La filière nucléaire demande un « plan Marshall » pour trouver ses futurs professionnels

La filière nucléaire présente vendredi au gouvernement un « plan Marshall » destiné à attirer et former les 100.000 agents qu’elle estime nécessaires dans les 10 ans pour accompagner la relance de l’atome en France.

Aujourd’hui « l’enjeu principal est un enjeu d’attractivité: les formations existent déjà mais elles sont mal connues et il s’agit de les remplir », a expliqué Hélène Badia, présidente de l' »Université des métiers du nucléaire », entité créée en 2021 par des entreprises du secteur.

Le plan sera remis aux trois ministres concernées, de la Transition énergétique, de la Recherche et de la Formation professionnelle, à l’occasion d’un déplacement en Normandie, « terre du nucléaire » comme l’a qualifiée le cabinet d’Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition énergétique.

La Normandie accueillera, à Penly (Seine-Maritime), au mieux à partir de 2035, la première paire de futurs réacteurs EPR2 souhaités par le gouvernement, qui vise une première série de six unités.

Le plan de Mme Badia contient des « actions concrètes, pour répondre à des besoins considérables », a-t-elle décrit lors d’une conférence avec des journalistes.

Parmi elles, un site internet grand public (monavenirdanslenucleaire.fr), une Semaine des métiers du nucléaire organisée avec Pôle emploi (dont la 1ère édition a été tenue cette année), des mesures pour inclure le plus grand nombre (femmes, populations issues des quartiers prioritaires de la ville et des zones rurales, création de classes passerelles à l’intention d’élèves en échec scolaire, recrutements par le sport etc), augmentation des reconversions, présentation de ces métiers au collège et ce dès la rentrée prochaine…

Vendredi, les ministres Sylvie Retailleau, à l’Enseignement supérieur et à la Recherche, Agnès Pannier-Runacher, à la Transition énergétique, et Carole Grandjean, chargée de l’Enseignement et de la Formation professionnels doivent en outre annoncer l’attribution de 25 millions d’euros à deux projets français de « réacteurs innovants » dans le cadre du programme d’investissements France 2030: la start-up Newcleo qui travaille à un réacteur à neutrons rapides utilisant le plomb, et la start-up Naarea qui veut mettre au point un « micro-générateur de 4e genération fonctionnant à sels fondus » à partir de combustibles usagés.

Ce déplacement ministériel vendredi, consacré à la formation et à la recherche, passera par l’Université de Caen Basse-Normandie et le site du Grand accélérateur national d’ions lourds (GANIL), installation de recherche de physique nucléaire fondamentale.

commentaires

COMMENTAIRES

  • 1) Former des professionnels (5 à 8 ans)
    2) Construire l’outils de production (15 ans pour les premiers, étendu à 40 ans pour les derniers soit une moyenne de 25 ans pour obtenir un véritable parc de remplacement)

    On aura la solution du problème d’aujourd’hui dans 30 ans quand nos voisins l’aurons dans 15 ans.

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  • Rochain et son optimisme à toute épreuve, dès qu’il s’agit de torpiller le nucléaire !…
    je me permets, quand-même, de préciser que l’on forme habituellement, un excellent soudeur en trois mois, de même pour les chaudronniers, et certains électriciens « de tableau »
    Il faut, en effet, quelques années pour former les ingénieurs spécialisés en techniques nucléaires, mais je pense que les formations généralistes des grande écoles et de certains universités y pourvoient, depuis longtemps..
    Il suffit de motiver les jeunes ingénieurs pour cette voie « royale » !… Et là, on sait comment il faut faire !.. en évitant de les assommer à coups de contre-vérités et de stupidités, comme certains sont les spécialistes…
    Notre grand Serge connaît sans aucun doute certains d’entre eux ? non ?

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  • Une fois de plus des affirmations biaisées. Il n’est nullement nécessaire de construire un parc de remplacement des centrales nucléaires existantes, dont la durée de vie a été décrétée de 40 ans par des politiques ignorants et non par des spécialistes compétents. D’ailleurs les USA ont décidé de prolonger les leurs et rien ne nous empêche d’en faire autant. Je me demande quelle « solution de remplacement » nos voisins auront dans quinze ans : des centrales au lignite comme en Allemagne, au gaz ? Et bien sûr au charbon, dont une cinquantaine sont en construction et une cinquantaine d’autres envisagées ! Car, à part les fanatiques, il n’est personne de raisonnable pour croire au prétendu 100 % renouvelable même à grand renfort de batteries. Lesquelles de plus n’ont rien d’écolo, dont la durée de vie est de l’ordre de quinze ans et dont la fabrication est grande consommatrice de ressources qui n’ont rien non plus d’écolo pour se les procurer (à commencer par le lithium : cf les oppositions qui commencent à se manifester à son sujet, par exemple en Alsace).

