energy observer pu naviguer partout dans monde sans energies fossiles sans rejets co2 maniere autonome - Le Monde de l'Energie

« Energy Observer a pu naviguer partout dans le monde sans énergies fossiles, sans rejets de CO2, de manière autonome »

Dans cet entretien au Monde de l’Énergie, Victorien Erussard, fondateur d’Energy Observer, revient sur ce projet de bateau propulsé grâce aux EnR, de retour le 14 juin à son port d’attache, Saint-Malo, après sept années de navigation à travers le monde.

Le Monde de l’Énergie —Pouvez-vous nous rappeler l’historique du projet Energy Observer ? 

Victorien Erussard —Le projet Energy Observer est né en 2013. Officier de marine marchande et coureur au large, conscient de l’impératif de préserver notre planète, j’ai rassemblé une équipe composée de professionnels complémentaires : marins, scientifiques, ingénieurs, dans le but de créer le premier navire au monde à naviguer grâce à un mix d’énergies renouvelables et d’hydrogène produit à bord à partir de l’eau de mer.

Mis à l’eau en 2017, ce navire-laboratoire a entrepris une expédition autour du monde d’une durée de 7 ans, ayant pour objectif de favoriser l’échange de connaissances et de solutions durables pour l’avenir de notre planète. Il a également servi de plateforme médiatique, produisant 13 films documentaires diffusés sur Canal+ et plus de 500 vidéos en ligne pour mettre en lumière les innovations locales et les solutions durables rencontrées à travers le monde de celles et ceux qui œuvrent pour un futur plus propre et plus respectueux de notre planète.

Après une incroyable odyssée à travers les océans du monde, Energy Observer, premier navire hydrogène autonome et zéro émission, pionnier de la transition énergétique, retrouvera le vendredi 14 juin, son port d’attache à Saint-Malo. Il aura parcouru plus de 65.000 milles nautiques, soit environ 3 fois le tour de la terre, explorant des solutions concrètes pour accélérer la transition énergique et témoignant de la viabilité des technologies propres, notamment dans le domaine maritime.

Le Monde de l’Énergie —Quels sont les principes techniques qui permettent la propulsion du bateau ? 

Victorien Erussard —Energy Observer est un bateau qui a pu naviguer partout dans le monde sans énergies fossiles, sans rejets de CO2, ni de particules fines nocives pour la santé et sans bruit, de manière autonome. Il consomme uniquement l’énergie produite à bord. L’objectif : préfigurer les réseaux énergétiques de demain, reproductibles à grande échelle, partout et pour tous.

Le fonctionnement de ce bateau unique en son genre se déroule selon deux configurations : en navigation et à quai (ou au mouillage).

En navigation, pendant la journée, les 202 m2 de panneaux solaires chargent les batteries de 400 V, tandis que les Oceanwings utilisent la propulsion du vent afin de permettre à Energy Observer d’économiser de l’énergie. Pendant la nuit, la pile à combustible prend le relais et charge les batteries grâce à l’hydrogène qui est stocké à bord. Les batteries permettent d’alimenter le bateau et toutes ses installations à bord (réseau électrique).

À quai ou au mouillage, les moteurs électriques, qui sont les plus gros consommateurs d’électricité, ne sont pas utilisés. Les batteries se chargent donc rapidement. Au lieu d’arrêter la production d’énergie des panneaux solaires, nous prélevons de l’eau de mer (qui est dessalinisée à bord) pour produire de l’hydrogène par électrolyse afin de le stocker sous forme gazeuse à 350 bars.

Le plus grand avantage de l’hydrogène est son important potentiel énergétique, lequel nous permet de gagner en poids. En effet, à poids égal, le stockage hydrogène contient 7,35 fois plus d’énergie que le stockage batterie. Nous parlons ici de stockage à court terme pour les 112 kWh d’énergie stockés dans les 1,4 tonnes de batteries et de stockage à long terme pour les 62 kg d’hydrogène, ce qui représente 2 MWh.

De plus en plus de bateaux font également le choix de l’hydrogène comme source de propulsion, mais Energy Observer est véritablement le premier navire à faire fonctionner ensemble toutes ces énergies. Ce mix énergétique est nécessaire pour faire fonctionner ce bateau dans toutes les conditions météorologiques, partout dans le monde.

Le Monde de l’Énergie —En quoi les retours d’expérience des heures de navigation ont-ils nourri les réflexions sur les solutions techniques de transition énergétique, notamment en matière de mobilité maritime ? 

Victorien Erussard —Naviguer dans des environnements variés et parfois extrêmes a permis de tester la robustesse et l’efficacité des technologies utilisées, telles que les panneaux solaires, les éoliennes Oceanwings, la chaîne hydrogène embarquée, notamment sa pile à combustible. Ces tests en conditions réelles ont confirmé la viabilité de ces technologies pour une utilisation à grande échelle.

