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L’Europe a évité de justesse la coupure généralisée d’électricité

L’Europe a évité de justesse la coupure généralisée d’électricité grâce à la mobilisation des industriels français.

Un problème d’équilibre entre l’offre et la demande en électricité au niveau européen a en effet poussé le réseau électrique européen au bord de la rupture.

Mais le black-out a pu être évité grâce à la réactivité des agents RTE qui ont utilisé pour la première fois le dispositif d’interruptibilité pour réduire la consommation électrique des sites industriels volontaires. Explications.

Une anomalie fait chuter la tension du système électrique européen

Le jeudi 10 janvier, une chute brutale de la fréquence a été identifiée sur le système électrique français et européen.

Si aucune anomalie n’était à signaler en France, où l’équilibre entre l’offre et la demande d’électricité était parfaitement assuré, les opérateurs réseau ont rapidement identifié la source du problème : l’interconnexion électrique entre l’Autriche et l’Allemagne a été accidentellement perturbé, faisant passer la fréquence du système électrique européen largement en dessous de la barre critique des 50 Hertz.

Ce déséquilibre aurait pu avoir une conséquence catastrophique pour la France et les pays européens voisins.

En raison des interconnexions qui existent entre les différents réseaux électriques nationaux, les opérateurs ont rapidement craint de sérieuses perturbations d’approvisionnement en électricité (importantes coupures voire une coupure généralisée d’électricité).

Pour éviter le black-out, la France a utilisé pour la première fois son dispositif d’interruptibilité.

À 21h02, le gestionnaire du réseau électrique français RTE a fait appel aux sites industriels interruptibles afin de leur demander de couper instantanément leur consommation d’électricité et ainsi faire remonter la fréquence du système européen.

Qu’est-ce que le dispositif d’interruptibilité ?

Le dispositif, prévu par l’article L. 231-19 du Code français de l’énergie, a été mis en place pour faciliter la gestion des situations critiques d’exploitation du système électrique.

En d’autres termes, ce système permet à RTE d’interrompre immédiatement l’alimentation électrique des sites industriels énergivores lorsque le fonctionnement du réseau français est menacé.

« Tout site de soutirage raccordé en France métropolitaine, d’une puissance souscrite supérieure à 25 MW et dont le processus permet d’interrompre sa consommation (passage en-dessous d’une puissance plafond) en moins de 5 ou 30 secondes, est éligible au dispositif d’interruptibilité », explique RTE.

En 2018, RTE disposait d’une marge de manœuvre de 1.530 MW de capacités interruptibles.

Cette puissance a été obtenue à la suite d’un appel d’offres, à la suite duquel les industriels français ont signé des contrats d’interruptibilité en contrepartie de compensations financières.

Ce dispositif se rapproche bien évidemment du système d’effacement de la consommation électrique.

Ce dernier consiste en effet à réduire la consommation physique d’un ou plusieurs sites afin de contribuer à l’équilibrage d’un réseau lors d’une baisse de la production, d’une hausse de la consommation ou pour compenser l’intermittence des énergies renouvelables.

Un premier succès pour ce dispositif

Le 10 janvier, lors de la chute de la fréquence du système électrique, RTE a ainsi fait appel aux 22 consommateurs industriels interruptibles pour assurer la sécurité d’alimentation de la France et, plus largement, de l’Europe.

Les sites industriels gros consommateurs d’électricité ayant un contrat avec RTE ont donc stoppé leur activité pendant 20 et 45 minutes.

Une mesure salutaire qui a permis de diminuer en quelques secondes la demande en électricité de 1.500 MW. Un volume qui correspond à la consommation de l’agglomération de Lyon en période hivernale.

« C’est la première fois qu’on utilise ce signal aux industriels interruptibles au niveau national. Le système a très bien fonctionné et a permis de sécuriser l’ensemble de la zone Europe », s’est félicité RTE saluant au passage « la solidarité européenne ».

En cas de dysfonctionnement de ce dispositif, le gestionnaire du réseau électrique français aurait dû prendre d’autres mesures pour éviter le black-out.

Et notamment une baisse de 5% de la tension du réseau de distribution. Cette mesure rend moins performant les appareils électriques mais est à peine perçu par les foyers. « Le consommateur ne le ressent presque pas. L’ampoule brille juste un peu moins et le téléphone se recharge un peu moins vite », confirme RTE.

commentaires

COMMENTAIRES

  • Il y a un hic dans ce cocorico : tout l’hydraulique n’était pas en service, de sorte qu’il était possible (et encore plus rapide) de retrouver de la marge en ouvrant les vannes pour retrouver quasi instantanément 1500 MW de puissance.
    Les industriels qui ont dû interrompre leur consommation l’ont fait contraints et forcés car leur contrat l’imposait. Mais quand ils sauront qu’il existait une solution plus rapide et plus simple, il vont réagir.
    Attention, quand on crie au loup sans justification, on prend des risques.

    Répondre
  • Et si au lieu de trouver des solutions pour palier les dysfonctionnements du système, on mettait de l’énergie et de la réflexion pour éviter les gaspillages, surconsommations.
    Exemple en appliquant la sobriétITé, sobriété Informatique et Télécoms, secteur en constante augmentation qui représentait en 2017 3,5% de la consommation mondiale d’énergie et essentiellement sous forme électrique, de bonnes pratiques permettent de réduire cette surconsommation.

    Répondre
  • Outre la plus grande pertinence de « l’approche européenne de l’énergie » ainsi que « l’optimisation des interconnexions », çà rappelle aussi qu’il est essentiel de réduire notre thermosensibilité record, nous sommes en effet toujours tristement numéro 1 mondial avec + 2,4 GWh de demande en plus par °C de moins en hiver et déjà près de 600 MWh par °C de plus l’été avec les surcoûts associés. C’est un héritage de la politique d’écoulement d’excédents électriques et financement du parc nucléaire avec des grilles-pain et chauffes-eau à effet Joule alors qu’à contrario seulement 6% des bâtiments sont connectés aux réseaux de chaleur (RC) et que le solaire thermique qui parmi de nombreuses sources de chaleur ou froid (y compris souvent perdues) peut s’y intégrer à plus de 50% avec stockage, représente une part encore dérisoire (coûts parfois inférieurs à 24 euros / MWh sur certains RC au Danemark, 28 à 35 euros/MWh en moyenne en Allemagne, à comparer à 40 à 110 euros/MWh en France… Un gap de plus à rattraper

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