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Energie : le réveil de l’Allemagne

Peter Altmeier vient de jeter un pavé dans la mare, ce Ministre de l’Economie et de l’Energie du Gouvernement Merkel s’interroge sur la transition énergétique de son pays, enfin une bonne nouvelle pour ceux que préoccupent les effets des politiques suivies en Europe… et en France dans le domaine de l’énergie.

Rassembler dans un même portefeuille l’économie et l’énergie aurait mérité d’être médité de ce coté ci du Rhin, car nos économies sont effectivement dépendantes de nos politiques énergétiques.

Comme Ministre de l’Environnement, de la Protection de la Nature et de la Sureté Nucléaire en 2012/2013, Peter Altmaier a été l’artisan du retrait progressif de l’Allemagne de la production d’électricité nucléaire dans son pays qui est passé depuis de 22% à 12%.

C’est ainsi celui qui a déréglé de façon durable la convergence des politiques énergétiques européennes, les deux pays locomotives de l’Europe, Allemagne et France , interconnectés, devenant ainsi d’un coté anti-nucléaire et de l’autre nucléarisé à 75%.

C’est depuis cette date que le grand bazar s’est installé durablement en Europe avec des postures « énergies renouvelables « et des réalités charbon-lignite outre Rhin et cocktail à majorité nucléaire de l’autre.

Le « marché » très illusoire de l’électricité a fini par donner le tournis à tous les professionnels qui n’arrivent plus à expliquer aux consommateurs l’évolution de leurs factures mensuelles.

Notre pays, comme d’habitude, poursuit son déni de réalité, voulant résorber la dépendance au nucléaire en faisant la promotion d’énergies renouvelables intermittentes…qui ne règlent pas le problème de la demande.

Mais l’idéologie a encore bonne presse et l’on peut continuer à faire rêver les Français qui sauvent la planète tous les jours en « verdissant » leur comportement quotidien …en prenant l’avion ou la voiture pour aller en vacances… quand même !

Augmentation des émissions carbone

Je sais combien mon propos est insupportable pour beaucoup mais le point de départ du désengagement allemand du nucléaire a été que pour les « verts » de ce pays il était préférable de l’éradiquer en priorité au profit, pour un certain temps, du charbon et du lignite.

Le choix était clair, écrit, diffusé, et on a donc mis en service des centrales charbon-lignite tout en investissant lourdement dans les éoliennes, en particulier en mer. Le résultat a été un maintien ou une augmentation (n’argumentons pas là-dessus, c’est dérisoire) des émissions carbone et une augmentation notable des pollutions dont nous subissons en France les effets par vent d’Est, et donc à Paris par beau temps selon les saisons.

Nous sommes sept années après et le charbon reste la première source d’électricité en Allemagne, les mines vont fermer, mais le charbon, au tiers du prix allemand, vient d’ailleurs, en particulier d’Australie !

L’éolien et le solaire ne pourront pas remplacer les centrales lignite-charbon et nucléaires dans un délai court, l’Allemagne est dans l’impasse énergétique, impasse électrique, et si la France poursuivait sa politique d’abandon du nucléaire c’est toute l’Europe qui pourrait se trouver en panne.

Le Ministre Peter Altmaier demande donc, dans un premier temps, de ne pas fermer trop vite les centrales à charbon-lignite polluantes, il en va du salut de son pays !

Lors de l’hiver dernier ce sont nos centrales charbon et celles de l’Allemagne qui nous ont permis de passer nos pics de consommation, cette position du Ministre allemand nous concerne donc directement.

Revenir aux réalités

Je sais que nous avons d’autres préoccupations quotidiennes dont l’été nous a abreuvé au point que la plupart de mes amis ne voulaient plus ouvrir un journal ou regarder la télévision, mais il va bien falloir, comme notre ami allemand, revenir aux réalités, nos consommateurs individuels et collectifs, les jours qui raccourcissent, la température qui baisse, et l’outil industriel qui doit fonctionner, sans parler des bureaux !

Nos avions, nos bateaux et nos voitures n’ont pas changé de carburants, et ils nous sont toujours utiles malgré les vélos et les trottinettes électriques des bobos parisiens, on a encore besoin de tracteurs, de bitume, de plastiques…enfin la vie continue et nous ne sommes pas encore partis sur une autre planète !

