques avec leurs émissions de dioxines, furanes et autres molécules cancérigènes impossibles à filtrer… ON FERAIT BIEN DE S’Y METTRE… mais encore une histoire de lobbys qui protègent ces fabricants d’usines à incinérer!
      Pour rappel, c’est le pico gramme de dioxine qui est la dose cancérigène pour un humain!

      Répondre
      • Je pense que vous ignorez les normes auxquelles sont soumis les incinérateurs et accablez un peu trop vite ce procédé : https://www.senat.fr/rap/o98-415/o98-41514.html Le problème, sans incinérateur, est l’élimination des composants non recyclables issus du pétrole. Il est donc souhaitable de séparer les composés organiques qui peuvent être transformés en biogaz par méthanisation du reste des déchets.

        Répondre
        • Bonsoir Cochelin, je vous suis extrêmement reconnaissant de vos messages et des liens qu’il contiennent. Vous avez tapé dans le mille, c’est exactement notre but et en plus nous avons choisi le même moteur pour sa simplicité et sa robustesse.
          Nous maitrisons parfaitement une bonne partie des biomasses disponibles couramment et nous allons nous attaquer aux bois de récupération pollués. Pour la gazéïfication pas de soucis, mais il nous faudra maitrise la dépollution du syngaz (colles, vernis, métaux lourds, etc..)
          Ensuite nous passerons aux CSR (combustibles solides de remplacement ) qui vont nous obliger à modifier au moins une partie de notre process, mais nous sommes confiants. Mais pour faire tout ça il nous faudra trouver les financements, pas gagné, car les expériences faites en France ont eté plus ou moins des échecs.
          J’abuse de votre bonne nolonté. Y-a-t’il un moyen de joidre l’homme de la video qui doit parler anglais et pourquoi pas aller le voir dés qu’on pourra se déplacer librement.
          Pour l’aspect règlementation, vous avez aussi raison, mais de base la gazéIfication est beaucoup plus propre que l’incinération parce que nous travaillons en défaut d’air et non en excès (moins de débit de gaz donc moins d’entrainement de particules à filtrer (quand elles le sont) et température maxi de 1100°C contre mini 1500°C en incinération, donc en particulier pas de formation de polluants type furane autres qui se forment à haute température.
          Au niveau des lobbys une fois de plus vous avez raison et notre procédé dérange sérieusement des intérêts puissants et notre parcours est un saut d’obstacles permanent .
          Encore une fois mille merci, vos infos sont tres encourageantes et démontrent que nous sommes dans la bonne voie. Si vous avez des questions à poser ou si vous voulez en savoir plus, vous pouvez me joindre là :claude.choppin@edda-energie.com.

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