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  • Il faudra peut-être (et probablement) passé temporairement par de la « main d’œuvre » étrangère avec dans certains cas de multiples avantages : formation de professionnels pour lancer des filières à l’étranger (les Indiens et divers pays d’Europe de l’Est sont intéressés par plus de Nucléaire, cela peut être une source de compétences temporaire et aussi d’échanges divers et variés !) avec le retour de professionnels formés dans leur pays après un séjour en France pour lancer leur filière nationale (avec du matériel français !?)…
    Pas impossible non plus que les Allemands n’envoient pas en France des professionnels (ou que ceux-ci viennent assez « spontanément ») du secteur pour garder du « savoir-faire » ! Londres fut, il y a 10 ans dans le Top 7 des « plus grandes villes françaises » avec énormément de Français installés à Londres (du fait du secteur financier mais aussi d’opportunités multiples à l’époque…).

    Nota : Le Plan Marshall a nécessité l’emploi de beaucoup de main d’oeuvre étrangère dans certains secteurs (beaucoup d’espagnols et de Portugais au début des 30 Glorieuses, et du Maghreb aussi)…

    Et d’autre part, les USA qui poussent leur filière Nucléaire en Europe (Pologne notamment) le font peut-être aussi pour avoir de la main d’oeuvre pour relancer par la suite leurs filières nucléaires… Le Gaz de Schiste ne sera pas éternel, mais au pays de l’oncle Sam les hydrocarbures ont la priorité (Hélas !).

    Il peut être intéressant plutôt que de créer un nouvelle falaise, d’employer divers types de personnel dont des personnes de plus de 50 ans, plutôt que d’avoir une pyramide des âges avec des bosses prononcées (cela a été un problème dans le BTP avec des pics d’embauche – 30 glorieuses – et des périodes de très faible embauche dans les années 80… avec la création d’appels et de manque…)

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  • Enfin ça commence à bouger ! Souhaitons que les engagements soient tenus fermement et que les alternances politiques ne remettent pas en cause des décisions qui engagent sur le long terme, plus de 60 ans, venant rompre la confiance nécessaire pour réussir un tel projet.
    Rappelons-nous les projets historiques du 20 dème siècle qu’ont été la construction des barrages hydrauliques dans les années 50-60, la construction du parc nucléaire dans les années 70 à 90, l’industrie aéoronotique qui continue à ce jour avec les Airbus. Que seraient-ils devenus s’ils avaient été régulièrement remis en cause pour des raisons purement politiques à chaque alternance du pouvoir? Ainsi LFI, EELV et d’autres nous expliquent que le nucléaire doit être abandonné, remettraient-ils en cause les engagements précédents?
    Le combat continue…

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  • Rappel avec un peu d’histoire
    le 6 mars 1974, Pierre Messmer, le Premier ministre français présentait le volet « indépendance énergétique » de la grande politique énergétique lancée fin 1973. Il dévoilait ici les détails d’un programme nucléaire à grande échelle de 13 milliards de francs (13 réacteurs).
    « Ce qui me frappe, c’est le sentiment d’urgence de l’époque, souligne l’historien Alain Beltran, directeur de recherche au CNRS et président honoraire du Comité d’histoire de l’électricité et de l’énergie. En quelques semaines, on a décidé un programme sans précédent.
    Le pouvoir politique avait alors une très grande confiance en EDF ».
    A l’époque Marcel Boiteux n’a pas eu le temps de faire de savants calculs, lui le mathématicien de haut vol passé par Normale-Sup, l’équipe du futur Prix Nobel d’économie Maurice Allais et la puissante direction des études d’EDF vont s’engager.
    Aujourd’hui il semble qu’on est loin d’avoir cette volonté.
    Qui sera le pilote charismatique entouré de scientifiques et techniciens capables de mettre en perspectives les moyens humains et techniques pour mener à bien ce type de projet ?
    Nos gouvernants actuels versent plutôt dans les grandes commissions et les annonces quotidiennes !

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    • @Michel Dubus,

      Marshall comme Messmer furent des officiers durant la 2nde guerre mondiale… (Marshall avec un rang nettement plus élevé…). Les militaires savent se battre, mais savent aussi (souvent) pourquoi les conflits démarrent et comment (parfois) les éviter…

      L’énergie et le développement ainsi que des sociétés prospères sont intimmement liés… Sans énergie pas de société moderne, soit on va la chercher là où elle est (par le commerce Et/Ou la Guerre) soit on la produit localement avec le moins possible de ressources importés… (ENRi comme Nucléaire nécessitent des importations de matières premières à minima, mais nettement moins en volume pour le Nucléaire… Le minerais de fer est importé pour les éoliennes comme pour les centrales nucléaires mais pas avec les mêmes ratios…).

      Le Nucléaire va être de plus en plus une évidence pour les Pays du Nord du 45ème parallèle, pas étonnant que les Finlandais, les Anglais, les Hollandais,les Polonais et les Suèdois (peuples très éduqués et consensuels) se remettent au Nucléaire ou y songent très fort !!!
      Les jeunes qui se lancent dans la filière Nucléaire peuvent avoir de très belles perspectives de carrières variées et pas uniquement en France dans la même centrale toute leur vie, si ils veulent bouger et à l’inverse ceux qui veulent de la stabilité géographique en Province peuvent avoir de jolies places bien au chaud pour longtemps et sans quasi aucun risque de délocalisation, ce qui n’est pas/plus le cas pour la plupart des filières industrielles françaises (Hélas !!!)…
      (Les USA vont se remettre rapidement au Nucléaire aussi dans certains états et les Canadiens fort probablement aussi…)

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