Les données collectées ont également aidé à optimiser la gestion de l’énergie à bord. Par exemple, les performances des panneaux solaires ont été analysées pour maximiser leur rendement. De même, les stratégies de stockage et d’utilisation de l’hydrogène ont été affinées pour améliorer l’autonomie du navire.

L’expérience d’Energy Observer a par ailleurs montré que la combinaison de plusieurs sources d’énergie renouvelable est non seulement possible mais aussi nécessaire pour assurer une alimentation continue et fiable. Ce mix énergétique, composé de solaire, éolien et hydrogène, offre une feuille de route pour des solutions hybrides applicables notamment à travers de grands écosystèmes énergétiques.

Les retours d’expérience ont aussi démontré qu’il est possible de naviguer sans émissions de CO2 ni polluants atmosphériques pour certains types de navires. Cela a encouragé le développement de navires bas carbone et a renforcé la confiance dans l’adoption de technologies propres pour réduire l’empreinte carbone de l’industrie maritime.

Les défis rencontrés en mer, tels que les conditions météorologiques changeantes et les besoins énergétiques fluctuants, ont de plus permis de peaufiner les systèmes de gestion de l’énergie pour les rendre plus adaptables et résilients. Cela est crucial pour concevoir des réseaux énergétiques capables de s’adapter aux différentes demandes et conditions opérationnelles.

Enfin, en tant que laboratoire flottant, Energy Observer a également joué un rôle éducatif et médiatique important. Les leçons tirées de ses voyages ont été partagées à travers des documentaires, des web series, des conférences et des publications, contribuant ainsi à sensibiliser le public et les décideurs aux avantages des technologies propres et aux possibilités offertes par la transition énergétique.

En conclusion, les retours d’expérience d’Energy Observer ont été fondamentaux pour valider, optimiser et promouvoir certaines solutions techniques de transition énergétique, en particulier pour la mobilité maritime. Ces enseignements ouvrent la voie à des innovations futures et à une adoption plus large des énergies renouvelables dans le secteur maritime.

Le Monde de l’Énergie —Quelles solutions proposent la filiale industrielle d’Energy Observer, EODev ? 

Victorien Erussard —EODev développe et industrialise des solutions énergétiques durables, fiables et accessibles utilisant l’hydrogène.

EODev propose 2 produits. Le GEH2, tout d’abord, est un groupe électro-hydrogène zéro émissions, fabriqué en France. Il ouvre une nouvelle ère pour la production d’énergie en cas d’insuffisance, d’inexistence ou de défaillance du réseau électrique en remplacement des groupes électrogènes diesel et gaz.

Il ouvre à de multiples applications : sites isolés (bases de vie, refuges, îles, relais télécoms…), environnements sensibles ou confinés (tunnels, mines, espaces fermés…), zones protégées et règlementées (zones zéro émission…), chantiers (hors réseau ou centre-ville), évènementiel (concerts et manifestations temporaires ou sportives…), générateurs de secours (data centers, hôpitaux, aéroports, ports, banques…) ou zones portuaires (électrification à quai).

Le REXH2, ensuite, est une solution modulaire développée autour de la pile à combustible dernière génération de Toyota, permettant une mobilité maritime et fluviale sans émissions de CO2, sans particules fines et sans bruit. Son application sur-mesure permet d’assurer la propulsion et/ou le fonctionnement des systèmes à bord grâce à l’hydrogène.

Il trouve un champ d’application dans la plaisance maritime, la grande plaisance maritime et les usages professionnels (navettes, péniches, pêche…).

Le Monde de l’Énergie —Quels projets soutient le fonds de dotation Energy Observer Foundation ? 

Victorien Erussard —L’objectif du Fonds de Dotation Energy Observer est de fédérer les expertises pour accélérer la transition énergétique, sensibiliser au potentiel de l’hydrogène.

Fin 2020, les missions prioritaires du fonds de dotation ont été redéfinies en cohérence avec l’ADN du projet et ses objectifs à but non lucratif. Elles sont depuis lors au nombre de trois :

  • Fédérer les expertises, sensibiliser en matière de transition énergétique et participer à la lutte contre la pollution maritime ;
  • Acculturer aux technologies et systèmes hydrogène ;
  • Promouvoir les 17 Objectifs de Développement Durable de l’ONU et contribuer à modifier les comportements, en particulier à travers Energy Observer Solutions dont la web-serie “Solutions” est consacrée à celles et ceux qui veulent changer le monde. Plus de 100 épisodes ont été produits par Energy Observer Productions et financés par le fonds de dotation Energy Observer Foundation.

Le Monde de l’Énergie —Quels sont désormais les objectifs à court et moyen terme du projet ? 

