hydrogene bleu est passerelle importante attendant montee puissance hydrogene vert - Le Monde de l'Energie

« L’hydrogène bleu est une passerelle importante en attendant la montée en puissance de l’hydrogène vert »

Dans un entretien au Monde de l’Energie, Mei Chia, senior business lead chez Honeywell Sustainable Technology Solutions, évoque la place de l’hydrogène décarboné ou bas carbone dans les stratégies de transition énergétique.

Le Monde de l’Énergie —L’hydrogène semble être le vecteur énergétique sur lequel veulent s’appuyer la France et l’Union européenne pour décarboner certains secteurs fortement émetteurs de gaz à effet de serre (industrie, transport lourd notamment). Pour autant, l’hydrogène est déjà largement utilisé dans l’industrie et majoritairement issu de sources fossiles. Quelles sont les grandes échéances fixées par les différents plans français et européen ?

Mei Chia—Aujourd’hui, plus de 95 % de l’hydrogène utilisé appartient à la famille des hydrogènes gris. Cet hydrogène s’obtient par le vaporeformage de combustibles fossiles (principalement le gaz naturel), méthode qui constitue la source d’hydrogène la plus abordable, mais aussi celle qui produit le plus de CO₂ en l’absence de technologies de réduction spécifiques. Selon le Forum économique mondial, environ 6 % du gaz naturel et 2 % du charbon utilisés dans le monde ont été consacrés à la production d’hydrogène au cours des dernières années. Les émissions de dioxyde de carbone qui en résultent s’élèvent à environ 830 millions de tonnes par an, soit l’équivalent des émissions combinées du Royaume-Uni et de l’Indonésie.

Selon McKinsey, la demande d’hydrogène propre pourrait être multipliée par 5 ou 7 et atteindre environ 660 millions de tonnes par an d’ici 2050. Cette demande de solutions durables en matière d’hydrogène est en hausse et de nouvelles lois sont adoptées dans le monde entier pour encourager les investissements. Depuis 2020, la Commission européenne a élaboré une stratégie pour une Europe climatiquement neutre visant à accélérer le développement de l’hydrogène propre et à garantir son rôle en tant que pilier de ce projet d’ici 2050. La France, en particulier, se positionne comme une nation pionnière sur ce sujet et vise à accélérer sa production et à faire de l’hydrogène l’une des clés de voûte de sa décarbonation industrielle. Avec 9 milliards d’euros dans le cadre du plan France 2030, elle investit massivement dans la mise en place de sa filière d’hydrogène électrolytique décarboné, visant à devenir l’un des leaders mondiaux en la matière.

Le Monde de l’Énergie —Comment voyez-vous la transition d’un hydrogène gris vers des hydrogènes bas-carbone (bleu, vert, rose…) ?

Mei Chia—Nous sommes encore à l’aube de cette nouvelle économie, mais alors que de nombreux pays continuent de chercher des solutions innovantes pour lutter contre le changement climatique et réduire leur dépendance aux combustibles fossiles étrangers, l’hydrogène s’avère être une source d’énergie viable et un véritable moteur de croissance économique. Jusqu’ici, la plupart des méthodes de production d’hydrogène ne misaient ni sur l’innovation ni sur la durabilité qui caractérisent l’hydrogène vert. Cependant, l’augmentation de l’offre d’hydrogène vert sans émissions et la diminution de son coût de production pourraient nécessiter un investissement de près de 15 000 milliards de dollars, selon un rapport récent de l’ETG (la commission internationale pour la transition énergétique).

La production d’hydrogène vert utilise de l’électricité renouvelable pour séparer les molécules d’hydrogène des molécules d’oxygène dans l’eau par électrolyse. Ce qui rend ce processus durable, c’est que l’électricité utilisée provient des sources renouvelables (énergie solaire et éolienne) et que le produit dérivé n’est pas du CO₂. Mais pour généraliser l’utilisation de l’hydrogène, trois éléments sont nécessaires : une offre et une disponibilité accrues grâce à la production, une infrastructure viable pour le transport et un prix plus bas pour l’utilisateur final. Des technologies telles que les membranes recouvertes d’un catalyseur peuvent contribuer à réduire les coûts de production en augmentant l’efficacité des électrolyseurs et la densité du courant électrique. Outre les développements de ces membranes, les technologies de purification de l’hydrogène fonctionnent à haute pression à partir de flux de traitement afin d’éliminer les traces de contaminants tels que l’oxygène, l’eau et l’azote. Cela permet de récupérer et de purifier l’hydrogène à plus de 99,9 % pour répondre aux besoins des raffineries.

Le Monde de l’Énergie —Quelle part peut avoir la production d’hydrogène à partir de gaz naturel avec captage du carbone (hydrogène bleu) dans cette transition ? Quels sont les projets en cours, en France et en Europe, et sont-ils à l’échelle des enjeux ?