Si le Ministre allemand prend en compte les réalités, il faut que nous fassions de même et que nous en discutions ensemble. Nous sommes interconnectés et notre avenir est commun, le drame du divorce énergétique de 2011 ne va pas être corrigé en quelques jours, mais si nous voulons sauver l’Europe nous devons remettre sur le tapis le grand écart décidé tout seuls par les Allemands en 2011.

Nos économies ne peuvent pas être liées à ce point et demeurer aussi contradictoires sur ce point essentiel. Les énergies renouvelables sans le nucléaire, c’est le charbon et ensuite le gaz, ce n’est pas une disposition politique, c’est technique, il faut pouvoir piloter la production d’énergie électrique et l’Allemagne a atteint, elle le sait, les limites de l’intermittence.

Les énergies renouvelables avec uniquement le nucléaire c’est un cout prohibitif pour les deux secteurs, c’est une économie bancale et illusoire, il faut, outre l’hydraulique, rajouter du charbon ou du gaz.

Avancer main dans la main

C’est une réalité technique, une fois de plus, et rien d’autre, sauf à admettre l’intermittence de la consommation comme dans certains pays en développement ou un  cout insupportable du stockage supporté par le consommateur.

Mais aucun pays ne doit évoluer tout seul, nous sommes dépendants l’un de l’autre, certains peuvent le regretter, mais le couple franco-allemand existe en matière énergétique, et c’est ensemble que nous allons pouvoir avancer.

Pour cela il faut que les populations soient conscientes de notre interdépendance et qu’elles soient préparées à sortir des rêves .

C’est le rôle des femmes et des hommes politiques à la fois de faire rêver et de rappeler les réalités.

Dans ce domaine énergétique essentiel pour notre avenir commun, qu’ils fassent leur travail, Peter Altmaier a commencé le sien , à nous de l’accompagner dans ce travail de vérité des consommations, des productions et des couts, il ne faut plus se tromper, et il est encore temps !

commentaires

COMMENTAIRES

  • Voici les vrais chiffres de l’évolution du système électrique allemand (voir WNISR2018, http://www.WorldNuclearReport.org).
    The main developments of the German power system between 2010—the last year prior to the post-3/11 shutdown of the eight oldest nuclear power plants—and 2017. The remarkable increase of renewable electricity generation (+113 TWh) and the reduction in domestic consumption (–16 TWh) were far more than sufficient to compensate for the reduction of nuclear generation (–64.3 TWh), enabling also a reduction in power generation from fossil fuels (–28.4 TWh) and a threefold increase in net exports. Within the fossil fuel segment, natural gas is lower than in 2010, but has increased constantly since 2014 (+24.4 TWh), compensating the constant, significant decline of power generated from hard coal from 117 TWh in 2010 to 92.6 TWh in 2017 (–24.4 TWh or –21 percent). The black spot in the balance remains the fact that, while lignite use—the most polluting way to generate power—has continuously declined over the past five years, remains slightly above the 2010
    level. This might change. In the first half of 2018, renewables’ generation outpaced, for the first time, hard coal and lignite generation combined with an estimated 118 TWh versus 114 TWh respectively.
    Greenhouse gas emissions from the power sector dropped again by 4.4 percent in 2017, while carbon intensity decreased from 527 gCO2/kWh to 500 gCO2/kWh
    In 2016, Germany’s net power exports hit a then-record at 53.7 TWh, and as the French electricity trade surplus plunged from 61.7 TWh in 2015 to 39.1 TWh in 2016 (‑37 percent), for the first time, Germany became the biggest net exporter in Europe. It is intriguing to see that 2016 apparently was not an exceptional year, as Germany continued to increase its trade surplus to about 55 TWh,136 while France’s net exports shrank again to 38 TWh (little more than the mere increase of German net power exports between 2010 and 2018).

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    • Mycle Schneider comme chacun de nous ne dit sans doute pas tout: une des caractéristiques du système allemand est l’importance des flux financiers subventionnant les énergies renouvelables et déprimant le prix payé par les utilisateurs industriels et la valeur de l’électricité exportée. Certes ceci aboutit à une dépense fiscale importante pour les ménages, ce qui crée la tension que met en avant P. Altmaier. Quant à dire que tout ceci est justifié par les mécanismes de la saine concurrence et la nécessité d’accélérer la réduction des rejets de carbone, bof bof…. Ne pas oublier non plus que les conventions utilisant l’année 1990 comme référence (Rio 1992) donnent une situation de départ particulière pour l’Allemagne (RFA+DDR, « air chaud »…)

