Électricité: des économistes préconisent de mettre fin au bouclier tarifaire pour les plus aisés

Il faut mettre fin au bouclier tarifaire sur les prix de l’électricité pour les ménages les plus aisés afin de réduire son coût tout en encourageant la sobriété énergétique, estiment trois économistes dans une note publiée mardi le Conseil d’analyse économique (CAE).

« Etant donné son poids pour les finances publiques, un retour au tarif réglementé (de l’électricité, NDLR) devrait être envisagé, avec une sortie du bouclier plus rapide pour les ménages les plus aisés, tandis que les plus modestes continueraient de bénéficier d’un accompagnement », préconisent Xavier Jaravel, Isabelle Méjean et Xavier Ragot.

Les 20% de ménages les plus aisés pourraient ainsi être exclus du bouclier tarifaire, une mesure qui permettrait « de faire des économies budgétaires de 5 à 6 milliards d’euros », selon Xavier Ragot.

Une autre option consisterait à distribuer un chèque énergie aux ménages les plus modestes.

« Les deux approches permettraient d’inciter à une réduction de la consommation d’électricité » et de réaliser « des économies budgétaires substantielles », affirment les chercheurs. Pour Xavier Ragot, le bouclier tarifaire a atteint ses objectifs économiques en soutenant l’activité, en préservant le pouvoir d’achat des ménages et en réduisant fortement le prix de l’électricité.

D’après des estimations de la Commission de régulation de l’énergie, les prix de l’électricité auraient bondi de 35% en 2022 et de 100% en 2023 sans ce dispositif protecteur.

Revers de la médaille, en soutenant la demande d’énergie partiellement importée de l’étranger, le bouclier a contribué à creuser le déficit commercial de la France. Autre inconvénient, il a fait grimper de 2,5% les émissions directes de CO2 des ménages par rapport à un monde sans bouclier, calculent les auteurs.

Le bouclier tarifaire limitant les prix de l’électricité pour les particuliers sera maintenu jusqu’à début 2025, avait annoncé en avril le ministre de l’Economie Bruno Le Maire.

Le gouvernement a évalué, à la fin de l’an dernier, à 110 milliards d’euros entre 2021 et 2023 le coût du bouclier énergétique pour les ménages, les collectivités et les entreprises.

Pour les crises énergétiques à venir, les économistes préconisent un dispositif semblable à celui mis en place en Allemagne, basé sur la consommation passée des ménages, par exemple la prise en charge de « 40% de la facture de l’année précédente ».

Le tout avec un plafonnement des montants versés, pour s’assurer que le système « ne finance pas avec de l’argent public les plus gros consommateurs que l’on sait être les ménages les plus riches ».

Les chercheurs reconnaissent que la mise en oeuvre d’un subventionnement sur la base de la consommation passée exigerait « une refonte de l’appareil statistique ». A l’avenir, plaident-ils, elle permettrait « la mise en place de politiques publiques de soutien mieux ciblées » et une meilleure évaluation a posteriori de leur efficacité.

commentaires

COMMENTAIRES

  • Ils auraient du ajouter à tous les partisans affirmés de l’ENRisme le plus intégriste… (Avec ENERCOOP qui bouffe de l’ARENH, on en aura vu de toutes les couleurs depuis début 2022 !!! même de l’hypocrisie intéressée uniquement pas l’argent pour une soi-disant coopérative citoyenne… LOL Jaune !)

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    • @APO
      @ Stoclin
      la question du jour, ce n’est pas les ENR, ni l’exploitation des mines, mais « faut-il conserver un blocage tarifaire pour tout le monde »

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      • @Airsol,

        Clairement ma réponse est non, le blocage tarifaire doit être ciblé à certaines catégories. On n’a plus d’argent à jeter par les fenêtres. De plus, les plus riches ont soit directement soit indirectement profité des ENR dans leur majorité (car ils ont la capacité d’investir…)

        A votre question : sur les mines, ne généralisez pas (pour cette fois), mais sur l’origine de ces prix aberrants l’an dernier, clairement le « Marché Libre ET Faussé » en est largement responsable et les ENR, dans leur format de développement actuel ont besoin de ce Marché… On peut se priver et/ou se limiter de certains aliments lors de hausses des prix ponctuelles (cerises trop chères par exemple), mais on ne peut pas/plus vivre décemment sans électricité (ce n’est pas un bien de consommation mais une Nécessité… donc les règles de marché appliquées peuvent être bien néfastes…).

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  • Voila bien une mesure d’économistes spécialisés dans « Comment faire du fric ? »
    On pourrait aussi suggérer que la baguette de pain ne coute pas le même prix selon l’état de fortune de celui qui va la manger

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    • @ »Père vert » Serge,

      Vu la dette de la France et sa balance commerciale très déficitaire, il faut trouver de l’argent (qu’on a trouvé pour les ENRi il y a quelques années d’ailleurs, et cela a contribué à alourdir la Dette française… mais certains ENRistocrates ont préféré quitté le Navire pour ne pas participer au remboursement de la dette et au partage des revenus… Leur logique : les pertes sont à mutualiser, les gains à privatiser… – Le « Père Vert » Serge doit être un farouche défenseur de cette devise…).