Mei Chia—L’hydrogène bleu est une passerelle importante en attendant la montée en puissance des capacités que nous venons d’évoquer. Il est dérivé du gaz naturel, mais, contrairement à l’hydrogène gris, ses émissions de carbone sont capturées et stockées en toute sécurité dans le sous-sol, ce qui réduit considérablement les émissions de CO₂. L’hydrogène bleu est donc une technologie de transition essentielle pour parvenir à l’hydrogène vert, la plus propre de toutes les formes d’hydrogène. Il s’agit d’un élément clé de la décarbonation et d’une technologie propre applicable à grande échelle déjà accessible, même si le rôle de l’hydrogène et de la capture du carbone et leurs multiples applications ne sont pas largement connus ni acceptés.

Honeywell travaille actuellement sur 20 projets relatifs à l’hydrogène, dont la plus grande initiative de séquestration du carbone à ce jour aux États-Unis pour fournir de l’hydrogène plus propre avec Wabash Valley Resources LLC, qui capturera jusqu’à 1,65 million de tonnes de CO₂ par an. Nos laboratoires travaillent actuellement sur une multitude d’autres projets concernant la capture de carbone, l’hydrogène vert, le stockage d’énergie à long terme et de nouveaux moyens de rendre les combustibles renouvelables encore plus efficaces.

commentaires

COMMENTAIRES

  • Rien sur la possibilité de l’H² issu de l’élec provenant du nucléaire pourtant décarboné !
    Rien sur le mauvais fonctionnement des électrolyseurs couplés en direct avec du renouvelable (brut) et son courant en dents de scie !
    Il semble que Mel Chia élude les critères que j’évoque, serait-il tendancieux ?

    Répondre
  • Il y aura bien de l’hydrogène vert, mais il sera cher.
    Je ne vois pas comment il pourrait se retrouver au même niveau de prix que celui du gaz fossile de ces dernières décennies, étant donné le coût de fabrication, de stockage et de distribution.

    Répondre
  • Une SACREE Coquille dans l’interview : «  » l’hydrogène s’avère être une source d’énergie viable et un véritable moteur de croissance économique. «  » —> L’Hydrogène est un VECTEUR ENERGETIQUE !!! Donc il faut de l’énergie pour faire ce VECTEUR qui est alors de l’énergie…

    De plus l’hydrogène utilisé aujourd’hui l’est MAJORITAIREMENT sous forme de FLUX avec Peu de stockage !!! Et les annonces actuelles annoncent le Stockage massif d’hydrogène ce qui est une Révolution quasi « copernicienne » pour ce vecteur et se fera donc sur un pas de temps Long (30 à 60 ans à minima !!!). On assiste encore à des Extrapolations Prédicto-fictionnelles qui ont peu de chance d’être à l’échelle. (L’industrie fossile doit être bien contente de cela !)

    Et beaucoup d’ENRistes qui ne prennent que peu de recul ne se rendent pas compte du chemin très étroit pendant longtemps du Vecteur Hydrogène…

    Répondre
  • L’Hydrogène coutant, en projection assez optimiste actuellement, autour de 300 Euros/MW.h, ce vecteur énergétique est très cher et peu à même de concurrencer les Fossiles en Usage énergétique (sans compter les chaines logistiques dont on ne connait pas les couts réels ! Cf – )https://www.lemondedelenergie.com/totalenergies-gtt-vont-developper-navire-transport-hydrogene-liquide/2023/04/28/ —> Le cout des « Hydrogéniers est INCONNU et l’Hydrogène « attaque » bien des aciers !!! un bateau avec cuve en INOX bonjour la Facture !!!).
    Par ailleurs l’Hydrogène dans les raffineries (et/ou la production d’Engrais) est plus une matière « première » réactive qu’un vecteur énergétique (comme le pétrole et ses dérivés pour LES plastiqueS ). Sur ce point une Taxe Carbone très élevé peu enclenché le démarrage réel de la production d’Hydrogène réactif ^pour ces usages ciblés (et faire faire de grosses économies de GAZ et aussi aller vers des sociétés plus résilientes vis à vis du Fossile à tous les étages) mais ce n’est plus de l’énergie mais de la Chimie Lourde (et un choix politique, qui par ailleurs vu la situation très compliqué d’approvisionnement du Gaz en Europe serait plus que Bienvenu !!!).

    L’Hydrogène est un Sacré « fantasme » et/ou une mythologie qui est écrite et décrite par bien des personnes… (pas forcément objective !)

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    • @Cochelin,

      C’est intéressant comme approche de fabrication de l’hydrogène mais cela risque de demander de la place pour le Process (cela peut couter chère à grande échelle, certes moins en Espagne dans des zones demi-désertique), des zones bien ensoleillées pour garantir des couts optimaux, du Stockage (et cela coutera bien cher avec l’hydrogène) et enfin de l’eau douce… Pas sur qu’à grande échelle, cela ne surenchérisse pas de manière importante les couts annoncés pour de l’hydrogène rendu sur un complexe industriel d’Europe du Nord !?

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