      Répondre
  • La prise de conscience de l’urgence climatique a été progressive dans les différents continents,
    jusqu’en particulier à l’Accord de Paris. Mais en Europe beaucoup des concepts utilisés datent
    des années 2005 , période où nous avons cru que nous pourrions sans trancher les contradictions
    obtenir tout à la fois la réduction des importations d’hydrocarbures, la limitation des
    consommations d’énergie primaire, la préservation de la compétitivité économique et la
    réduction des rejets de gaz à effet de serre… Sympathiques convergences à la base du « paquet
    énergie climat 3X20 en 2020 » préparé juste avant les révolutions énergétiques de 2007-2011 et
    avant les crises des subprimes et des dettes souveraines… Nous sommes d’ailleurs en train de
    prolonger jusque 2030 cet ensemble touffu de règles, burden sharings, conventions, objectifs
    sectoriels, coefficients d’équivalence, … Et on sait bien la difficulté de corriger les trajectoires
    sans avoir pu au préalable expliquer loyalement à l’opinion les déterminants qui ont changé,
    comme le ministre fédéral Peter Altmaier vient d’en faire l’expérience lors d’une réunion
    « énergie » à Luxembourg le 11 juin 2018…

    Répondre
  • Les « vrais chiffres de l’évolution du système électrique allemand » fournis par Mycle Schneider, avec pour référence le site World Nuclear Industry Status Report dont il est l’un des 2 principaux contributeurs, valident tout à fait ce qui est dit dans cet article sur l’évolution du système énergétique allemand.

    Le fait qu’au premier semestre 2018 la production éolienne et solaire aurait (les données sont préliminaires), pour la première fois, dépassé celle des seules centrales au charbon (houille et lignite) ne signifie pas que ce sera le cas sur l’année 2018 (ce sera fonction du régime des vents et de la couverture nuageuse). Surtout cela vient confirmer que jusqu’à ce jour « le charbon reste la première source d’électricité en Allemagne », comme il est indiqué dans l’article.

    Pour ce qui est de la « baisse » des émissions de CO2 constatée en 2017 pour le secteur de l’énergie allemand (319 contre 332 millions de tonnes en 2016, soit -0,4%, données non définitives) elle reste tout à fait symbolique, tout comme pour l’année précédente (332 contre 337 millions de tonnes en 2015, soit -0,15%), et il serait sans doute plus juste de parler d’une relative stabilité, surtout compte tenu des variations du climat d’une années sur l’autre.

    Quant à comparer les exportations allemandes et françaises d’électricité en TWh plutôt qu’en valeur, c’est pour le moins trompeur. Lors des pointes de production de son parc d’énergies intermittentes, l’Allemagne n’a pas d’autre choix que de brader son électricité (parfois à prix négatif) à ses voisins. A contrario, la France utilise les surplus de ses moyens de production pilotables à bon escient. La comparaison en TWh est donc moins indicative de la valeur générée par les deux pays, que du danger des variations extrêmes de la production allemande, également soulignés dans cet article.

    Répondre
  • La seule différence et elle est de taille, c’est que les émissions de cO2 on peut les faire baisser et les Allemands si attelle. De plus, ils sont bien plus en avance que nous pour toutes les énergies non polluantes alors que nous, nous sommes bon dernier.
    Mais le pire, c’est que nous avons aucun moyen sur, fiable pour traiter les déchets nucléaires et comme je le dis souvent, aucun des défendeurs du nucléaire ne veut d’un stockage à proximité de chez lui.
    Pire, nous ne savons toujours pas comment démanteler de façon sur et efficace nos centrales nucléaires et surtout nous n’avons aucun chiffres sérieux de ce démantèlement.
    Autre point important, EDF et l’état, n’ont pas profité des années « nucléaire » pour lancer un vaste programme de recherche sur le stockage de l’énergie électrique et donc, encore une fois, nous serons à la remorque des autres pays, mais pire EDF et l’état se sont lancés dans le fiasco de l’EPR toujours avec un financement sans fin et un retard abyssal.
    Alors, le CO2 si on veut si atteler on sait le traiter de différentes façon, par contre, les déchets et nos centrales nucléaires, on ne sait pas les traiter et les démanteler et personne ne peut dire objectivement le contraire.
    Merci de me poster, cela inversera quelque peu la tendance…..

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