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      • Et il faudrait ajouter au tableau, que vu les prix de Marché actuels (surtout aux heures de Plein soleil et encore plus quand PV et éolien produisent) les promesses de la CRE de 31 Milliards d’Euros de « re-versement » d’excédents des ENRi risquent fort de tomber bien plus Bas !!! Les économistes de la CRE auront probablement pêché d’optimisme naïf et sévèrement raté la cible !!! Qui va porter le bouclier pour cette annonce CREuse !??? (pas la CRE en tout cas… mais probablement EDF pour une partie et encore 1 fois, on va charger le « bien commun »… mais pas l’ENRistocratie… Faut pas « déconner » dans notre République des Privilèges et des Privilégiés …)

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  • Avant de faire des propositions, ces économistes auraient dû se renseigner sur le fonctionnement du marché et sur son état aujourd’hui:
    – Ils auraient pu constater qu’il n’y a pas besoin de revenir au tarif régulé pour l’électricité puisqu’il existe toujours,
    – Vu la baisse des prix constaté ces derniers temps, le bouclier tarifaire est naturellement inutile à condition de revoir à la baisse ce tarif qui est censé être partiellement indexé sur les prix de marché. En faisant leur proposition, ces économistes incitent le gouvernement à ne pas le faire.
    – Ces derniers temps, contrairement à ce que dit cet article, décidément fort mal informé ou malhonnête, la France n’a pas importé de l’électricité, au contraire car les parc nucléaire est plutôt excédentaire et permet de faire baisser les prix dans les autres pays européens lorsqu’il n’y a pas de vent alors que, lorsqu’il y a du vent, les prix sont également au plus bas, voire négatifs parce que les ENRI saturent le marché.

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  • Bravo ! Quelle imagination ! Staline n’est toujours pas mort, il faut prendre aux « riches » (évaluation du niveau de richesse bien entendu non précisée)…

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    • Et Eisenhower (contemporain s’il en est de Staline et pas franchement aligné sur le « moustachu » sanguinaire !) est mort et enterré tout en ayant laissé « faire » un impot à plus de 70% sur les tranches de revenus les plus élevés aux USA… https://fr.wikipedia.org/wiki/Imp%C3%B4t_f%C3%A9d%C3%A9ral_sur_le_revenu_aux_%C3%89tats-Unis
      Comme quoi les impots sur les hauts revenus, c’est toujours relatif… Mais c’est vrai que la fiscalité çà « pique » (dans tous les sens du terme) !!! Et qu’un état stable cela coute cher aussi et si en plus on ajoute des dépenses inutiles et/ou inappropriées (genre ENRi à toutes les sauces et sans discernement, qu’il faut pour une bonne part soutenir à coups de subventions massives et d’autres « danseuses », on crée de sacrées dépenses pour les plus riches…). Mais sans « état », il y a en général beaucoup moins de riches… et de création de richesses…

      @Brun,
      Je serais étonné de savoir la proportion des plus riches (en prenant les 10% des revenus et patrimoines les + élevés) qui ont dans leur patrimoine des parts d’ENRi subventionnées (directement et/ou indirectement), cela doit être proche des 70% (mais avec des Facteurs de charge divers évidemment, et en passant il y a pas mal d’ENRitocrates qui ont fait fortune ces 20 dernières années… grace à de l’argent ET des garanties publiques…) !

      Et pour Rappel, les 1% les plus riches de cette planète émettent 16% des GES au global, soit autant que les 50% les plus pauvres de cette planète… Est-ce logique !? Cela est relatif au point de vue…

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  • Bonjour,
    Pour aller un peu plus loin et penser que tout est plus global.
    – Les trois économistes du CAE auraient dû prendre conseil chez les autres économistes qui conseillent de passer à la pompe à chaleur et à la voiture électrique. Et au tout électrique ?
    – Les trois économistes du CAE préconisent de faire comme l’Allemagne en référence aux consommations passées. Très bien : l’Allemagne est toujours un très bon exemple à suivre, elle garde des capacités de productions pilotables pour couvrir tous ses besoins au cas où ? Au cas où ses énormes investissements en ENRi (environ 600 Mds d’€) ne produisent rien (pas de soleil et si peu de vent). Ne pas chercher beaucoup plus loin pourquoi il y a un doublement du prix de l’électricité.
    – Les trois économistes du CAE confondraient probablement une production moyenne et une production instantanée en matière d’électricité.
    – Les trois économistes du CAE n’ont pas dû prendre en compte la pollution engendrée par la filière des mines de toutes sortes nécessaires pour la réalisation des installations des ENRi. Il y a de fortes chances que les économies de pollutions évitées pas les ENRi ne compensent pas les pollutions de l’extraction minière.
    – Les trois économistes du CAE ne doivent pas avoir une bonne vision globale du futur. Ils devraient s’intéresser à la page 122 de la BD « Le monde sans fin ». BD qu’ils n’ont pas dû lire ou pire pas comprise.

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  • La Libéralisation du « Marché » de l’électricité était annoncé par certains comme « une électricité plus chère dans un système de moins en moins bien » –> on y galope !!!

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