Victorien Erussard —Les objectifs à court et moyen terme d’Energy Observer s’articulent autour de trois axes majeurs. Tout d’abord, devenir une source incontournable en matière d’information sur l’énergie, via la production de contenus accessibles mais rigoureux et irréfutables, innovants, destinés à un large public, la création de l’Observatoire de l’énergie, un centre dédié à l’information, à la formation, à l’innovation et à la recherche et développement (R&D) sur l’énergie, et une présence sur le web et les réseaux sociaux.

Second objectif : développer l’innovation et les projets hautes puissance avec EODev et EO Concept, qui sont essentiels pour réduire significativement l’empreinte carbone dans divers secteurs, notamment le maritime avec notre projet de navire de charge le plus bas carbone au monde Energy Observer 2 propulsé à l’hydrogène liquide. Nous souhaitons également explorer des technologies complémentaires à l’hydrogène, pour offrir une gamme plus large de solutions énergétiques propres. Cela inclut des partenariats avec des entreprises et des institutions de recherche pour accélérer l’innovation.

Notre troisième priorité est en effet d’élargir l’impact au-delà de l’hydrogène, en incluant d’autres formes de systèmes énergétiques bas carbone, et en promouvant les avantages et les applications des énergies propres dans divers secteurs, par le biais de campagnes de communication et d’événements éducatifs. Cela permettra de sensibiliser le public aux multiples solutions disponibles pour une transition énergétique réussie.

Ces axes stratégiques permettront à Energy Observer de continuer à être à la pointe de l’innovation en matière de transition énergétique, tout en jouant un rôle clé dans l’éducation et la sensibilisation à l’importance des énergies renouvelables pour un avenir durable.

commentaires

COMMENTAIRES

  • Conclusion, ils se sont surtout bien amusé.
    Pas même une évocation de ce que cela donnerait en equipant un porte container de la même façon… Un transport le Havre New-York par exemple…

    Répondre
  • Rochain serait-il maintenant opposé aux expériences concernant l’utilisation dans le futur des énergies renouvelables pour le transport maritime ?

    Répondre
    • Cochelin qui une fois de plus ne comprends meme pas le français .. alors que justement c’est bien ce qu’il faut develloper avec les ENR et de suite ..pas dans le futur: voir Energy Observer2

      Répondre
    • Non, justement Cochelin, vous n’avez pas bien lu….c’est précisément ce que je demande, avec l’expérimentation d’un transport utile. Je vous ferai remarquer que cette experimentation, gratuite à ce niveau pour montrer seulement qu’on peut se déplacer sans emettre de GES, n’a pas choisi de le faire avec l’énergie nucléaire 😉

      Répondre
  • Aurait-on oublié qu’avant de devenir un démonstrateur de « plus c’est compliqué moins c’est performant », ce multicoque était un bateau de course autour du monde qui naviguait plus de deux fois plus vite avec un mat et deux voiles qu’aujourd’hui avec des millions d’€ de subventions, des ailes de kite, des panneaux solaires, des pods électrique, des électrolyseurs, des compresseurs, des réservoirs d’hydrogène sous pression, des piles à combustibles et j’ai du en oublier…

    Répondre
    • Bien sur Guerin, mais à décharge, quand ce mustang de course à la voile se trouvait dans une zone sans vent (argument que vous mettez pourtant si souvent en avant) il était immobilisé en attendant qu’éol veuille bien se lever, alors qu’ainsi transformer en démonstrateur à aucun moment il n’a été arrété.

      Vous noterez que j’ai parler d’une zone sans vent. Mais si vous annalysez l’ensemble des cartes de météovent sur 3 ans vous noteriez que pour que la zone sans vent couvrant la totalité du territoire se solde à 23 jours (non consécutifs et espacés dans le temps, mais toujours en été) sur cette période, soit 2,1 % du temps.
      Je suis convaincu que l’ensemble des renouvelables arriveraient facilement à compenser ces mauvaises périodes de vent .

      Répondre
  • Quant à Energy explorer 2, j’ai fait le calcul: avec de l’électricité « moyenne mondiale »(à 500 g/kW.h) pour alimenter un électrolyseur(ayant 59% de rendement), le réseau de distribution électrique (93%)
    5 kW.h pour faire un m3 d’hydrogène (89 g dans lesquels il y a 2,9 kW.h d’énergie), la liquéfaction (60% de rendement), la pile à combustible (59% de rendement), les moteurs électriques (90%). rendement global: 0.93*0.59*0.60*0.59*0.90*=17,5% soit 2857 g/kW.h
    Les émissions de CO2 sont 5 fois supérieures à un diesel marin (qui avec une CSE de 160 g/kW.h et une émission de 3.2 g de CO2 par g de carburant fait 512 g/kW.h.
    où est l’intérêt?
    récolter des subventions…

    Répondre
  • Tout dépend de la source et du volume de d’électricité de recharge à quai (ou au mouillage). Votre raisonnement n’est donc pas vraiment correct. Mais en phase d’expérimentation, il est certain que cela coûte cher. C’est un pari pour l’avenir.

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